Critiques Cinéma

MEN AND CHICKEN (Critique)

3,5 STARS TRES BIEN

men & chicken affiche

SYNOPSIS: A la mort de leur père, Elias et Gabriel découvrent qu’ils ont été adoptés et que leur père biologique, Evelio Thanatos, est un généticien qui travaille dans le plus grand secret sur une île mystérieuse. 
Malgré leur relation houleuse, ils décident de partir ensemble à sa rencontre. Arrivés sur cette île éloignée de la civilisation, ils vont découvrir une fratrie étrange et des origines inquiétantes. 
Il devient évident que, décidément, on ne choisit pas sa famille. 

Étonnante carrière que celle d’Anders Thomas Jensen. Cinéaste à l’univers immédiatement reconnaissable, il est aussi un scénariste prolifique et très reconnu, œuvrant dans des genres aussi divers que la comédie, le drame, le film historique ou même le western (le très bon The Salvation). Il est notamment le scénariste de six films de Susanne Bier (dont Revenge qui remporta l’oscar du meilleur film étranger en 2010), a collaboré avec Lars Von Trier pour Antichrist et prépare l’adaptation de La Tour Sombre de Stephen King. Comme réalisateur, le succès a rapidement été au rendez-vous. Ses trois premiers courts métrages ont tous reçu une nomination aux oscars, le 3ème Valgaften repartant même avec la statuette. Suivirent trois films qui ont tous marqué les esprits (Flickering lights, Adam’s Apple, Les Bouchers verts) et participèrent à révéler un quasi inconnu, devenu depuis une star mondiale: Mads Mikkelsen. C’est avec lui et quelques uns de ses acteurs fétiches qu’Anders Thomas Jensen revient à la réalisation, après une pause de dix ans, durant laquelle il se sera entièrement consacré à son travail de scénariste.

Men and Chicken débute comme un conte, une voix d’enfant introduisant l’histoire de cette famille de gueules cassées et de cerveaux ramollis, auxquelles la vie n’a pas distribué les bonnes cartes. À la mort de leur père, Gabriel (David Dencik) et Elias (Mads Mikkelsen) découvrent une vidéo dans laquelle il leur révèle la vérité (en partie) sur leurs origines. Cette révélation les emmènera sur la piste de leur véritable père, un mystérieux généticien bientôt centenaire qui vit dans un immense sanatorium avec leurs trois demi-frères. Mads Mikkelsen n’est pas revenu pour faire de la figuration et on sent qu’il prend un immense plaisir à porter la moumoute et le dentier pour interpréter ce personnage bas du front et lâche qui a manifestement passé moins de temps sur les bancs de l’école qu’à se masturber dans les bois ou les toilettes (il pourrait être le fruit des amours d’un Deschiens et de Damien Baïzé). Les quatre autres membres de cette fratrie ne sont guère plus évolués, à l’exception peut être de Gabriel qui est le seul à travailler et à être capable de se comporter correctement en société. Franz (Soren Malling), Josef (Nicola Bro) et Gregor (Nikolaj Lie Kaas) que l’on a vu beaucoup plus à son avantage dans la trilogie des Enquêtes du département V) ont grandit dans ce sanatorium, entouré de poules et coupés des autres rares habitants de cette petite île. Leur inhospitalité, leur physique peu avenant, leur brutalité et leurs capacités mentales très limitées font penser au début à des cousins de Leatherface mais le rire l’emporte rapidement et ces trois là sont plus une version trash des frères Stooges.

Anders Thomas Jensen excelle dans ce registre de la farce teintée d’un humour très noir. On rit beaucoup avec ces personnages excessifs mais auxquels on finit par s’attacher. On pense aux frères Farelly qui avaient d’ailleurs réalisé un film (certes très anecdotique) sur les frères Stooges. Le rire née de l’absurdité des situations et de la bêtise de ces frères ne se retourne pas contre eux. À aucun moment, on ne sent le regard moqueur d’un réalisateur qui se servirait d’eux pour déclencher un rire derrière lequel il n’y aurait aucune réflexion. À travers l’histoire des retrouvailles de cette fratrie et derrière l’efficacité comique de la farce se dessine une fable humaniste sur ces personnages un peu attardés, en apparence repoussants et violents, partageant le même toit que des animaux dont ils semblent préférer la compagnie à celle des hommes. Ces trois frères font aussi penser à Lennie Small, le personnage du roman Des Souris et des Hommes de Steinbeck et on comprend pourquoi leur père, conscient de leur nature les a élevés sur cette île qui plus est à l’écart de ses quelques rares habitants. Cette dimension permet au film de conserver un intérêt et un fort capital sympathie, même pendant le gros coup de mou qu’il accuse lorsque le récit, coincé dans le sanatorium, commence sérieusement à patiner. C’est lorsque « l’enquête » d’Elias et Gabriel sur l’identité de leur mère avancera enfin un peu et que l’on bascule progressivement dans le fantastique que le film trouvera un nouveau souffle et que les intentions d’Anders Thomas Jensen apparaîtront plus clairement. Le scénario un peu trop basique est moins convenu qu’il n’y paraît même s’il tarde à dévoiler ses « twists » et à sortir du registre de la farce, certes souvent très drôle mais à la longue, fatigante. Au final, sans être aussi réussi que Les bouchers verts et Adam’s apple, Men and Chicken n’en demeure pas moins un très bon « petit film » qui aurait pu aspirer à plus mais dont plusieurs scènes et l’interprétation de Mads Mikkelsen vous feront beaucoup rire et vous resteront en mémoire.

men & chicken affiche

Titre Original:  Mænd & høns

Réalisé par: Anders Thomas Jensen

Casting :  Mads Mikkelsen, David Dencik, Soren Malling,

Nicolas Bro, Nikolaj Lie Kaas, Bodil Jorgensen…

Genre: Comédie dramatique,

Sortie le: 25 mai 2016

Distribué par: Urban Distribution

3,5 STARS TRES BIENTRÈS BIEN

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