SYNOPSIS: August Pullman est un petit garçon né avec une malformation du visage qui l’a empêché jusqu’à présent d’aller normalement à l’école. Aujourd’hui, il rentre en CM2 à l’école de son quartier. C’est le début d’une aventure humaine hors du commun. Chacun, dans sa famille, parmi ses nouveaux camarades de classe, et dans la ville tout entière, va être confronté à ses propres limites, à sa générosité de coeur ou à son étroitesse d’esprit. L’aventure extraordinaire d’Auggie finira par unir les gens autour de lui.
Si vous aimez un cinéma pétri d’humanité, un cinéma irrigué de bons sentiments sans pour autant être mièvre, un cinéma qui vous touche et vous bouleverse, qui vous fait rire autant qu’il vous fait pleurer, alors ne cherchez plus, Wonder est fait pour vous. Quatre ans après nous avoir renversé avec Le Monde de Charlie, adapté de son propre roman, Stephen Chbosky retrouve enfin sa place derrière une caméra pour une nouvelle adaptation. Cette fois il s’est approprié un ouvrage de littérature jeunesse, Wonder, écrit par R.J. Palacio et on ne peut que constater l’évidence : il a tiré le gros lot. Wonder est un film merveilleux, une délicieuse douceur qui véhicule des valeurs positives sur, la tolérance, la bienveillance, la famille et qui donne cette sensation si particulière et si familière, celle des fameux papillons dans le ventre que l’on associe souvent au sentiment amoureux mais qui fait ici des miracles.
Sous ses apparences de feel good movie traditionnel et sa propension à prêcher des notions positives, Wonder aurait pu verser dans le pathos et s’y vautrer sans complexes, mais Stephen Chbosky, comme sur Le Monde de Charlie, sait avancer sur un fil avec la grâce d’un équilibriste parvenant à maîtriser avec une précision d’orfèvre l’oscillation entre rires et larmes. Du coup, aucune suspicion de chantage émotionnel, puisque chaque séquence qui fait monter les larmes parvient à être contrebalancée par un trait d’humour ou une belle idée lumineuse. C’est à un bouillonnement continuel que vous invite Wonder, charriant son flot de tendresse et de douceur au milieu d’une humanité qui vous étreint le cœur à intervalles réguliers.
La mise en scène de Stephen Chbosky s’efface derrière son sujet, affichant une sobriété bienvenue et ne cédant jamais à des affèteries de poseur, la photographie lumineuse de Don Burgess contrastant par ailleurs avec la dureté du récit. Le réalisateur reste au plus près de ses acteurs dont on sent qu’il les regarde avec un œil empreint de compassion et d’amour mais jamais de pitié. Avec finesse, il nous conte l’histoire ordinaire d’un petit garçon extraordinaire, porté littéralement par son intelligence, sa vivacité d’esprit et l’amour sans réserves que lui portent ses parents et sa sa sœur. On pourra taxer le film par moments d’une certaine naïveté, voire d’une sensiblerie exacerbée mais on pourra répliquer qu’il s’arcboute sur son point de vue humaniste et se pare d’une cohésion difficile à prendre en défaut. La construction du scénario qui reprend celle du livre (l’histoire est contée depuis plusieurs points de vue) se justifie totalement tant tout ici est affaire de regard et de perception des choses. L’utilisation de cette structure se révèle parfaitement adéquate avec le propos et fonctionne avec une fluidité conférée par un montage des plus efficaces.
Si la famille idéale dépeinte par Wonder manque clairement d’aspérités pour donner plus encore de moelle à l’histoire, si tout parait trop clean dans cet univers où Auggie semble être la seule « ombre » au tableau, Stephen Chbosky place malgré tout quelques obstacles pour contrer la notion d’idéal qui s’attache à son scénario avec des personnages moins parfaits qu’ils ne paraissent (une grande sœur qui supporte difficilement la place grandissante de son frère, une ex-meilleure copine aux intentions pas très nettes, des parents d’élèves qui voient dans Auggie un « traumatisme » pour leurs enfants…). De fait le film tire la quintessence de son humanité de ces comportements pas uniquement complaisants et bien intentionnés et qui achèvent de donner plus de corps à l’ensemble. Wonder trouve aussi toute sa vérité et sa puissance dans le choix d’une distribution qui a tout d’une évidence. Dans le rôle des parents d’Auggie, Julia Roberts et Owen Wilson dégagent un charisme et une puissance émotionnelle énormes, Izabela Vidovic qui joue la sœur ainée Via, est merveilleuse de douceur et de tendresse mêlées tandis que Jacob Tremblay prouve avec le rôle d’Auggie que sa présence magnétique dans Room était loin d’être accidentelle. Il est le centre névralgique de Wonder, faisant preuve dans son jeu de nuances dignes d’un vieux briscard. Autour de ce quatuor, on citera aussi Mandy Patinkin, Danielle Rose Russell, Noah Jupe ou encore Nadji Jeter qui méritent tous d’être associés à cette belle réussite. On voit d’ici les esprits chagrins qui ne manqueront pas de stigmatiser une mise en scène pachydermique ou un manque de subtilité mais pour notre part, nous nous sommes laissés emportés et nous nous sommes régalés de bout en bout avec du cinéma généreux qui vous propulse dans une capsule spatio-temporelle pleine de tendresse et d’émotion où l’on pleure et on rit en même temps. Une merveille de sensibilité à déconseiller aux cyniques!
Titre Original: WONDER
Réalisé par: Stephen Chbosky
Casting : Julia Roberts, Owen Wilson, Jacob Tremblay…
Genre: Drame, Famille
Sortie le: 20 décembre 2017
Distribué par: Metropolitan FilmExport
CHEF-D’ŒUVRE
Catégories :Critiques Cinéma
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