SYNOPSIS: Sarah et Cédric, 18 ans, amis d’enfance, sont retrouvés à l’aube entre la vie et la mort à côté d’une voiture accidentée. Plusieurs indices laissent entendre qu’il ne s’agit pas d’un banal accident : la voiture a été volée, le corps de Sarah a été déplacé, et la personne qui a prévenu les secours s’est volatilisée. Lorsque l’enquêtrice chargée de l’affaire découvre que sa propre fille était avec Cédric et Sarah quelques heures avant l’accident et cache une partie de la vérité, elle se jure de faire toute la lumière sur cette nuit-là. Sa quête de vérité va mettre en lumière sur les responsabilités de chacun, et entraîner les parents dans le monde trouble et secret de l’adolescence.
Après Le jour où j’ai brûlé mon cœur qui traitait du harcèlement scolaire et de ses conséquences dramatiques, après Les Bracelets rouges et sa plongée dans le quotidien de jeunes patients atteints de maladies graves et avant prochainement Le premier Oublié et l’évocation de la maladie d’Alzheimer, TF1 poursuit sa politique de fiction qui prend racine dans des drames terribles facilitant l’empathie et l’identification des téléspectateurs avec Pour Sarah, une mini-série en 6 épisodes. Pourtant si Pour Sarah évoque un drame consécutif à un accident de la route, elle revêt de multiples facettes qui lui confèrent un potentiel plus large, lui permettant de s’ouvrir comme un éventail et de se retrouver au confluent de plusieurs genres qu’elle embrasse souvent avec réussite. Car si l’accident de voiture est l’élément déclencheur, la mini-série joue avec virtuosité d’éléments de thriller, de teen show et de saga familiale et sans révolutionner le genre (ce qu’elle n’affiche pas pour ambition) elle arbore une modestie qui lui sied parfaitement.
Adaptée d’un format québécois qui en 2015 racontait librement l’histoire vraie de Justine Rozon portée à l’écran par son père, le producteur François Rozon, Pour Sarah est l’œuvre d’un trio de scénaristes (Thomas Boullé, Aurélia Morali et Pauline Rocafull) qui parviennent parfaitement à saisir les nuances nécessaires à l’équilibre d’une série, qui malgré le risque qui la guette, ne sombre jamais dans le pathos. Dialogues de qualité, rythme impeccable déroulant ses coups de théâtre à intervalles réguliers, usage récurrent mais fluide de flashbacks pour conférer de la densité, raviver de l’émotion ou faire grimper la tension, Pour Sarah séduit par sa façon d’agréger des thématiques sociétales (la responsabilité des adolescents, la combativité nécessaire à la reconstruction suite à un drame, les agressions sexuelles, la prédominance des réseaux sociaux…) à des valeurs comme l’amitié ou l’amour. La mini-série est aussi efficace pour nous émouvoir que pour nous maintenir aux aguets, utilisant à la perfection une science consommée du rebondissement, toujours justifiée par le récit et jamais gratuite. Impeccablement mise en images par Frédéric Berthe (Les Innocents) qui profite également de la beauté des paysages à sa disposition, Pour Sarah fait se répondre la forme et le fond dans un ensemble toujours addictif et jamais putassier.
Constellée d’atouts, la série peut se prévaloir d’un casting de haut vol qui est évidemment pour beaucoup dans sa réussite globale. Les parents interprétés respectivement par François-Xavier Demaison et Audrey Dana (tous deux réellement très émouvants) et Thomas Jouannet et Caroline Anglade (l’un et l’autre extrêmement justes), emmènent Pour Sarah sur quelques sommets d’émotion. Aure Atika en gendarme toujours sur la brèche doublée d’une mère inquiète ne démérite pas elle non plus. Mais les jeunes interprètes sont eux aussi sur des partitions qu’ils maitrisent avec talent et maturité, Eden Ducourant et Clément Rémiens (la jeune vedette de Demain Nous Appartient) en tête, sans que jamais on ne mette en question leur sincérité et leur investissement et on n’a sans doute pas fini de les revoir. Juliette Petiot, Victor Leblond ou Charlotte Lévy complètent une distribution franchement homogène. On pourrait pinailler, chercher la petite bête, dire qu’on a déjà vu ici où là certaines choses et que la fiction de TF1 reste dans sa zone de confort sans chercher à réellement s’élever ou à se sophistiquer, mais ce serait aller à contresens de ce que l’on pense. Pour Sarah est une belle réussite à même de fédérer un large public et être populaire par les temps qui courent, c’est une qualité qui a de la valeur.
Crédits : Hamak, Effervescence fiction et Vema Production en coproduction avec TF1