LA MALEDICTION WINCHESTER (Critique)

Par Jean-Baptiste Coriou le mai 13, 2018 • ( Poster un commentaire )

SYNOPSIS: Proche de San Francisco se situe la maison la plus hantée au monde : construite par Sarah Winchester, riche héritière de l’entreprise d’armes Winchester, elle est en perpétuelle construction et contient des centaines de pièces. Sarah y construit une prison, un asile pour les centaines d’esprits vengeurs tués par ses armes, et le plus terrifiant d’entre eux veut en découdre avec sa famille…

Réalisé par les frères australiens Spierig dont la filmographie constitue un bon repoussoir (Prédestination, Jigsaw), La Malédiction Winchester éveille notre curiosité grâce à son histoire et aux acteurs qui participent au projet. En effet, le titre anglais Winchester : The House that Ghosts Built nous apprend que des ectoplasmes ont participé à la construction de la célèbre maison de la famille Winchester située à San José en Californie. Cette bâtisse a un rapport direct avec la société New Haven Arms Company fondé en 1857 qui gagnera sa réputation grâce à la Winchester 1873, arme qui deviendra l’arme mythique du Far West. Sarah Winchester épouse d’un des fils Winchester utilisa toute sa fortune pour construire et reconstruire sa maison de manière continue pendant 38 ans afin de lutter contre les morts tués par cette arme légendaire revenus la hanter. Elle est interprétée par la non moins légendaire Helen Mirren et elle est accompagné par l’excellent Jason Clarke.

Malheureusement quelles que soit les bonnes intentions de départ, le film ne décollera jamais la faute à une réalisation mollassonne et des acteurs en totale roue libre venant prendre leurs petits chèques pour payer leurs impôts. Le cinéma américain surfe depuis une petite dizaine d’années sur le retour en grâce du cinéma d’horreur dans les salles. Jason Blum, le célèbre producteur indépendant a ainsi mis une stratégie en place assez efficace en alliant petit budget et grosse campagne marketing. Il réussit depuis peu à allier qualité et films de franchises honteux. Habitués des films d’horreur, les frères Spierig ne feront clairement pas parti de la première catégorie. Une des seules réussites du film réside dans les décors qui parviennent à nous donner l’illusion d’une vraie maison hantée qui est susceptible de nous faire éprouver une certaine anxiété. Mais le côté vieillot de cette maison est en adéquation avec le reste du film avec des situations vus mille fois : le gamin hanté, les fantômes qui surgissent à travers la porte ainsi que les jump scares mal dosés. Mais c’est surtout la lourdeur de la mise en scène où le spectateur a cette désagréable impression que les Spierig ont abusé des somnifères. Les scènes de dialogues entre Mirren et Clarke sont interminables et peu dynamiques pour un sou et les scènes d’épouvante ne mettent pas une fois mal à l’aise tellement elles sont bâclées.

De même, il ne faut même pas s’attarder sur un quelconque message politique. Au regard du sujet et de l’actualité brûlante aux États-Unis, il aurait été peut-être intéressant de traiter de la libre circulation des armes dans un pays où le nombre de tués par balle est effarant. Mais c’est sans compter sur les frères Spierig qui n’amènent pas une seule et moindre réflexion durant ces 1h30. Enfin, la vraie déception au-delà du film lui-même est de voir Jason Clarke venir se fourvoyer dans un tel projet alors qu’on sent tout le potentiel de cet acteur depuis pas mal d’années. En totale roue libre, il fait peine à voir avec ses deux expressions sur le visage pour signifier la peur et la tristesse. Il faut dire qu’il n’est pas aidé par un scénario ultra banal. On a envie de le revoir vite dans un film à sa mesure. Ce sera probablement chez Damien Chazelle dès cette année. Helen Mirren s’en sort un peu mieux mais son talent est trop sous-exploité. Quant à Sarah Snook, on peut dire qu’elle est inexistante. Bref, une simple déception pour ce film dont on n’attendait pas grand chose.