SYNOPSIS: Même après avoir failli mourir dans un accident de la route lors d’une nuit de beuverie avec son ami Dexter, John Callahan n’a pas la moindre intention d’arrêter de boire. Il finit pourtant par suivre une cure de désintoxication, soutenu par sa compagne et un mentor charismatique, et se découvre alors un don inattendu… Il crée des dessins à l’humour noir, satirique et insolent, qui lui vaudront un succès international dès leur publication dans la presse. En dessinant, Callahan découvre une nouvelle manière de voir la vie…
On avait laissé le cinéaste américain Gus Van Sant en pleine tourmente cannoise avec son précédent film Nos Souvenirs. Le cinéaste a toujours voulu alterner un cinéma plus grand public mais toujours très intimiste avec un cinéma beaucoup plus expérimental Ainsi A la rencontre de Forrester fut suivi de Gerry et Paranoid Park de Milk. Don’t Worry, à l’instar de Forrester et Milk, s’inspire d’une histoire vraie, en l’occurrence celle de John Calllahan, alcoolique notoire devenu tétraplégique à l’âge de 21 ans. Une des grandes forces du cinéaste palmé à Cannes en 2003 pour Elephant est de s’entourer d’un très gros casting et d’arriver à le magnifier comme ce fut le cas sur Milk et l’oscar de Sean Penn.
La réussite de ce Don’t worry tient pour moitié sur les épaules de Joaquin Phoenix. C’est la seconde collaboration entre Van Sant et Phoenix après Prête à Tout sorti en 1995. Que dire de plus chaque année sur cet immense acteur, déjà palmé l’année dernière pour A Beautiful Day ? De quasi tous les plans, il illumine le film à chaque dialogue et s’impose encore dans un nouveau rôle d’homme brisé toujours sur le fil. L’émotion qu’il arrive à dégager en interprétant cet handicapé atteint le spectateur à chaque scène. Si Phoenix est aussi bon, c’est aussi dû à son partenaire du film Jonah Hill. On se demande d’ailleurs si le réalisateur n’a pas plus accroché sur ce personnage d’héritier homosexuel atteint du sida. De loin le plus bouleversant, on sent le metteur en scène se cacher derrière cet organisateur des alcooliques anonymes, dans cette volonté d’aider les autres à se sortir de cette addiction.
Van Sant ne cherche pas à faire de l’esbroufe et choisit la sobriété pour filmer cette histoire. La plupart du temps filmé en plan resserré sur les visages, il se permet juste l’intervention d’un mini dessin animé qui sied parfaitement à l’intrigue ou à une succession de séquences lors de l’hospitalisation du personnage principal. Cette simplicité marche parfaitement car elle arrive à provoquer la croyance en ses personnages sans trop en rajouter. La magnifique partition du vétéran Danny Elfman rajoute l’impression de pureté des sentiments. On excusera le metteur en scène de survoler certains sujets comme la relation entre Callahan et sa petite amie ou l’engagement citoyen du personnage principal à travers ses dessins.
Durant tout le long-métrage, on s’interroge beaucoup sur ce personnage antipathique, buveur et égoïste. Il est très intéressant de se dire que le fait d’avoir été tétraplégique ait pu rendre ce personnage attachant et qu’il ait fallu un événement aussi tragique pour qu’il devienne quelqu’un de bon. La question qui sous tend également le long métrage est qu’il faut probablement un événement tragique, un traumatisme pour devenir un artiste comme ce fut le cas pour John Callahan. Est ce que l’homme ouvre les yeux à partir du moment où il est touché moralement ou physiquement ? Ce sont ces questions que le réalisateur nous pose et qu’il lui est peut-être arrivé de se poser. Dans le cas de Callahan, sa vie a totalement basculé du bon côté le jour de son accident et de sa rencontre avec Donnie. Il a pu devenir ce caricaturiste de génie et obtenir sa rédemption auprès des siens. Pour ces interrogations et son casting, le film vaut vraiment la peine.
Titre Original: DON’T WORRY HE WON’T GET FAR ON FOOT
Réalisé par: Gus Van Sant
Casting : Joaquin Phoenix, Jonah Hill, Rooney Mara…
Genre: Biopic, Drame
Sortie le: 04 avril 2018
Distribué par: Metropolitan FilmExport
EXCELLENT
Catégories :Critiques Cinéma