Critiques Cinéma

CELL PHONE (Critique)

2,5 STARS MOYEN

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SYNOPSIS: Clay Riddell, dessinateur de bandes-dessinées, est témoin d’une scène de carnage à l’aéroport de Boston : tous ceux qui se servent de leur téléphone portable se transforment instantanément en zombies sanguinaires. Il rejoint alors un groupe de survivants et part, avec Tom McCourt, à la recherche du signal à l’origine de ce chaos.

Cell Phone est la rencontre de trois paradoxes: John Cusak, Samuel L Jackson et Stephen King. Deux acteurs de grand talent dont les choix de carrière ne cessent d’interpeller, dont la présence au casting ne dit plus rien de la qualité du film et, un immense auteur dont les romans semblent frappés d’une malédiction les condamnant le plus souvent à des adaptations ciné médiocres, y compris lorsqu’il y participe. Le choix du capitaine chargé de mener à bon port ce navire dont l’équipage n’inspire guère confiance n’était pas non plus de nature à nous rassurer. Six années ont passé depuis le très dispensable, Paranormal Activity 2, dernier film de Todd Williams qui avait commencé sa carrière dans le registre de la comédie dramatique avec les plutôt réussis The Adventures of Sebastian Cole et Lignes de Vie. Ce grand écart ne lui ayant guère réussi, on aurait souhaité le voir revenir dans un registre qui lui correspond mieux. Ce thriller apocalyptique avait toutefois une dimension politique et dramatique qui pouvait lui permettre d’en faire autre chose qu’une énième série B « zombiesque » sans inspiration.

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Le film entre rapidement dans le vif du sujet avec cette scène de panique dans l’aéroport où vient d’atterrir Clay (John Cusak), auteur de romans graphiques, séparé de sa femme depuis un an avec laquelle il tente de renouer le contact alors que sa carrière semble enfin sur le point de décoller. Soudainement contaminés par un mal étrange, dont la source semble être un signal émis par leurs téléphones portables, les voyageurs commencent à se battre et s’entretuer, un policier s’attaquant même voracement à son chien…L’action est volontairement confuse et le jeu des figurants très embarrassant mais, c’est quand John Cusak (dont le look capillaire et la teinture noire corbeau n’a pas grand chose à envier à Nicolas Cage) a la bonne idée d’enfiler un bonnet pour échapper au massacre et, qu’un avion percuté en plein vol par un hélicoptère vient s’écraser contre son terminal, (faisant partir en fumée la moitié du budget effets spéciaux du film), qu’on commence sérieusement à craindre d’apercevoir le panneau « Bienvenue à Nanarland ».

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Heureusement, le film ne rate pas tout ce qu’il entreprend mais se trouve réduit à une simple fonction de série B peu inspirée et sans propos, un divertissement du dimanche soir, expurgé par King lui même (il est co-scénariste) de toute la dimension « politique » du roman. Dans ce genre de productions, Samuel L Jackson fait toujours le minimum mais le fait bien, avec un détachement condamnable mais que son charisme arrive à rendre cool. Il permet à John Cusak de rester dans la partie, lui qui à l’inverse, aurait plutôt tendance à surjouer dans ces circonstances. Après cette apocalypse cellulaire, le monde se divise entre les « phoners » et les « no phoners », les seuls survivants étant ceux qui n’utilisaient pas leur téléphone au moment de l’émission de ce signal et n’ont pas été massacrés par leurs voisins. Soit une petite minorité de chanceux dont Clay croisera la route, à commencer par Tom (Samuel L Jackson), un conducteur de métro visiblement bien préparé à la survie en milieu hostile et Alice (Isabelle Fuhrman), sa voisine qui a dû tuer sa mère pour survivre. Les rencontres que va faire le trio, parti sur la route pour retrouver le fils de Clay, vont alors rythmer le film, comme un condensé de plusieurs saisons de The Walking Dead. On ne voit pas toujours dans quelle direction veut aller le récit, si ce n’est qu’il est assez rapidement clair qu’il ne s’intéresse guère à comprendre la cause de cette apocalypse. Le fil narratif ayant trop de mou, l’intérêt fluctue, à l’instar d’une série aux saisons inégales dont les héros peu charismatiques ne gagnent en intérêt que suivant les lieux visités et les personnages rencontrés. La partie la plus intéressante arrive ainsi au début de la route, lorsque le trio fait la rencontre de Charles Ardai (Stacy Keach), directeur de la « Gaiten Academy » dont le stade a été envahi par les « phoners » qui s’y entassent durant la nuit, en état d’hypnose (ou plutôt de veille tant leur comportement semble être celui d’un simple téléphone recevant et émettant des signaux et devant se recharger pendant la nuit), pour y écouter de la musique. Plus que les autres, Ardai a compris le fonctionnement des phoners dont il admire le mode de fonctionnement et Stacy Keach est excellent lorsqu’il s’agit de jouer des personnages de patriarche ambigus. C’est le personnage le plus intéressant que l’on croisera sur cette route qui sera par ailleurs l’initiateur de la meilleure scène du film, la seule qui soit un peu originale et apporte un petit frisson. Le reste du récit est sans surprise et le rythme est aussi erratique que le jeu des acteurs qui donnent l’impression de s’animer pour quelques scènes avant de retomber dans un état léthargique.

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On peut donner crédit à Todd Williams d’avoir essayé de donner un peu de vie à ses cadres, notamment par son utilisation du zoom pour nous faire saisir l’isolement des personnages dans ces espaces abandonnés ou en lieu et place du classique champ/contrechamp dans une belle scène de confession. Todd Williams confirme qu’il est un bon metteur en scène mais qu’il n’est pas à l’aise avec ce type de matériau. La qualité de la mise en scène dans ces scènes intermédiaires ne suffit pas à faire un bon film mais lui maintient la tête hors de l’eau dans laquelle il plonge pendant les scènes d’action. Dès lors qu’on ne parvient pas à s’attacher au sort de ces personnages, Cell Phone, en ayant renoncé à toute contextualisation de son récit et au sous texte présent dans le roman, finit par tourner à vide jusqu’à une conclusion qui se veut maligne mais sonne comme un renoncement par rapport au roman.

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Titre Original:  CELL PHONE

Réalisé par: Todd Williams

Casting :  Samuel L.Jackson, John Cusak, Stacy Keach, Isabelle Fuhrman …

Genre:  Science Fiction, Horreur

Sortie le: 14 septembre 2016 en DVD et VOD

Distribué par: Marco Polo Production

2,5 STARS MOYEN

MOYEN

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