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MODERN LOVE (Critique Saison 1) L’anthologie idéale pour un week-end passé sous le plaid…

modern love affiche cliff and co

SYNOPSIS: L’exploration de l’amour sous ses formes multiples, y compris sexuelles, romantiques, familiales, platoniques… Basé sur les articles de la rubrique « Modern Love » du New York Times. 

Beaucoup de journaux ont pour coutume d’avoir une rubrique « amour » dans leurs colonnes. La plupart du temps, ce sont des lecteurs qui viennent raconter en quelques paragraphes une histoire singulière qui leur est arrivé, ou qui leur arrive. Dans le New York Times, cette rubrique s’intitule Modern Love, et elle est devenue tellement populaire que le journal en a fait un livre compilant les récits les plus marquants depuis sa création. Si Netflix n’ose pas encore réellement se lancer dans le format anthologique, Amazon, de son côté, a déjà pris le pli. Certes, The Romanoffs de Matthew Weiner sorti l’an dernier n’a pas été un carton, mais elle confirmait l’ambition du service de se pencher sur des histoires davantage individuelles, pas forcément liées entre elles. Modern Love s’impose alors comme une idée évidente : des épisodes de 30 minutes, dans un format anthologique et un décor au final unique – New-York, tout simplement. A la barre de l’entreprise, c’est le sympathique John Carney, qui sublimait déjà la Grosse Pomme dans New-York Melody, qui est à la barre, et s’est octroyé le luxe d’en écrire et réaliser les 3 premiers épisodes. Mais alors, que valent ces huit histoires d’amour modernes ?

Dès son générique composé de photos de couples, Modern Love donne le ton : il n’existe pas qu’une seule histoire d’amour, mais autant qu’il existe d’individus. Peu importe l’âge, le genre, la couleur de peau, l’orientation sexuelle des gens sur les photos, leur point commun est qu’ils sont tous tombés amoureux dans leur vie. Il est alors curieux que la série commence par un épisode faisant davantage la part belle à… l’amitié, entre une jeune femme malheureuse en amour et son concierge sévère en apparence, mais bienveillant. Ce pilote est peut-être la seule exception de la série, au fond, car ce n’est pas une histoire de couple mais d’amitié qui est racontée. La partition jouée par Cristin Milliotti est attachante, et l’épisode est charmant, mais c’est un pilote qui, au regard de la suite de la saison, ne semble pas être un bon choix pour présenter un tel format.

Dès l’épisode 2, cela dit, on entre dans le vif du sujet. Le duo Catherine Keener/Dev Patel se raconte avec mélancolie leurs histoires d’amour passées, et l’importance de les vivre sans regrets. On comprend déjà mieux la présence de John Carney sur le projet : ces scénarios sont du pain béni pour lui ! Jouant à fond la carte new-yorkaise, il balade nos héros de parc en parc, accompagné d’une bande-son oscillant entre jazz et pop. Le segment sur Catherine Keener qui revoit son amour de jeunesse arrache quelques larmes, montrant que Carney n’a rien perdu de son sens du romanesque. Et le bougre remet le couvert lors d’un épisode 3 qui est définitivement le meilleur de la saison. Il s’appuie sur Anne Hathaway pour nous conter l’histoire douloureuse de Lexi, une jeune femme bipolaire et dont les conséquences sur sa vie sentimentale et professionnelle sont difficiles. Carney retrouve le sens du musical qu’on lui connaissait sur Once et New-York Melody, bien accompagné par Hathaway qui fait chauffer ses cordes vocales pour un résultat du plus bel effet.

Mais il faut bien admettre que sans Carney aux commandes, la suite ronronne plus. Le pire épisode de la saison, d’ailleurs, est le 4, où comment un couple en thérapie joué par John Slattery et Tina Fey se délite jusqu’au point de non-retour. On voit où la série veut en venir mais se loupe complètement, pas aidé par une mise en scène apathique. Passé ce vilain faux pas, la série se suit sans déplaisir, avec quelques sommets, notamment le seul couple homosexuel de la saison en pleine tentative d’avoir un bébé. Ou encore ce rendez-vous amoureux qui se termine aux urgences pour Sofia Boutella, belle surprise dans un registre dramatique loin de l’action et de la danse, en compagnie de John Gallagher Jr. Mais rien qui n’ait la force des trois premiers épisodes réalisés par Carney. Il est clairement la plus-value de la série et celui qui lui permet de s’élever. Peut-être aussi celui qui est le plus conscient des effets romantiques mais également dramatiques qu’il peut produire. Osons aussi ajouter un autre bémol : le manque de diversité des catégories socio-professionnelles des protagonistes. Ils sont tous riches, ou du moins, suffisamment aisés pour être bien habillés et vivre dans de beaux appartements. Ils ont tous des métiers confortables, la plupart impliquant qu’ils soient populaires, sur les réseaux sociaux, sur des couvertures de magazines ou tout simplement reconnus dans les restaurants. Cela a pour effet de ressentir peut-être un peu moins d’empathie pour eux, au bout du compte.

Passé ce menu défaut et son générique peut-être un peu trop sucré, Modern Love s’affirme comme l’anthologie idéale pour un week-end passé sous le plaid avec un chocolat chaud à portée de main. Les histoires sont dans l’ensemble attachantes, le casting est sans fausse note, et ces balades dans un New-York intemporel font du bien au cœur comme à l’âme. On vous recommande également, si le cœur vous en dit, de lire sur le site du New-York Times les histoires adaptées par la série. Vous y verrez les choix d’adaptation qui ont été faits. Certains sont discutables, d’autres au contraire sont judicieux. En tous les cas, une belle preuve de plus que l’amour, c’est compliqué, certes, mais c’est cool aussi.

Crédits: Amazon Prime Video France

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