Critiques Cinéma

QUELQUES MINUTES APRES MINUIT (Critique)

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SYNOPSIS: Conor a de plus en plus de difficultés à faire face à la maladie de sa mère, à l’intimidation de ses camarades et à la fermeté de sa grand-mère. Chaque nuit, pour fuir son quotidien, il s’échappe dans un monde imaginaire peuplé de créatures extraordinaires. Mais c’est pourtant là qu’il va apprendre le courage, la valeur du chagrin et surtout affronter la vérité… 

Si avec ses deux premiers longs métrages (L’orphelinat en 2007, The Impossible en 2013), Juan Antonio Bayona avait démontré son talent de metteur en scène et de créateur d’univers, il avait aussi, à notre sens, montré des limites dans la direction d’acteurs et une propension à pousser un peu trop loin le curseur pour surligner l’émotion d’une scène, notamment par l’usage parfois assourdissant de la musique et un goût pour les ralentis qui écrasant ses scènes finissait par les dévitaliser. Nous étions donc impatients mais aussi anxieux au moment de découvrir son troisième film. En adaptant le roman de Patrick Ness, Juan Antonio Bayona retrouve le genre qui à notre avis lui sied le mieux, le fantastique, dans lequel il fit preuve d’une exceptionnelle maîtrise, notamment dans sa capacité à utiliser le genre pour traiter du réel et  de thèmes aussi lourds que la peur de l’abandon, la maladie et le deuil. En cela il se place dans une tradition du cinéma fantastique portant son regard sur l’enfance, qui a donné lieu à plusieurs chefs-d’œuvre notamment L’esprit de la ruche (Victor Erice, 1973), The Reflecting Skin (Philipp Ridley , 1990) et bien sûr Le labyrinthe de Pan (Guillermo del Toro, 2006).  Le récit fantastique est à la fois un échappatoire pour les épreuves traversées par l’enfant et une fenêtre sur le réel en ce qu’il se mue en un récit initiatique lui permettant de se confronter à ses peurs et de les exorciser. Le point d’entrée dans le fantastique est le même que dans l’histoire sans fin de Wolfgang Petersen: Un jeune garçon qui doit faire face à la mortalité de sa mère. Conor  (Lewis MacDougall) comme Bastian sont deux jeunes garçons introvertis devant faire face à cette épreuve et au harcèlement de leurs camarades. Si le récit de Wolfgang Petersen commence après le décès de la mère de Bastian, A Monster Calls confronte Conor aux dernier jours de sa mère, atteinte d’un cancer en phase terminale.

Si le récit et le film basculent dans le fantastique comme une projection de l’imagination débordante d’un enfant essayant de trouver en lui même les clés pour affronter ces épreuves, A Monster Calls se révèle absolument bouleversant dans la façon dont il rebascule dans le réel après chacune des « aventures fantastiques » de Conor. Si les effets spéciaux sont bluffants et que l’on suit avec des yeux d’enfant émerveillé les histoires racontées à Conor par ce « monstre » bienveillant, elles ne sont jamais déconnectées de ce qu’il est en train de vivre. Leur capacité à révéler la douleur sourde qui sommeille en lui émeut aux larmes, notamment dans une scène absolument déchirante au cours de laquelle ce qui paraissait ludique dans ce monde fantastique devient bouleversant lorsque Conor sort de sa rêverie et que lui, comme le spectateur, réalise ce qu’il vient de se produire.

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Les récits du monstre ont une portée initiatique, sont une allégorie permettant à Conor de comprendre et accepter ce qu’il est en train de vivre et auquel, aucun enfant ne peut être préparé. S’ils sont certes d’un intérêt inégal, ils prennent à chaque fois une dimension supplémentaire dans la façon dont ils font écho aux maux dont souffrent cet enfant. Par ailleurs, le choix de traiter des deux premiers récits par l’animation, outre le fait d’être visuellement sublime, leur donne une profondeur et une poésie qu’aucun effet spécial n’aurait pu apporter. L’immersion du spectateur et son implication n’en sont que plus grande alors que ces récits, en eux-mêmes, ne sont pas particulièrement éloquents.

L’interprétation de Lewis MacDougall est d’une maturité étonnante et en parfait accord avec le ton du récit, passant du fantastique au drame avec une aisance étonnante, sans rompre le fil ténu sur lequel tient l’équilibre du film. Son récit personnel comme les récits du monstre ont une portée universelle, délivrant avec une simplicité désarmante un message qui parlera au plus grand nombre. Si nous avions quelques craintes sur la capacité de Juan Antonio Bayona à mettre des gants de soie pour traiter cette matière si délicate, nous avons entièrement été rassurés. Si l’on voit bien à plusieurs moments les ficelles de cette histoire qui pourrait dégouliner en un drame indigeste, on se rend compte que tous les choix de mise en scène sont justifiés, que chaque détail du récit est pensé, jusqu’à la voix du « monstre » (Liam Neeson) et que toutes les pièces de ce délicat puzzle s’assemblent pour 20 dernières minutes qui vous feront quitter la salle avec les yeux encore humides.

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Titre Original: A MONSTER CALLS

Réalisé par: Juan Antonio Bayona

Casting : Lewis MacDougall, Felicity Jones, Sigourney Weaver,

Liam Neeson, Toby Kebbell, James Melville …

Genre: Fantastique, Drame

Sortie le: 04 janvier 2017

Distribué par: Metropolitan FilmExport

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