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PEAKY BLINDERS (Critique Saison 3) De la grande télévision

5 STARS CHEF D'OEUVRE

PEAKY BLINDERS SAISON 3

SYNOPSIS: En 1919, à Birmingham, soldats, révolutionnaires politiques et criminels combattent pour se faire une place dans le paysage industriel de l’après-Guerre. Le Parlement s’attend à une violente révolte, et Winston Churchill mobilise des forces spéciales pour contenir les menaces. La famille Shelby compte parmi les membres les plus redoutables. Surnommés les « Peaky Blinders » par rapport à leur utilisation de lames de rasoir cachées dans leurs casquettes, ils tirent principalement leur argent de paris et de vol. Tommy Shelby, le plus dangereux de tous, va devoir faire face à l’arrivée de Campbell, un impitoyable chef de la police qui a pour mission de nettoyer la ville. Ne doit-il pas se méfier tout autant la ravissante Grace Burgess ? Fraîchement installée dans le voisinage, celle-ci semble cacher un mystérieux passé et un dangereux secret.

Les visières aveuglantes sont de retour ! Il aura fallu attendre deux ans entre la saison deux et la saison trois, le temps que le créateur Steven Knight (qui signe tous les scénarios de ces six épisodes) nous concocte une belle histoire bien alambiquée comme il en a le secret. Diffusée depuis le 31 mai sur Netflix, la saison trois reprend le fil plus ou moins exactement là où elle l’avait laissé à la fin de la saison deux. Quelques temps se sont écoulés, mais du point de vue de l’intrigue, rien de bien nouveau n’est arrivé, si ce n’est que l’empire Shelby s’étend, encore et toujours, et qu’après Birmingham et Londres, Tommy et ses frères entrent en affaires avec l’international.

L’atmosphère de la série est toujours aussi prenante. La photographie de Laurie Rose, directeur de la photo de plus en plus en vogue au Royaume-Uni ces derniers temps, est toujours aussi sublime et met en relief les magnifiques costumes d’Alexandra Caulfield ainsi que les décors de Maxine Carlier. On ne peut éviter de mentionner les noms de ceux qui ont participé à la création des visuels, parce que, en dehors des trois piliers qui forment la sainte trinité cathodique (scénario, acteurs, direction), s’il est bien une chose qui fait que Peaky Blinders se démarque des autres séries du genre, c’est bien l’attention astreignante portée aux détails. L’équipe de production a monté le monde des Shelby de toutes pièces, et entre les designs de Richard Bullock et le travail de Julie Ann Horan et Katie Tuxford au service artistique, c’est un chef-d’œuvre d’ambiance qui a été recréé pour la série. On s’y croirait vraiment, dans les années vingt, perdus dans l’immensité de la campagne anglaise, à mi-chemin entre les demeures confortables de la grande bourgeoisie et la vie nomade des gitans du coin. Parce que les Shelby ont beau avoir grimpé l’échelle sociale au cours des deux dernières saisons, ils n’en restent pas moins une famille qui a grandi dans la misère et le nomadisme, et les costumes les mieux coupés du monde ne changeront pas le fait qu’ils sont, au fond, un gang qui vient de la rue.

Mais parlons-en donc de cette sainte trinité cathodique mentionnée plus haut. Steven Knight aura pris deux ans pour écrire cette nouvelle saison, ce qui a rendu les fans enragés, mais qui aura eu le mérite d’aboutir sur une intrigue d’une complexité divine, où l’on ne sait jamais qui est ami ou ennemi, qui va faire rater les plans les plus ingénieux à coup de bêtise ou qui va sauver la situation de manière inattendue. C’est un don qu’il a, Monsieur Knight, que de vous écrire une scène qui commence comme toutes les scènes classiques du genre et qui ne se termine pas du tout, mais alors pas du tout comme vous le pensiez. Notre scénariste-en-chef a une maîtrise de la surprise qui se fait rare en ces temps d’hyper solidification des codes de la télé. Pour la réalisation, c’est Tim Mielants qui mène la danse comme Petipa menait ses ballets : avec une idée très claire de ce qu’il veut et un flair infaillible pour se débarrasser de ce dont il n’a pas besoin. Quant aux acteurs, ils sont la cerise la plus rouge sur le meilleur des gâteaux et offrent des performances qui sont, en toute franchise, à tomber par terre. On est en manque d’épithètes pour qualifier le travail de Cillian Murphy, complètement habité par le personnage de Tommy Shelby, acrobate de l’émotion, maître de la nuance, complètement fascinant à chaque seconde où il apparaît à l’écran. A ses côtés sont Paul Anderson et Joe Cole qui jouent ses frères Arthur et John Shelby, tous les deux brillants acteurs totalement à l’aise dans la peau de leurs personnages. La fantastique Helen McCrory, le (relativement) petit nouveau Finn Cole et la jolie Sophie Rundle viennent compléter le tableau familial dans les rôles de la tante Polly, du cousin Michael et de la petite sœur Ada. Côté nouvelles têtes, on découvre Gaité Jansen qui prête ses yeux de biche au personnage de Tatiana, Jan Bijvoet dans la peau du Grand Duc Leon Petrovich et Paddy Considine dans celle du Père John Hughes, prêtre catholique avec qui Tommy va croiser le fer. Même Tom Hardy revient faire une apparition dans la série, et ce en dépit de son emploi du temps surchargé. C’est vous dire la qualité du produit. De la grande télévision.

Crédits: BBC2

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