SPIDER-MAN : NEW GENERATION présente Miles Morales, un adolescent vivant à Brooklyn, et révèle les possibilités illimitées du Spider-Verse, un univers où plus d’un peut porter le masque…
Le 27 octobre dernier, nous étions présents lors du Paris Comic Con au panel consacré à Spider-Man : New Generation (sortant en France le 12 décembre prochain). Les réalisateurs Peter Ramsey, Bob Persichetti et Rodney Rothman étaient venus présenter leur film aux fans de la première heure de l’homme araignée qui étaient venus nombreux dans la grande salle de la Halle de la Villette pour venir en apprendre d’avantage sur ce projet pour le moins singulier de la part de Sony Pictures, chapeauté au scénario et à la production par le duo cinglé que forme Phil Lord et Chris Miller (La Grande Aventure Lego, Tempête de boulettes géantes, 21 et 22 Jump Street).
Un Spider-Man sur grand écran mais en film d’animation 3D ? Ou le Spider-Man ne serait pas Peter Parker mais Miles Morales (second Spider-Man dans la chronologie Marvel)? La note d’intention semble claire (et connue depuis le piratage du studio en 2014), Sony veut rajeunir son héros phare à l’image de ce que Marvel a pu faire dans sa branche comics ou cinématographique avec le récent Spider-Man Homecoming.
Mais avant d’attaquer le sujet de front, les réalisateurs proposent un choix très simple aux fans présents: souhaitent ils voir la dernière bande annonce du film (que sans aucun doute la salle entière a déjà vu depuis sa publication sur internet la veille) et avoir 50 min de conférence sur la production du film ou bien pouvoir voir une partie du film et un entretien raccourci. Bien évidemment le choix fût tout aussi rapide qu’hystérique et nous voici donc partie pour voir en avant première une copie de travail assez avancée (mais ou tous les plans n’étaient pas forcément animés ou finalisés) de 40 minutes. À la sortie de ces 40 premières minutes du film, un constat s’impose: le pari semble totalement réussi pour les trois réalisateurs.
Le film ose, beaucoup, que cela soit dans son animation, son style graphique, sa rapidité de montage, son choix de protagoniste (dont on rappelle ici qu’il s’agit d’une version de Spider-Man inconnue à ce jour sur grand écran) et d’intrigues (les univers parallèles, jamais abordés au cinéma mais permettant à Marvel Comics de justifier une certaine forme de continuité cohérente depuis près de 90 ans) qui passent les sempiternelles origin story pour livrer un spectacle complètement déluré et fantaisiste tout en se rapprochant de l’esprit comics comme jamais une adaptation ciné de l’homme araignée n’avait réussi à le faire jusque là.
Revenus sous un tonnerre d’applaudissements, les réalisateurs ont livré un entretien rapide mais précis sur la production du film et leurs intentions avec ce dernier. Se considérant comme des fans de toujours du comics, ils nous ont révélé avoir eu une grosse liberté de la part de Sony et de Marvel pour faire ce qu’ils voulaient du personnage.
Le choix de Miles Morales ? Une volonté d’histoire beaucoup plus moderne et rajeunie pour un nouveau public 2.0 sensible à la diversité et la représentativité, s’appuyant en même temps sur le passif de toutes les histoires connues de notre “voisin préféré” pour avoir toute latitude de piocher dans la foisonnante mythologie du comics. Le personnage est encore plus jeune que Peter Parker et de ce fait, permettait d’appuyer au maximum la thématique du “jeune cherchant à savoir qu’il est vraiment” tout en le confrontant au multiverse et aux différentes itérations de Spider-Man, évoquant par là la construction de l’adolescent/super-héros au contact de gens ayant des expériences à la fois différentes et similaires à la sienne pour grandir et se trouver.
Ce nouveau Spider-Man était aussi l’occasion de proposer un nouveau style à l’homme araignée et les réalisateurs de confesser que la tâche fut ardue tant est si bien qu’il leur fallut plus d’un an et demi pour déterminer le look du personnage (physique, manière de bouger, costume, etc.), comment réussir à animer correctement le film pour au final ne livrer que 2 secondes de film au studio. Même si l’anecdote à de quoi faire sourire, cela montre bien le chemin parcouru par les équipes pour proposer autre chose avec ce film qu’on n’avait pas encore vu au cinéma, profitant par ailleurs de la liberté de l’animation 3D pour repousser les contraintes du cinéma live action lors des précédentes adaptations.
En cela, on ressent l’influence du style totalement débridé de Lord/Miller menant l’intrigue à deux mille à l’heure, enchaînant les répliques au débit mitraillette (finalement très proche du perso goguenard qu’est Spidey), empilant les scènes d’actions dans un montage si cuté qu’on pense immédiatement à la filmo d’Edgar Wright (on aura d’ailleurs remarqué ⅔ clins d’œil au cinéaste anglais). Un soin particulier à la composition des plans a été effectué, tout autant pour créer un dynamisme d’une fluidité à couper le souffle dans l’action malgré le montage rapide que pour multiplier hommages et clins d’œil aux fans du comics et de CBM (les plus attentifs feront attention aux arrières plans du film, riche en détails pour le fan service), renvoyant là aussi régulièrement aux différents run de comics ayant influencé les cinéastes.
On comprend ici que le dosage entre hommage au mythe Spider-Man et modernité du traitement du personnage ont été les maîtres mots tout au long du projet et à en croire les réactions des fans présents, ce dosage est particulièrement réussi pour convaincre les fanboys de la première heure comme un jeune public en quête de film d’animation pour Noël, nous y compris, qui sommes désormais extrêmement curieux de voir le résultat final et entier de ce film rafraîchissant dans ce genre de plus en plus fourni que sont les films de super-héros.
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