Chère Carrie Fisher,
Je me mets à la rédaction de ces quelques mots en m’adressant à vous que je ne connais pas personnellement bien sûr mais qui paradoxalement faites partie de ma vie depuis ma plus tendre enfance. J’écris ces mots que vous ne pourrez évidemment pas lire, mais quelle importance, puisque par delà les galaxies, vous recevrez bien les vibrations de ces millions de personnes que vous avez fait rêver, donc qui sait, ces mots atteindront peut-être leur destination malgré tout. J’avais besoin et envie de vous crier mon émotion au moment où vous tirez votre révérence et rejoignez les étoiles dont vous étiez déjà une éminente représentante depuis des décennies. Certes vous étiez Leia et ça personne ne vous l’enlèvera jamais, vous étiez cette princesse intrépide, cette héroïne belle et insoumise, ce porte-drapeau féministe dans une saga où vous n’étiez fort heureusement pas reléguée à jouer les utilités. Vous avez fait vibrer mon cœur de petit garçon madame, soyez-en remerciée à tout jamais, car j’avais beau me projeter dans le gentil Luke ou dans le charme irrésistible du courageux Han, vous voir virevolter sur les écrans de cinéma de la fin des années 70 jusqu’au milieu des années 80, dans ce rôle mythique fut un plaisir indicible, de ceux qui forgent une culture, qui façonnent une identité.
Vous êtes indissociable de la saga Star Wars et des étoiles que vous avez mis dans nos yeux de gamins qui eurent la chance de grandir quand vous voguiez dans l’univers merveilleux de George Lucas. Je me souviens des frissons quand vous apparaissiez dans l’Episode VII fin 2015, des poils qui se dressaient sur les bras au moment où vous vous blottissiez dans les bras de ce forban d’Han Solo. Les années avaient passées bien sûr, votre visage était marqué par les excès et le temps, mais vous nous avez redonné cette piqure d’adrénaline quand la nostalgie et le plaisir fusionnent pour donner naissance à un de ces sentiments difficile à expliquer mais qui envahit le corps et fait emballer le cœur. Peu de comédiennes peuvent se targuer de faire cet effet-là à près de quarante ans d’intervalle, mais vous réussissiez cette prouesse chère Carrie Fisher. Je ne sais pas si ces mots ont un sens pour vous, ni pour qui les lira dans cette galaxie ou dans une autre, mais ils m’apaisent et adoucissent le chagrin que je ressens aujourd’hui de vous voir partir si tôt.
Je repense à Leia évidemment comme tout le monde, mais je n’oublierais jamais votre visage et votre personnage de Marie dans ce film si cher à mon cœur, Quand Harry rencontre Sally et votre mythique « You‘re right, you‘re right, I know you‘re right. »
Vous étiez bien plus que seulement Leia, chère Carrie Fisher, vous qui dans les années 90 fut une script doctor que les producteurs de films aux scénarios en souffrance s’arrachaient. Vous étiez une actrice qui se baladait chez Joe Dante, chez Woody Allen, chez John Landis avant de vous illustrer avec votre plume qui vous permit de régler quelque comptes (avec Debbie Reynolds votre maman) puis avec vos addictions. Vous n’aviez pas la langue dans votre poche et votre personnalité affirmée ne s’était pas éteinte avec les années. Aujourd’hui notre cœur se serre au moment de vous voir vous éloigner dans l’horizon comme lorsqu’une silhouette disparait peu à peu sous notre regard. Vous oublier Carrie Fisher? Évidemment que non, que c’est tout bonnement impossible, que vous êtes pour toujours avec nous dans nos mémoires de cinéphiles et de gamins. Ceux qui vous auront snobé ou n’auront pas compris votre importance, la place que vous avez acquise dans la culture de millions de personnes ne savent pas à côté de quoi ils sont passés. Moi, je réalise la chance de vous avoir croisée sur un écran de cinéma quand je n’étais encore qu’un gamin et que vous avez jeté de la poussière d’étoiles dans mes yeux. Pour ça et pour tout le reste, je voulais vous dire merci. Et bonne route vers un monde meilleur. Ça ne devrait pas être très difficile d’en trouver un.
Votre dévoué Fred Teper
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