Si la situation n’est pas sans précédent, on se souvient de Richard Stanley viré de l’Ile du Docteur Moreau allant jusqu’à s’introduire grimé en monstre sur le tournage repris par John Frankenheimer (le documentaire Lost Soul retrace cet épisode), le licenciement à trois semaines et demi de la fin des prises de vue tournage du duo Phil Lord et Chris Miller (La Grande Aventure Lego) du film sur la jeunesse de Han Solo connait un retentissement considérable du fait qu’il advient sur la franchise la plus prestigieuse d’Hollywood. Lucasfilm avait déjà traversé un orage quand peu satisfait de la tournure que prenait le Rogue One de Gareth Edwards, Kathleen Kennedy sa dirigeante avait fait appel à Tony Gilroy (Michael Clayton) pour réécrire le troisième acte du film et prendre la direction d’extensifs reshoots. Le fait qu’Edwards ait accepté cette collaboration forcée, participé à la promotion du film et surtout que le résultat final ait fini par s’avérer excellent en termes artistiques et commerciaux évita la crise. Une crise ouverte à laquelle ne peux désormais échapper l’ex-bras droit de Steven Spielberg avec ce clash qui l’oppose à deux créateurs chéris du fandom qui la transforme en quelques heures de fée Mélusine à sorcière de Blanche Neige. Les articles autour de l’affaire font apparaître un conflit de génération entre la productrice souvent décontenancée par l’attitude de cette nouvelle génération de cinéastes, geek poussés en graine, qu’elle comptait imposer pour rajeunir l’image de la franchise et qu’elle trouve inadapté aux codes des grands studios. D’autre part les articles d’insiders font apparaître des « frottements » entre le duo adepte de l’improvisation sur le plateau et le scénariste du film le légendaire Lawrence Kasdan (L’empire contre-attaque, Les Aventuriers de l’Arche Perdu) ce dernier tolérant mal que l’on s’écarte de son script et qui estimait que Lord et Miller par leur direction dénaturaient le ton du film. Il faut se souvenir que initialement c’est ce projet qui l’avait fait revenir sur la saga, même si J.J Abrams l’avait convaincu d’écrire le script du Réveil de la Force à ses cotés (après avoir écarté le script écrit par Michael Arndt scénariste de Little Miss Sunshine). Dans ces conditions il apparaissait impossible que l’arbitrage se fasse en faveur des réalisateurs de 21 Jump Street face à une telle institution.
Dans de telles conditions le choix de Ron Howard (Apollo 13) apparaît quasiment comme le seul possible, aucun réalisateur en vue n’aurait accepté de jouer sa réputation passant derrière des confrères écartés de façon si soudaine et tardive (même avec cinq semaines supplémentaires prévues pour les reshoots). Howard est un proche des « familles » Lucas et Disney, souvenons nous qu’il réalisa Willow pour George Lucas qui voulait en faire une franchise équivalente à Star Wars dans la fantasy, et il prend en quelque sorte la balle pour la famille. Mais n’oublions pas qu’Howard est avant tout un vieux routier talentueux, un technicien solide rompu aux grosses productions et aux techniques d’effets spéciaux ainsi qu’une personnalité apaisante, ancien acteur le Richie Cunningham d’Happy Days est donc le plus à même de ramener la sérénité sur un plateau conflictuel et finir ce film d’aventures tant attendu. Quand à ceux qui s’inquiéteraient du sort de Lord & Miller « auteurs maudits broyés par le système » qu’ils se rassurent: la rumeur voudrait qu’ils aient rencontré les cadres de Warner Bros pour reprendre le projet The Flash qu’ils avaient abandonnés pour réaliser Han Solo.
Catégories :Actus
1 réponse »