SYNOPSIS: Bras droit du chef yakuza Kitajima, Murakawa est un homme brutal, éliminant froidement ceux qui se dressent en travers de sa route. Sans pitié, mais aussi sans passion, il aspire à une nouvelle vie. Appelé sur l’île d’Okinawa, il part avec ses hommes pour venir en aide au clan Nakamatsu en guerre contre le gang rival Anan.
Quatrième film du grand Takeshi Kitano sorti en 1993 au Japon et 1995 en France, Sonatine connut un parcours sinueux pour arriver jusque chez nous. Il faut savoir que Kitano était perçu comme un acteur comique à ses débuts et le voir en yakuza ultra-violent a quelque peu perturbé les fans japonais de la première heure. Le film fut un échec commercial et c’est grâce à l’acharnement de Jean-Pierre Dionnet que le public français put découvrir cette œuvre, au festival de Cognac notamment. Alors que le genre du film de gangs est associé aux plus grands noms du cinéma (De Palma, Friedkin, Coppola), Kitano décide d’investir le genre en redéfinissant certaines règles.
Kitano prend un parti radical en traitant cette histoire assez banale de règlement de compte entre deux familles sur fond de ‘trop vieux pour ses conneries’. En effet, il choisit l’anti-spectaculaire avec le moins d’effets possibles. Le style est lent, les gueules sont taciturnes, les scènes d’actions sont filmées en plan fixe. Kitano démystifie complétement le gangster et en fait tantôt un lâche tantôt un bouffon. Contre toute attente, le metteur en scène fait évoluer son histoire d’une manière assez surprenante en emmenant toute sa fine équipe dans un endroit paradisiaque où on se prépare à la guerre. S’en dégage une profonde poésie avec un Kitano touchant.
Bénéficiant d’une superbe musique de Joe Hisaishi, son compositeur fétiche, Kitano nous offre 40 minutes absurdes, quasi-muettes où les protagonistes jouent à des jeux plus ou moins improbables plus ou moins stupides jouant à défier la mort (Kitano cite The Deer Hunter de Cimino) ou simplement à se divertir comme des enfants. Témoin ce plan copié sur les Fab Four et la couverture d’Abbey Road avec ces quatre personnages à la suite les uns des autres. Tout n’est que divertissement. Les superbes plans de plage avec cette lumière naturelle très vive réussissent à nous faire oublier que nous sommes dans un drame humain. Les visages sont expressifs, on peut y rencontrer l’amour, se poser des questions sur sa vie.
La dernière partie du film nous rappelle à la dure réalité de la vie de yakuza où la violence, la vengeance, les petits arrangements, les trahisons y sont les maitres mots. Les personnages y redeviennent moroses et inexpressifs. Là où on ressentait la vie, Kitano nous ramène à la mort. Et, dans un dernier bain de sang quasi illisible et inévitable, on mesure rétrospectivement la marche funèbre que s’est construit ce personnage tout au long de cette virée paradisiaque. On retrouve dans cette fin tragique tous les codes du genre du film noir. Il n’y aura pas ni salut ni pardon. Dans une dernière scène pleine de romantisme et magnifiquement mise en scène, le personnage féminin dont nous ignorons le nom depuis le début, voit son amour lui filer entre les doigts et, à travers son regard, on observe la fin d’un monde avec la mort de son conjoint furtif. Kitano réalise un film surprenant et alterne deux styles qui se complètent parfaitement. Un film qui 25 ans après reste toujours aussi poétique et nihiliste.
DÉTAIL DES SUPPLÉMENTS:
Le champ des possibles (25’) : entretien avec Benjamin Thomas, Maître de conférences, spécialiste de Kitano et auteur de Takeshi Kitano : Outremarge et Le Cinéma Japonais d’Aujourd’hui : Cadres incertains
CARACTÉRISTIQUES TECHNIQUES Blu-ray
Format image : 1.85 – Résolution film : 1080 24p
Format son : Japonais et Français DTS HD Master Audio Stereo 2.0
Sous-titres : Français – Durée : 1h33
Titre Original: SONATINE
Réalisé par: Takeshi Kitano
Casting : Takeshi Kitano, Aya Kokumai, Tetsu Watanabe …
Genre: Thriller, Action
Sortie le: 21 novembre 2018 en Blu-ray
Distribué par: Wild Side Video
EXCELLENT
Catégories :Critique Blu-Ray, Critiques Cinéma