SYNOPSIS: Loin d’un simple biopic de Pablo Escobar, Narcos retrace la lutte acharnée des États-Unis et de la Colombie contre le cartel de la drogue de Medellín, l’organisation la plus lucrative et impitoyable de l’histoire criminelle moderne. En multipliant les points de vue — policier, politique, judiciaire et personnel — la série dépeint l’essor du trafic de cocaïne et le bras de fer sanglant engagé avec les narcotrafiquants qui contrôlent le marché avec violence et ingéniosité.
C’est bien connu, plus l’on s’élève, plus il y a de chances que la chute soit fatale, et celle de Pablo Escobar se rapproche de saison en saison. La série, créée par Carlo Bernard, Chris Brancato, Doug Miro et Paul Eckstein, s’est donnée pour mission de faire la chronique de la longue bataille que les autorités colombiennes et américaines ont menée contre le grand patron de la drogue, jusqu’à la mort de ce dernier en 1993. La première saison avait convaincu la critique et le public, avec sa réalisation nerveuse et le travail épatant de Wagner Moura, qui incarne l’homme à abattre. Un portrait tout en finesse et en nuances, qui s’enrichit encore alors qu’Escobar quitte la prison dorée de La Catedral et reprends les rênes de son empire.
Commençons par une évidence : question atmosphère, la série a tapé dans le mille. Entre la musique enjôleuse de Pedro Bromfman, la cinématographie de Carmen Cabana (en charge de toute la seconde saison) et le rythme imposé par la réalisation, tour à tour langoureuse et musclée, c’est un vrai dépaysement que Narcos, qui nous transporte dans la Colombie des années 90 en un battement de cils. La narration de Boyd Holbrook, (l’agent Murphy) établit le cadre de l’action et nous donne suffisamment d’informations pour que l’on sache qui fait quoi et pourquoi (un mal nécessaire car il serait présomptueux d’assumer que les téléspectateurs savent tout de la vie d’Escobar) sans jamais pontifier. C’est un art délicat que d’instruire le spectateur sans le prendre pour un imbécile et Narcos s’en sort avec les honneurs. Autre grande prouesse technique de la série : le cadrage est exceptionnel. Certes, c’est le genre de chose auquel on ne prête généralement pas attention (c’est normal, la caméra n’est pas censée attirer l’attention sur elle), mais il faut rendre à César ce qui est à César, pour ce qui est de la saison deux, les cadreurs assurent. Puis il ne faut pas non plus oublier que, sans le fantastique boulot des cadreurs et des monteurs, les réalisateurs de la série n’auraient certainement pas reçu autant de louanges.
Pour ce qui est des acteurs, ils sont épatants : l’excellent Pedro Pascal (Oberyn Martell de Game of Thrones) qui joue l’agent Peña, passe de l’anglais à l’espagnol avec une facilité déconcertante, Paulita Gatan insuffle au personnage de Tata Escobar un mélange de force et de fragilité qui laisse sans voix et Maurice Compte et Diego Cataño, qui incarnent respectivement le Colonel Carrillo et La Quica, âme damnée d’Escobar, flirtent délicieusement avec la psychopathie, chacun à leur façon. Et puis bien sûr, flottant au sommet de tout ce petit monde, il y a Wagner Moura qui crève l’écran dans la peau du célèbre criminel.
La fin est proche pour le patron de la drogue. Cerné par ses ennemis, il réagit à la façon d’un animal blessé encerclé par des chiens de chasse. Son caractère impulsif se révèle dans toute sa splendeur et provoque une cascade de violence en effet de domino qui affecte tout le monde, depuis la police qui le piste incessamment aux pauvres gens de Medellín qui n’avaient rien demandé. Alors bien sûr, la série est criblée d’hémoglobine, de cadavres, de fusillades et de scènes de sexe gratuites, mais, presque en dépit du caractère choquant de certaines séquences, elle dégage une espèce de magnétisme auquel il est difficile de résister. Car le pouvoir de Narcos réside, non pas dans l’effet de surprise, mais dans l’inéluctable avancée du destin car on sait tous qu’Escobar n’en sortira pas vivant. Regarder les derniers soubresauts d’un homme condamné à mort a quelque chose d’hypnotisant, d’inexorable, de profondément tragique, et ce, malgré le fait que l’homme en question est en toute objectivité quelqu’un d’épouvantable. La série est de telle qualité cependant qu’on regardera Pablo Escobar se battre jusqu’à la fin en retenant notre souffle.
Crédits: Netflix
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