SYNOPSIS: Les expériences quotidiennes savoureuses et parfois surréalistes d’une Afro-Américaine à l’aube de la trentaine et de sa meilleure amie délurée…
Dur, dur d’être un adulte. Issa (Issa Rae) est une femme tout à fait ordinaire qui a un vrai don pour prendre les pires décisions possibles. Que ce soit professionnel (elle travaille dans une organisation de soutien scolaire qui a plutôt du mal à se maintenir à flot), personnel (sa relation avec sa meilleure amie Molly, interprétée par la fabuleuse Yvonne Orji, connaît des hauts et des bas) ou romantique (entre deux hommes, son cœur balance, même si l’un d’entre eux se fera rare cette saison), Issa a beaucoup de mal à garder la tête hors de l’eau et à éviter de boire la tasse. Heureusement, il y a toujours ses copines Tiffany (Amanda Seales) et Kelli (Natasha Rothwell) pour lui remonter le moral ou la ramener sur terre, surtout quand Molly est trop prise par les problèmes de son cabinet d’avocats et sa relation avec Dro (Saruna J. Jackson) pour avoir le temps de mettre les choses au point. La série, filmée avec beaucoup de simplicité, suit les aléas des relations d’amitié entre ces femmes avec une pudeur et une honnêteté qu’on n’a pas souvent l’occasion de voir à la télévision, et qui explique sans doute son succès ravageur. Rae porte un regard acerbe, perçant et souvent désopilant sur le monde d’aujourd’hui, les escapades romantiques à l’ère d’Instagram et les soucis financiers des millenials, le tout agrémentés de raps en solo devant le miroir de sa salle de bain et de tentatives de séduction extrêmement embarrassantes. C’est aussi une vision beaucoup plus nuancée de Los Angeles, loin des extravagantes villas des stars et des quartiers mal famés, une vision qui correspond davantage à la réalité que nombre d’autres séries se déroulant dans la cité des anges. Insecure est un brillant cocktail de genres, qui mélange comédie, satire, coming of age et scènes de sexe avec une énergie communicative et un vrai point de vue, lançant au passage, comme toutes les saisons une mise en abyme qui parodie les codes de la sitcom afro-américaine, façon Black-ish. Un vrai trait de génie.
La route du succès fut longue et difficile. En 2011, Issa Rae lance sa web-série, The Adventures of Awkward Black Girl, un petit bijou de comédie satirique qui dézingue allègrement l’image de l’Afro-Américain super cool (voyez Eddie Murphy, Beyoncé, Barack et Michelle Obama), au travers de J, son héroïne, qui se prend les pieds dans le tapis à chaque fois qu’elle en a l’occasion. Le projet ne décolle pas beaucoup sur le net ; on est aux débuts de YouTube et personne ne sait encore ce que c’est que de faire du viral, mais Awkward Black Girl attire l’attention du producteur Penny Prentice et de la chaîne HBO, ce qui va marquer le point de départ d’une longue période de gestation (près de cinq ans de travail) avant que finalement, la série, rebaptisée Insecure n’arrive sur les télés du monde entier en 2016. Si la première saison a un peu de mal à se faire une place dans un univers saturé de comédies en tous genres, la nomination d’Issa Rae aux Golden Globes en 2017 change complètement la donne. Alors que la saison trois débarque aux États-Unis, Insecure est devenu l’un des plus gros succès critiques du moment (on le compare même à Sex and the City) et sa créatrice s’élève vers le firmament: elle sera aux côtés d’Anthony Mackie et KJ Appa dans le très attendu The Hat U Give, adapté du best-seller éponyme qui s’attaque aux abus de la police au sein des communautés afro-américaines, on peut l’apercevoir dans le dernier clip vidéo du rappeur Drake et elle travaille également à l’écriture d’un film pour Lupita Nyong’o et Rihanna. Comme quoi, admettre qu’on n’est pas cool est parfois le meilleur moyen de le devenir. Les fans attendaient la nouvelle saison avec impatience, et nul besoin donc de conseiller de regarder, mais pour les autres, ceux qui hésiteraient, ou qui n’ont pas trouvé le temps pour cette petite perle de série, on n’a qu’un mot pour vous : foncez.
Crédits: HBO / OCS