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JOURNAL DE BORD CANNES 2017 Saison 4 Episode 8

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Festival de Cannes, Saison 4 épisode 8

Toujours un énorme plaisir de se lever au petit matin pour aller voir des films en exclusivité mondiale. En l’occurrence aujourd’hui, Les Proies de Sofia Coppola, un remake presque inavoué du film éponyme de Don Siegel, avec Clint Eastwood (The Beguiled en version originale). Alloué d’un casting composé d’habituées de la cinéaste (Kirsten Dunst, Elle Fanning) associées à de nouvelles têtes (Nicole Kidman, Colin Farrell), Les Proies a clivé les journalistes présents à la séance à l’issue de la projection. Pour ma part, c’est une petite déception, en dépit de qualités intrinsèques indéniables. Rendez-vous sur la critique complète du métrage, disponible prochainement sur notre site en ligne, pour en savoir plus.

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La suite de ma journée ? Vincent Macaigne ! Acteur français iconoclaste, salué pour ses nombreuses et convaincantes prestations ces quatre dernières années (La fille du 14 juillet, La Bataille de Solférino, 2 Automnes, 3 Hivers, Tonnerre, Les deux amis, La Loi de la Jungle), Vincent Macaigne est aujourd’hui présent au festival de Cannes pour présenter Pour le réconfort, son premier film en qualité de réalisateur. Programmé à l’A.C.I.D (Association du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion), Pour le réconfort met en scène deux personnages, Pascale et Pauline, qui reviennent sur les terres de leurs parents après des années de voyage, et se retrouvent dans l’impossibilité de payer les traites du domaine. Sur une trame similaire, préférez largement Ce qui nous lie, le prochain Cédric Klapisch à paraître en juin, au traitement nettement plus mémorable et au ton plus enjoué. Pour le réconfort est une « dramédie » en campagne vaine et hystérique où des bourgeois et des prolos s’étripent à grands renforts de joutes verbales inintéressantes et d’esclandres stériles. Le récit n’est jamais original, les enjeux, assez creux, peinent à susciter la moindre émotion, l’écriture est basique, et pour couronner le tout, le film est formellement atroce, tout juste sauvé par quelques jolis plans nocturnes. Summum du supplice : une scène de dispute interminable en voiture pour symboliser la lutte des classes que le film essaie de retranscrire, ou plutôt l’impossibilité de les réconcilier.

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Le sourire revient rapidement heureusement avec la leçon de cinéma dispensée par le maestro Alfonso Cuaron, cinéaste mexicain majeur et auteur de chefs-d’œuvre tels que Les fils de l’homme et Gravity. Assurément mon moment préféré du festival. Un instant magique dont je me souviendrai à vie. Interviewé par le vénérable Michel Ciment, critique de la Revue Positif, Alfonso Cuaron est revenu, avec nostalgie et passion, sur son parcours professionnel, de son passage sur les bancs d’une fac de philo à ses débuts fauchés au Mexique en tant que cinéaste jusqu’à son ascension progressive  à Hollywood. Cuaron en a profité, au détour de quelques questions de Ciment, pour évoquer son amitié avec Guillermo Del Toro, rencontré par hasard sur le plateau d’une série mexicaine à la Twilight Zone, et avec Emmanuel Lubezki, alias Chivo, son fidèle chef opérateur. Il a également délivré pas mal d’anecdotes sur ses diverses collaborations, notamment avec Patrick Doyle (talentueux compositeur de De Grandes Espérances), Richard Beggs (technicien du son réputé), ou encore celle nouée avec les différents enfants-acteurs qu’il a dirigés (Harry Potter et le prisonnier d’Azkhaban, c’était lui).

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Insistant sur la nécessité pour lui de trouver une « âme » dans une histoire afin de pouvoir la raconter, Cuaron a aussi souhaité rappeler ses différentes sources d’inspiration filmiques (Kubrick notamment, mais aussi La Bataille d’Alger, film de chevet qu’il a regardé plusieurs fois avant de tourner certaines séquences des Fils de l’Homme) et ce qui l’anime en tant qu’artiste pour s’accomplir et nouer des liens avec le public. Ponctuée d’extraits choisis de tous ses films (y compris l’introuvable Solo con tu pareja, son premier long réalisé pendant ses années de galère, et De Grandes Espérances, film qu’il renie en partie à cause de différents créatifs avec le studio), la MasterClass a pris un nouveau tournant à l’arrivée dans la salle de Guillermo Del Toro, venu s’installer tranquillement au premier rang pour écouter son ami, comme tout bon élève qui se respecte. La paire est alors partie dans une flopée de réflexions passionnantes sur l’Art, leur manière de raconter des histoires et de composer des images. Source intarissable d’anecdotes en tout genre, Cuaron s’est aussi penché sur l’importance pour lui, à un moment donné, de retrouver son identité, besoin qui l’a conduit à retourner au Mexique tourner Y Tu Mama Tambien et ainsi re-découvrir son pays natal, alors en pleine mutation. Tout en n’omettant pas de discuter des dimensions politique, philosophique, symbolique et parfois gothique de ses œuvres (Les fils de l’homme notamment), le réalisateur s’est aussi remémoré quelques-uns de ses projets avortés (Les Anges Déchus, avec Tom Hanks ou Tom Cruise en lead rôle, mais aussi un improbable film réunissant Charlotte Gainsbourg et Daniel Auteuil) avant de clôturer la discussion en rappelant son attrait pour le thème de la renaissance, sujet abordé frontalement dans son odyssée spatiale Gravity. Artiste en plein essor, d’une générosité dingue et au talent indéniable, Alfonso Cuaron s’apprête à sortir Roma en 2018, un drame tourné au Mexique et avec un budget modeste. On est plus qu’impatients de découvrir ce nouveau film.

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Fin de la journée avec The Merciless, film coréen réalisé par Byun Sung-hyun et projeté en séance de minuit dans le Grand Théâtre Lumière. On reviendra en très peu de mots sur The Merciless, tant la déception fut à la hauteur des attentes placées en lui. Des gens se tirent dessus sans que l’on comprenne bien qui tire sur qui et surtout pourquoi, voilà ce qu’est The Merciless. Mollasson, ennuyeux, brouillon dans sa narration (montage parallèle avec des scènes au présent et des flashbacks du héros avant et pendant son incarcération), ce polar s’oubliera sans doute très vite.

La fin du festival approche déjà à grands pas. Consolons-nous : demain matin, c’est la projection presse des très attendus Good Time avec Robert Pattinson et Brigsby Bear avec Mark Hamill.

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