Critiques Cinéma

THE END (Critique)

3 STARS BIEN

the end affiche

SYNOPSIS: Un homme part chasser dans une forêt qu’il croyait connaître. Mais son chien s’enfuit puis son fusil disparaît. Alors qu’il se perd, une atmosphère hostile et étrange s’installe… 

Guillaume Nicloux avait eu l’idée de Valley of love après un voyage dans la vallée de la mort au cours duquel lui était apparu son père, décédé trois ans plus tôt. Cinéaste d’instinct, aimant l’expérimentation , son inspiration est cette fois venue d’un rêve dans lequel Gérard Depardieu, avec lequel il venait de terminer le tournage de Valley of Love, se perdait dans la forêt. Avec The End, Nicloux porte à l’écran ce rêve étrange né de sa fascination pour Depardieu (l’homme et l’acteur), cet ogre sensible auquel il offre un rôle qui le montre tel qu’il est, comme une matière brute à peine façonnée par une mise en scène qui cherche avant tout à accompagner ses déplacements, à capter le moindre de ses gestes. Pour brouiller un peu plus la frontière entre le personnage et son interprète, ce chasseur que l’on suit dès son réveil n’a pas de nom, on ne nous dit rien de lui, on le regarde se préparer, s’enfoncer dans la forêt avec son fusil et son chien comme si on prenait en court un épisode d’histoires naturelles. N’ayant que très peu de clés, on s’interroge d’abord beaucoup sur l’intérêt du récit, sur le sens de la démarche de Nicloux. Autant vous prévenir, si vous êtes allergique à Depardieu, vous ferez un choc anaphylactique au bout de cinq minutes. Il est au centre du film, sa seule raison d’être, il en est sa force et sa limite. Sa force, en ce que, tel un ogre il dévore chaque plan, suspend le spectateur à ses mouvements, à ses borborygmes. Ce corps massif, ce mélange de force brute et de fragilité est au centre de l’écran, fascine. On le suit d’emblée, comme hypnotisé, sans même savoir où le récit nous emmène. C’est un parti pris radical qui peut laisser le spectateur sur le bord de la route et qui tient tant bien que mal parce qu’il repose sur la fascination qu’exerce Depardieu.

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On pense à Darren Aronofsky qui avait lui aussi chercher à coller au plus près d’un Mickey Rourke (The Wrestler) dont il semblait capter la « vérité » comme aucun autre avant lui et qui montrait ce corps abîmé par des années d’excès. On s’enfonce dans son siège à mesure que ce personnage sans nom, sans but, s’enfonce dans la forêt, à la recherche de son chien, bientôt privé de son fusil et guetté par la faim, la soif et l’épuisement. On sourit plus qu’on ne s’inquiète pour ce drôle de chasseur qui carbure au Schweppes Agrumes et qui appelle en vain son chien auquel il a mystérieusement donné le nom d’un des meilleurs amis de Mario (Yoshi). Les personnages rencontrés par ce chasseur amènent encore plus d’étrangeté dans ce récit en même temps qu’ils l’éclairent en confirmant que Nicloux s’intéresse autant à la psyché qu’au corps du maître de Yoshi. On se demande si ce jeune homme étrange puis cette femme nue, mutique, apparemment victime d’une agression, sont réels ou s’ils sont une projection des angoisses et des désirs du chasseur. L’enjeu du film se déplace et c’est une bonne chose tant cette histoire pouvait sembler vaine jusqu’alors.

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En inoculant du mystère et en quittant le naturalisme pour flirter avec le fantastique, le film explore des sentiers bien plus intéressants, cette forêt n’étant plus seulement un décor dans lequel Depardieu se perd mais une forêt des songes dans laquelle se joue quelque chose d’autrement plus vital. The End demeure tout de même un objet bien étrange, semblant d’abord s’intéresser avant tout à son acteur et trouver très vite ses limites mais qui heureusement, s’élève grâce un dernier tiers et une conclusion qui éclairent et valident la démarche de son réalisateur.

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Titre Original: THE END

Réalisé par: Guillaume Nicloux

Casting : Gérard Depardieu, Audrey Bonnet, Swann Arlaud,

Xavier Beauvois…

Genre: Fantastique, Drame

Sortie le: 8 avril 2016 en e-cinema

3 STARS BIENBIEN

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