Critiques Cinéma

LOL (LAUGHING OUT LOUD) (Critique)

SYNOPSIS: LOL ? Ca veut dire Laughing Out Loud – mort de rire – en langage SMS.
C’est aussi comme ça que les amis de Lola l’appellent. Pourtant, le jour de sa rentrée, Lola n’a pas le coeur à rire. Arthur, son copain, la provoque en lui disant qu’il l’a trompée pendant l’été. Et sa bande de potes a le don pour tout compliquer. Tout comme sa mère, Anne, avec qui le dialogue est devenu impossible, et pas seulement parce qu’elle ignore ce que LOL signifie. Que ses parents aient divorcé est une chose. Qu’Anne traite son ado comme une enfant en lui mentant sur l’essentiel, par exemple sur le fait qu’elle revoit son ex en cachette ou qu’elle se fait draguer par un flic, en est une autre. De son côté, Anne se demande ce qui a bien pu arriver à sa douce petite fille. De la fusion à la confusion, les relations mères-filles bouillonnent d’amour et de LOL.

Il y a dans le cinéma de Lisa Azuelos une part de romantisme mâtinée de naïveté qui en fait à la fois tout le charme et les limites. Si elle maîtrise à merveille la tendresse, la bonhomie dans les rapports humains, la sensibilité et l’humour comme échappatoire à une gravité plombante, elle est moins convaincante dans la complexité et la densité des relations que tissent les gens entre eux. Depuis Comme t’y es belle ! (2006) (et même dans les scénarios de Ainsi Soient-Elles (1995) et de 15 Août (2001)) on sentait confusément sa capacité à créer des personnages attachants qui se voulaient des miroirs de l’humanité et elle n’a depuis jamais réellement déviée de sa trajectoire. Si par deux fois, elle a visé à côté (LOL USA (2012), Une Rencontre (2014)) et si l’on excepte l’exercice plutôt réussi du biopic (Dalida (2017)), c’est avec LOL en 2009 qu’elle est parvenue à synthétiser avec le plus de maîtrise son art de raconter la quotidienneté avec sensibilité et empathie. En inscrivant son film dans la veine du teen-movie et en prenant Sophie Marceau pour interpréter la mère de son héroïne, Lisa Azuelos ne pouvait que faire écho irrésistiblement à La Boum (Claude Pinoteau, 1980), maître-étalon du genre qui vit son actrice devenir instantanément une star. Car si LOL s’affirme bien comme La Boum des années 2010, c’est également dans la modernité de son langage, la finesse de sa peinture d’une jeunesse 2.0 en apparence bien dans sa tête mais bien souvent mal dans sa peau ainsi que dans l’éclosion d’une jeune comédienne au tempérament de feu qui affirme en un éclair tout son talent et sa virtuosité à passer du rire aux larmes.

Si LOL ne cherche pas à être un portrait réaliste de la jeunesse en général, si la tranche de vie que le film décrit met en scène une jeunesse aisée, très éloignée des problématiques financières et si le film fait la part belle à la relation conflictuelle mais ô combien complice entre une mère et sa fille, le postulat de départ n’ayant jamais été de faire un documentaire, ce serait faire un faux procès à Lisa Azuelos que de lui reprocher une vision angélique et partielle. Au-delà de la représentation d’un âge de la vie à l’écran, le film se présente avant tout comme un divertissement qui alterne les scènes de comédie et les aléas des mouvements du cœur de cette jeune fille. Comme tout bon film sur l’adolescence, LOL nous présente son héroïne évoluant dans un microcosme au milieu de ses ami(e)s et ennemi(e)s, ses joies incommensurables et ses déceptions qui le sont tout autant, tous les sentiments étant exacerbés à cet âge où l’on tâtonne, où l’on trébuche, où l’on apprend et où l’on se forge une expérience qui déterminera l’adulte que l’on deviendra. Si le film peut se lire comme une relecture de La Boum, il met au goût du jour le vocabulaire et modernise le propos avec un sentiment de véracité qui fait qu’on ne sent jamais les jeunes comédiens être mal à l’aise, ni forcer les expressions qu’ils ont à restituer. C’est la grande force de l’écriture de Lisa Azuelos et il en ressort une réelle impression de réalisme qui participe au plaisir que l’on prend en découvrant le film.

Mais si tout cela marche aussi bien ce n’est pas qu’à l’écriture qu’on doit l’imputer mais aussi à une distribution unanimement impeccable. L’interprète de Lola tout d’abord, la jeune Christa Theret qui allait confirmer brillamment par la suite ses prédispositions. Elle est merveilleuse, alternant les tonalités avec bonheur, à la fois belle, heureuse et amoureuse puis boudeuse et malheureuse, mais au final une vraie boule d’énergie en fusion qui entraine tout le monde dans son sillage. Tous les jeunes interprètes (Marion Chabassol, Louis Sommer, Lou Lesage…) sont d’ailleurs très bons et plein de naturel mais ressortent du lot quelques natures encore plus fortes comme Jeremy Kapone (disparu des radars depuis), Félix Moati et même Pierre Niney dans un petit rôle. C’est surtout au rayon des adultes que le bât blesse avec des personnages secondaires plus esquissés que véritablement écrits. Alexandre Astier compose un ex-mari pathétique et le regretté Jocelyn Quivrin un prétendant plein de charme dont le rôle est malheureusement réduit à portion congrue, tout comme une Françoise Fabian qui aurait mérité plus d’égards avec ce personnage de grand-mère. Ce manque permet paradoxalement à Lisa Azuelos de rester focus sur Lola et sa mère, une Sophie Marceau lumineuse qui, près de 30 ans après La Boum, est devenue la femme magnifique que préfigurait l’adolescente du film de Claude Pinoteau. Solaire et totalement en phase avec son personnage, elle est une maman dans l’air du temps, énergique et folle de ses enfants. L’idée de lui confier ce rôle et son interprétation sans fausse note apportent à LOL une densité et un background dont le film pâtirait sans sa présence. Lisa Azuelos signe du coup une jolie comédie de mœurs, avec de belles idées en filigrane sur les rapports mère-fille et un véritable point de vue sur la jeunesse contemporaine. On rit, on est ému, on est emportés dans le tourbillon de cette jeunesse bouillonnante et de cette mère poule irrésistible dont on se dit qu’elle pourrait être la nôtre, la vôtre. Mais trop pas. LOL !

Titre Original: LOL (Laughing Out Loud)

Réalisé par: Lisa Azuelos

Casting : Sophie Marceau, Christa Théret, Jeremy Kapone…

Genre: Comédie

Date de sortie: 04 février 2009

Distribué par: Pathé

3,5 STARS TRES BIENTRÈS BIEN

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