SYNOPSIS : Kairouan en Tunisie, peu après le printemps arabe. Hedi est un jeune homme sage et réservé. Passionné de dessin, il travaille sans enthousiasme comme commercial. Bien que son pays soit en pleine mutation, il reste soumis aux conventions sociales et laisse sa famille prendre les décisions à sa place. Alors que sa mère prépare activement son mariage, son patron l’envoie à Mahdia à la recherche de nouveaux clients. Hedi y rencontre Rim, animatrice dans un hôtel local, femme indépendante dont la liberté le séduit. Pour la première fois, il est tenté de prendre sa vie en main.

Hedi, un vent de liberté est le premier film de Mohamed Ben Attia. Il raconte l’histoire d’Hedi, écrasé par sa mère et son boulot, qui a pour seule échappatoire sa passion du dessin. Alors qu’approche son mariage visiblement organisé sans se préoccuper de ce qu’il pense, Hedi va commencer par fuir la réalité dans un hôtel où il fera la rencontre de Rim et il va peu à peu se reconstruire des rêves et des aspirations. Hedi raconte la naissance, la renaissance d’un individu, son passage d’un état quasi léthargique, cantonné dans un travail de commercial sans passions, ni envie de carrière, poussé par la famille, les traditions et une mère envahissante à épouser une femme très jolie mais qu’il connaît à peine et avec qui il partage peu de choses, à la libération. Alors que seul le dessin lui offrait une fenêtre de liberté dans cette vie où il laissait tout couler sur lui en attendant que le temps passe, sa rencontre avec Rim va lui offrir une porte de sortie, le pousser à découvrir ses envies, ses passions et il va enfin accéder à la condition d’être humain.

La réalisation de Mohamed Ben Attia suit discrètement son personnage et respecte ses silences. La prestation de Majd Mastoura est admirable, il s’épanouit au fur et à mesure et le jeu du couple rend vraiment crédible et touchante leur aventure. Bonne idée également d’avoir fait de la future femme de Hedi une femme magnifique, ce qui élimine toute idée qu’il tente de fuir pour une femme plus séduisante, sa fuite n’est motivée que par son besoin de liberté et ses passions retrouvées. Cette histoire humaine suivant ses personnages au plus près a séduit les frères Dardenne qui font partie des producteurs du film et ont porté Hedi à la Berlinale où il a remporté le Meilleur premier film et l’Ours d’argent du meilleur acteur pour Majd Mastoura, deux récompenses méritées.

Au-delà du thème, très présent dans le cinéma du Maghreb et Moyen-Orient de la libération du personnage des règles, coutumes et traditions qui l’entravent, ce qui fait la différence de Hedi est le portrait d’une jeunesse tunisienne post printemps arabe qui a cru en un renouveau, une révolution et la construction d’une société de liberté laissant de la place à leurs rêves et qui se retrouve face aux cruelles désillusions de la réalité. Dans leur vie quotidienne, malgré le départ de Ben Ali, rien n’a changé, les crises menacent toujours et leurs rêves font face à la nécessité de gagner leur vie dans un travail avilissant. Le thème de la pression familiale est également très présent, pression si forte que seul le clash violent peut amener à un semblant de résolution. Rim fuit les coutumes, les traditions qui lui pèsent. Ahmed, le frère de Hedi, a choisi de fuir le poids de la famille, la fuite est-elle la seule solution ? Il est intéressant de constater que Hedi et Tempête de Sable, qui sortira en janvier et porte également sur le thème des traditions et de la pression familiale ont choisi une résolution approchante.

Titre Original: INHEBBEK HEDI

Réalisé par: Mohamed Ben Attia