Critiques Cinéma

HIME-ANOLE (Critique) L’Étrange Festival 2016

2 STARS PAS GENIAL

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SYNOPSIS: Odaka, technicien de surface, aide son ami Ando à séduire Yuka, une jeune serveuse, en jouant les entremetteurs. Au café où travaille la jeune fille, Odaka rencontre par hasard Morita, un ami d’enfance que Yuka accuse de harcèlement.

Une des raisons pour lesquelles nous aimons tant L’Étrange Festival c’est l’éclectisme de sa sélection qui permet d’une séance à l’autre, de passer dans des univers radicalement opposés. Après Girl Asleep, nous changeons donc totalement de registre avec Hime Anole premier thriller de Keisuke Yoshida, lui aussi adepte des changements de genre puisqu’il était jusqu’ici spécialisé dans les comédies romantiques. Il faut ajouter à cela que son interprète principal, Morita Go est le leader du boys band V6, très célèbre au Japon. On peut imaginer maintenant ce que l’on penserait d’un thriller réalisé par Claude Lelouch et interprété par Matt Pokora et se dire qu’on aurait sans doute préféré revoir l’intégralité des épisodes de Joséphine ange gardien plutôt que courir le risque de faire un AVC devant un film aussi improbable. Même si nous pouvions nous rassurer en nous disant qu’il s’agit d’une adaptation d’un manga de Furuya Minoru, l’auteur de Himizu dont Sono Sion a réalisé une libre adaptation, c’est quand même avec une bonne dose d’inconscience mais une foi totale et aveugle dans les capacités transgressives du cinéma japonais que nous avons pris notre ticket pour cette séance.

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L’intervenant qui nous a présenté le film a eu raison de nous prévenir: il faut vraiment s’accrocher durant cette première partie qui se présente comme une rom com totalement inoffensive, en somme dans la continuité de la filmographie de son auteur. Deux losers : Okada (Gaku Hamada) et Ando (Tsuhoshi Muro) s’entichent de Yuka (Aimi Satasukawa), une belle serveuse qui travaille dans un café près de leur lieu de travail. Problème celle-ci est quotidiennement observée par un stalker, Morita (Morita Go), qui outre le fait d’être un ancien camarade de classe d’Okada est aussi légèrement psychopathe. Celui-ci reste néanmoins assez périphérique à cette première partie du récit qui se concentre sur le triangle amoureux Okada-Ando-Yuka et la dynamique de la relation entre ces deux losers, collègues de travail dans une société de nettoyage. Okada est le loser touchant, au look adolescent qui n’a aucune confiance en lui et ne peut imaginer que Yuka puisse avoir des sentiments pour lui. Ando est le loser lourd et pathétique, obstiné dans ses maladroites tentatives de séduction pour lesquelles il met Okada à contribution. Le charme de Yuka et la spontanéité d’Okada sont de solides arguments pour donner un peu d’intérêt à cette première partie mais soyons clair: on ne suit ce petit jeu de séduction que sur cette promesse qu’il puisse enfin céder la place à un jeu de massacre. Ce n’est pas désagréable, les dialogues sont vifs, on sourit à quelques reprises mais c’est tellement anodin que l’on se demande si on est bien à L’Étrange Festival ou à un festival de comédie romantique japonaise.

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C’est une très (très) longue exposition sur laquelle Yoshida parie pour ensuite, enfin, commencer le film qu’on attend de voir. D’ailleurs, lorsqu’il décide de cesser de tourner les pages roses, le triangle amoureux étant résolu et le temps de régler les comptes étant arrivé, le titre du film apparaît à l’écran pour marquer le début de ce film que l’on se désespérait de voir. Le contraste entre la gentille niaiserie du prologue romantique et la (relative) sauvagerie des meurtres ne fonctionne qu’à moitié ou plutôt, met du temps à convaincre. Les personnages, à l’exception de Morita, ayant toutes les peines du monde à convaincre dans ce nouveau registre. Morita va enfin laisser éclater la noirceur que l’on percevait depuis le début du récit mais qui ne restait jusque là qu’une vague menace. Sa personnalité est intéressante car comme le récit, elle est double. Dans une même scène, il peut passer du freak renfermé qui paraît inoffensif au psychotique ultra violent et sadique, notamment dans une scène de repas qui est clairement la meilleure du film. Keisuke Yoshida aimerait avoir cette double personnalité mais on sent qu’il se force et qu’il n’est guère à l’aise dans ces scènes violentes, mises en scène sans inventivité, à laquelle il manque l’énergie destructrice avec laquelle il souhaite contaminer son récit. Lorsqu’il tente une vraie transgression en faisant un montage parallèle entre une tendre scène de sexe et un meurtre sadique, on est surtout mal à l’aise devant la lourdeur et l’inefficacité du procédé. Quant aux quelques flashbacks censés expliquer les pulsions de violence de Morita et révéler la nature exacte de son lien avec Okada, ils ne s’intègrent pas forcément bien dans le récit et certains sont inutiles. On comprend que Yoshida a voulu apporter un peu de complexité à son récit et gratter le vernis qu’il a collé sur ses personnages dans le prologue mais, à vrai dire, on aurait eu envie de plus de simplicité, la barque étant déjà suffisamment chargée et peinant à rester à flots. C’est un problème d’équilibre plus qu’un problème d’écriture dont souffre le film. C’est parce que cette première partie est indigeste qu’on souhaite ensuite que le film file droit et n’emprunte pas ces chemins qui sont pourtant intéressants. Comédie à l’eau de rose, thriller ultra-violent, drame, Hime-Anole navigue sans virtuosité entre les genres et ne prend jamais l’envol espéré qui aurait pu faire de lui un des paris réussis de ce début de festival

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Titre Original: HIME-ANOLE

Réalisé par: Keisude Yoshida

Casting : Gaku Hamada, Ryusuke Komakine, Gô Morita…

Genre: Thriller

Sortie le: –

Distribué par: –

2 STARS PAS GENIALPAS GÉNIAL

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