Cher Quentin Tarantino,
Alors que sort sur les écrans votre nouveau film Once Upon a time in Hollywood j’en profite pour enfin prendre la plume et vous dire à quel point votre cinéma a contribué à renforcer ma cinéphilie et à donner aux mots jubilation et impatience une nouvelle définition. Dès ma découverte de Pulp Fiction pour être précis, cet uppercut qui fut la révélation que j’aimerais votre manière de faire des films aussi longtemps que vous vous y adonneriez. Il y a des films qui, lorsqu’on les voit pour la première fois, vous laissent KO debout. Vous savez que vous les avez adorés, que vous jubilez d’avance de les revoir, de les découvrir sous d’autres angles, d’y puiser de nouvelles choses à chaque visionnage, des films dont les répliques vont petit à petit vous accompagner dans votre vie quotidienne, des films dont la musique rythme vos souvenirs et décuple votre plaisir, des films qui font que chaque minute palpite dans vos poitrines l’évidence d’un amour fou, inconditionnel, des films qui vous marquent au fer rouge et vous suivent dans votre parcours de vie… J’ai vécu ça quelques fois dans mon existence et Pulp Fiction fait partie de ces coups de foudre qui ne sont pas anodins, vous le savez mieux que quiconque vous qui êtes amoureux du cinéma plus que n’importe qui au monde. Cet amour fou vous le faites passer avec une maestria qui possède peu d’équivalent dans ce milieu, vous êtes sans doute l’un des plus grands passeurs de cet art souverain qu’est le cinéma.
Depuis Pulp Fiction, je vous ai suivi donc comme un véritable fanboy, chacun de vos films devenant un évènement au-delà même de l’évènement culturel qu’il est de facto. Je veux dire un évènement personnel, intime, qui raisonne avec une force tellurique qui dépasse l’entendement…. Je ne vous mentirais pas, vous n’êtes pas le seul à me faire vibrer de cette manière, mais vous et vos confrères qui parvenez à ce prodige, m’avez apporté tant de bonheur que vous avez forcément une place à part dans mon panthéon personnel. Après Pulp Fiction, j’ai donc poursuivi mon histoire passionnelle avec votre filmographie, j’ai fait un retour en arrière et j’ai fait connaissance, ébahi, avec vos Mr Blonde, Mr Pink et compagnie, votre Reservoir Dogs absolument fascinant, j’ai ensuite plongé dans les yeux de Jackie Brown (j’avoue avoir été décontenancé au premier abord avant de tomber sous le charme de votre hommage grandiose à la blaxpoitation) et puis j’ai vu Kill Bill : Volume 1. Là ce fut un direct suivi d’une volée de coups incroyables, j’ai vibré aux assauts vengeurs de Beatrix Kiddo, j’ai été subjugué par votre virtuosité dans la mise en scène et ma passion pour votre travail s’en est trouvée renforcée. J’ai vécu l’une de mes plus grandes frustrations de cinéphile à devoir attendre six mois pour découvrir le Volume 2 de votre diptyque-hommage aux films de la Shaw Brothers et l’épilogue m’a asséné une claque démentielle. Vous étiez alors au zénith, vous marchiez sur l’eau, votre carrière était exemplaire, à mes yeux vous étiez un super-héros et je regardais chacun de vos films les yeux brillants, éberlué par tant de maîtrise narrative et formelle. Boulevard de la mort et Inglourious Basterds, vos deux films suivants m’ont un peu moins fait vibrer dans leur globalité, même si ils recelaient des pépites en leurs seins qui mettaient à l’amende la quasi totalité de vos confrères. Puis vos deux westerns, Django Unchained et Les 8 salopards m’ont fait grimper aux rideaux, la jubilation ressentie à leur découverte m’ayant confirmée ce que je savais déjà: Vous êtes un Maître absolu et votre amour du cinéma transpire de chaque seconde de vos films et c’est ce mélange absolument jouissif qui me sidère et m’éblouit à chaque fois.
Et puis j’ai vu enfin Once Upon a Time in Hollywood votre dernier film en date. Je savais que j’allais l’aimer avant même de le voir, ça me semblait tellement être une évidence que c’était un film fait pour moi. Votre lettre d’amour au cinéma comme bon nombre de critiques se sont ingéniées à l’écrire était forcément un geste qui allait me parler. Ce film m’a subjugué de bout en bout, tant l’interprétation de vos comédiens époustouflants (Leonardo Di Caprio, Brad Pitt, Margot Robbie, Al Pacino rien que ça, excusez du peu) que la magnificence de la reconstitution, la beauté de la photographie, la précision du découpage, la science du montage, la justesse du cadrage, le foisonnement des références et cette façon à nulle autre pareille que vous avez de rendre beau, drôle, ironique, cynique, passionnante une scène aussi banale soit-elle. Je pourrais poursuivre, quitte à vous gêner, ma litanie de compliments, vous dire encore à quel point votre enthousiasme si communicatif me fait vibrer et combien je suis fasciné par la manière dont vous embrassez vos sujets. Ce film était casse gueule et vous en sortez grandi, vous l’emmenez sur des hauteurs que vous êtes l’un des seuls à Hollywood à pouvoir atteindre. Vous en avez fait une histoire romantique et nostalgique comme la plus belle des preuves d’amour à une ville, la vôtre. J’ai déjà hâte de revoir Once Upon a Time In Hollywood encore et encore et de découvrir ensuite le successeur que vous lui offrirez mais je sais d’ores et déjà que je n’ai pas fini de vous aimer cher Quentin Tarantino. Enfin j’ai vu dans votre film le geste fascinant et fulgurant d’un enfant du cinéma et de la télévision qui paye son tribut à une époque dorée qui l’a forgée. Un film bardé de plans iconiques, jouissif jusqu’au vertige dans lequel Brad Pitt et Leonardo Di Caprio vous aident à nouveau à atteindre l’Olympe que vous aviez déjà atteint à plusieurs reprises mais qui vous permettent de retrouver l’endroit où vous êtes indubitablement le plus à votre place : Sur le toit du monde.
Votre dévoué Fred Teper.
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Bel éloge, sincère et puissant.