SYNOPSIS : Avant d’intégrer une prestigieuse université américaine, Gabriel Buchmann décide de partir un an faire le tour du monde. Après dix mois de voyage et d’immersion au cœur de nombreux pays, son idéalisme en bandoulière, il rejoint le Kenya, bien décidé à découvrir le continent africain. Jusqu’à gravir le Mont Mulanje au Malawi, sa dernière destination.
Ce film retrace le parcours de Gabriel jeune brésilien et futur doctorant, durant son année sabbatique autour du monde. Et plus précisément durant la dernière partie de son périple qui a eu lieu en Afrique. Fellipe Barbosa retrace le véritable destin de son ami d’enfance Gabriel Buchmann. Le film montre l’émancipation d’un être à travers le prisme du voyage et nous transporte totalement. C’est un véritable coup de cœur de cette année cinématographique 2017. Le film est construit de manière très fine, car il va nous dévoiler dès ses premières minutes la fin du voyage de Gabriel. Ce parti pris risqué permet d’aborder la suite du film sous un angle captivant. Gabriel et la Montagne est un film d’une grande et rare intelligence. Le personnage revêt d’entrée de jeux, une sympathie immédiate lorsqu’on le découvre au réveil chez l’habitant au Kenya. Le spectateur s’attache d’emblée à cet être fantasque et généreux. Gabriel est ouvert sur le monde, sur les autres, avide de rencontres, de découvertes etc. Nous ressentons de l’envie et de l’admiration face à ce jeune voyageur. Le spectateur adopte ainsi une position que chacun a pu à un moment expérimenter dans sa vie. Comme si nous rencontrions dans un diner, ces personnes qui forcent l’admiration et donne envie de tout plaquer pour aller à la rencontre de l’autre, loin de chez soi.
Mais Gabriel est un homme avec ses travers, et c’est ceci l’intérêt du film. Ce n’est pas Monsieur Touriste Parfait, sinon le film n’aurait pas un véritable impact tel que celui qui est le sien. En effet, une des forces du déroulement du film est de dévoiler petit à petit les défauts et travers du personnage. Gabriel désire ardemment ne pas voyager comme tout un chacun. Mais il se retrouve à le faire malgré tout, car certaines activités qu’il désire découvrir le sont devenues. Et à force de vouloir être unique et ne pas faire comme tout le monde, on en devient un peu fatiguant car tellement intransigeant en tant que voyageur dans certaines situations. Le scénario montre que le tourisme et ses pièges sont compliqués à éviter dans des lieux de plus en plus fréquentés. Ce que montre intelligemment le film, ce sont ses trajectoires, aléas de périple qui se définissent sur des choix consentis ou non et offre souvent une rencontre imprévue et marquante. C’est aussi se laisser aller sans tout contrôler ou arrêter de désirer une absolue authenticité durant un voyage qu’exprime Gabriel et la Montagne. Car cette quête d’absolu finira peut-être par vous mettre en danger aussi. Le film est en ceci d’une grande honnêteté sur le caractère de l’humain et ses défauts.
La direction d’acteur est magnifique de justesse, pour des comédiens professionnels et amateurs. Le film a pris le parti, de faire jouer les véritables personnes que Gabriel a rencontrées durant cette dernière étape de voyage. On ne découvre cet aspect que lors du générique et on en est d’autant plus bluffé et ému. Car la direction d’acteur est aux cordeau, on n’a aucunement la sensation de voir des personnages qui se singent eux même, en se remémorant les moments passés avec Gabriel. La véritable rencontre avec ce jeune homme a donné envie à ces inconnus qui ont jalonnés son parcours de rendre hommage à ces instants de vie partagés qui ont pris une dimension particulière et marquante. Le film transporte comme un voyage extérieur et intérieur. Il lance de multiples pistes de réflexion sur beaucoup de domaines : le tourisme de masse, l’identité, l’avenir, les choix de vies, la situation des pays traversés, le regard sur l’autre, les relations amoureuses, se construire en tant qu’être etc et la liste potentielle est encore longue. Ce qu’il faut retenir, c’est que le traitement de ces sujets est fait avec une justesse et une finesse déconcertante. Gabriel et la Montagne lance des pistes de réflexion qui font la marque des grands films qui résonnent encore en soi pour longtemps lorsque l’on sort de la salle de cinéma.
Le film nous présente bien sûr bons nombres de paysages et de visages filmés avec un choix de cadrage, qui nous transportent avec subtilité. Ainsi des émotions communes de contemplation et de méditation face à l’autre ou à des territoires inconnus nous émeuvent comme Gabriel et sa compagne, qui va le rejoindre pour quelques étapes de son périple. Le film permet de coller aux basques du personnage tout en conservant son objectivité de spectateur et c’est la grande force de Gabriel et la Montagne.
Gabriel est un personnage qui finalement est comme tout le monde. Comme beaucoup de touristes. On lui confère une dimension humaine et cette universalité permet au film de prendre une dimension plus grande et plus prégnante. Gabriel n’est pas que, votre ami des réseaux sociaux voyageur dont les photos, les aventures vous font baver devant votre ordinateur. Mais plutôt celui qui vous invitera à enfin faire vos valises et vous lancer à votre manière en étant prudent et en écoutant les locaux que vous rencontrerez. Gabriel et la Montagne invite à ne plus être, que spectateur de la vie des autres. Au contraire, c’est ce genre de film dont on sort grandi avec de nouvelles pièces de notre puzzle intérieur grâce à ces instants passés au cinéma. En conclusion, si vous ne l’aviez pas compris, il est plus fortement recommandé de découvrir cette odyssée.
Titre Original: GABRIEL E A MONTANHA
Réalisé par: Fellipe Barbosa
Casting : João Pedro Zappa, Caroline Abras, Leonard Siampala…
Genre: Aventure, Drame
Sortie le: 30 août 2017
Distribué par: Condor Distribution
CHEF-D’ŒUVRE
Catégories :Critiques Cinéma