SYNOPSIS: Guillaume Canet, 43 ans, est épanoui dans sa vie, il a tout pour être heureux.. Sur un tournage, une jolie comédienne de 20 ans va le stopper net dans son élan, en lui apprenant qu’il n’est pas très « Rock », qu’il ne l’a d’ailleurs jamais vraiment été, et pour l’achever, qu’il a beaucoup chuté dans la «liste» des acteurs qu’on aimerait bien se taper… Sa vie de famille avec Marion, son fils, sa maison de campagne, ses chevaux, lui donnent une image ringarde et plus vraiment sexy… Guillaume a compris qu’il y a urgence à tout changer. Et il va aller loin, très loin, sous le regard médusé et impuissant de son entourage. 

La filmographie de Guillaume Canet réalisateur, tutoyait le plus que parfait jusqu’à Blood Ties, son film américain adaptation du film de Jacques Maillot, Les liens du sang dans lequel Canet et François Cluzet jouaient les deux rôles principaux. Co-écrit avec James Gray, excusez du peu, avec un casting glamour en diable (Clive Owen, Mila Kunis, Billy Crudup, Marion Cotillard…) Blood Ties malgré sa nette propension à faire référence au cinéma des années 70 et à des auteurs comme Peckinpah ou Cassavetes, pêchait par un cruel manque de rythme sauvé par trente dernières minutes qui empêchaient le naufrage total. Le retour de bâton fut douloureux pour Guillaume Canet que deux gros succès publics (Ne le dis à personne et Les petits mouchoirs) avaient placé dans la short list des metteurs en scène qui comptent en France. Fort heureusement, celui qui avait commencé à construire une œuvre ambitieuse et populaire sans se reposer sur ses lauriers et en osant alterner les genres revient aux affaires quatre ans plus tard avec Rock’n roll une comédie acide en trompe l’œil qui renoue avec la causticité de son premier long métrage (Mon idole – 2002).

Avec Rock’n roll Guillaume Canet va loin. Il va même si loin qu’on est parfois à la lisière de le perdre, mais le culot et l’abattage de son scénario (co-écrit avec Philippe Lefebvre et Rodolphe Lauga) la ténacité à aller jusqu’au bout de son propos sans reculer pour de mauvaises raisons fait que l’intégrité et l’obstination rendent son film totalement atypique. A la fois drôle et lucide sur notre société où l’apparence est érigée en vertu nécessaire et cruellement jusqu’au-boutiste. Il en devient impressionnant à tel point qu’on se dit que non, il ne va pas aller où il va et que justement si, il y va.

Partant d’un postulat de départ proche du Grosse Fatigue de Michel Blanc ou de la série Platane d’Eric Judor (où Guillaume Canet apparaissait en guest), Rock’n roll s’échappe du carcan de la pâle copie ou du manque d’imagination en développant son propos d’une manière totalement inattendue qu’il serait criminel de dévoiler ici. On peut juste dire que la surprise est telle qu’elle emmène le film sur des sommets de burlesque sous-tendant une critique acide et réjouissante de l’image qu’une star est sensée renvoyer. Forcément, la frontière entre le faux et la réalité est mince et toute à l’appréciation du spectateur qui aura matière à se réjouir à de nombreuses reprises. Guillaume Canet fait en sorte que tout y passe de la vie familiale avec une Marion Cotillard qui maîtrise la dérision de soi à la perfection et qui nous sort une performance de haut vol à se tenir les côtes en passant par sa carrière qu’il piétine avec allégresse tout comme l’image de gendre idéal qu’il renvoie et qu’il prend un malin plaisir à distordre. En résulte des scènes savoureuses (notamment une avec un Johnny Hallyday phénoménal), des dialogues qui font souvent mouche, des moments surréalistes et complètement barrés suivis d’un final où Canet prend le risque d’un ouragan qui fera soit le bonheur des spectateurs qui seront dans le lâcher prise, soit les fera reculer. Nous on a choisi notre tempo et on adhère sans réserves à la rock’n roll attitude d’un Guillaume Canet à qui la comédie cinglante réussit magnifiquement.

Titre Original: ROCK’N ROLL

Réalisé par: Guillaume Canet