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BARRY (Critique Saison 1) Une dimension raffinée mais un démarrage à combustion lente…

SYNOPSIS: Alors qu’il se rend à Los Angeles pour exécuter un contrat, Barry, un tueur à gages au rabais dépressif, est chaleureusement accueilli par un groupe de personnes enthousiastes et passionnées. L’ex-Marine retrouverait-il goût à la vie en les côtoyant ? 

Les fans du Saturday Night Live américain reconnaîtront sans doute la tête d’affiche de la nouvelle série de HBO: Bill Hader, l’histrion aux pommettes contondantes, le créateur de Stefon, l’homme qui a fait fondre le cœur d’Amy Schumer dans Trainwreck, se lance dans sa propre série. Créée en binôme avec Alec Berg (Silicon Valley) qui co-signe de nombreux épisodes et réalisée par Hader, Berg, Maggie Carey (Brooklyn Nine-Nine) et Hiro Murai (le génie visuel derrière Atlanta), Barry raconte l’histoire d’un tueur à gage (Hader) qui se découvre une passion pour le jeu d’acteur. Le voilà donc en cours avec Gene Cousineau (Henry Wrinkler), à disséquer du Tchekhov le jour, et au boulot avec son oncle Monroe Fuches (Stephen Root) à tuer les gens de nuit.

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Le propos: Le tueur à gage qui se découvre une âme de Capitaine Fracasse sur une scène pourrie de Los Angeles est un mécanisme narratif tellement absurde qu’il tend au génie. Son problème, à Barry, c’est qu’il est tellement, mais alors tellement doué pour tuer les gens, que son boulot d’assassin a fini par prendre des airs de routine lancinante. Par contraste, les états d’âmes des personnages de Shakespeare ressemblent à des vacances, et c’est plus qu’hilarant de voir notre protagoniste essayer à tout prix de s’identifier à l’insignifiant et défendant les criminels les plus célèbres du sixième art, parce qu’ils “ne faisaient que leur boulot”.

L’humour déluré: C’est une drôle de juxtaposition que de mettre un tueur sur les planches, mais c’est également tellement jouissif de le voir se prendre les pieds dans les pentamètres iambiques. On prend le contrepied de ce qui est sans doute le cliché le plus célèbre de Hollywood, celui de l’homme ordinaire qui, au milieu de circonstances extraordinaires, se révèle être un véritable héros, et on en fait un Barry qui rêve d’une vie tout à fait banale, avec une femme, un enfant, un chien et une maison à clôture en lattis blancs, pour un résultat des plus réjouissants.

La nuance: Elle n’est pas évidente au premier abord. La série utilise la violence de manière très intelligente, mais pas forcément subtile, et c’est parfois difficile de discerner les idées sous-jacentes au milieu des balles qui fusent. Pourtant, Barry se pose des questions existentielles sur la rédemption, la masculinité toxique et le concept même de talent inné, autant de points donnant à la série une dimension plus raffinée, ce qui décevra peut-être les amateurs de castagne, mais qui permet au scénario de s’étoffer, et par là-même, de prouver que la série a de quoi tenir sur plusieurs saisons.

Vous n’aimerez peut-être pas:

L’univers: C’est un monde particulier que celui des acteurs, et celui des acteurs férus de théâtre à Los Angeles l’est encore davantage. C’est une ville qui célèbre le glamour et la superficialité, où le fait d’être une star est de loin l’aspect le plus important de votre personnalité, et qui du coup, encourage le narcissisme, un fait dont on se moque gentiment dans Barry mais qui risque de vous taper assez vite sur les nerfs. Nombre de nos personnages tournent autour de leur nombril, et s’il est amusant de rire au dépens de ce genre d’archétype, on comprend aussi que ça vous fasse braire.

Bill Hader: Quand on a un acteur à la tête d’une série comme celle-ci, une tête pensante qui écrit, joue, réalise, et focalise toute la force narrative dans un seul personnage, la série parie gros sur le fait que le public tombera sous le charme de la tête pensante en question. Gros problème donc, si vous n’êtes pas fan de Bill Hader, parce qu’il porte la série sur ses épaules et qu’il est impossible d’en faire abstraction.

Le rythme: On ne va pas vous mentir, le démarrage est lent: les deux premiers épisodes prennent douloureusement leur temps pour établir nos personnages (l’affiche de la série fait la même chose, mais en plus vite), et sont suivis par deux autres épisodes qui prennent également leur temps pour introduire toutes les complications autour du conflit central. L’épisode 5 met enfin le feu aux poudres, ce qui, pour une série de huit épisodes au total, peut être considéré comme un démarrage assez tardif. Ça vaut le coup à partir de là, mais personne ne vous en voudra si vous laissez tomber avant. La compétition est rude à la télé ces temps-ci.

Crédits: HBO / OCS

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