SYNOPSIS: Rick Carver, homme d’affaires à la fois impitoyable et charismatique, fait fortune dans la saisie de biens immobiliers. Lorsqu’il met à la porte Dennis Nash, père célibataire vivant avec sa mère et son fils, il lui propose un marché. Pour récupérer sa maison, sur les ordres de Carver, Dennis doit à son tour expulser des familles entières de chez elles.
99 Homes utilise la forme du thriller pour parler du drame des saisies immobilières par les banques dans le sillage de la crise de 2008 porté par une extraordinaire composition de Michael Shannon, l’acteur spécialiste des personnages peu sympathiques incarne ici Rick Carver inflexible promoteur immobilier, qui fait le sale boulot des banques en expulsant les propriétaires ne pouvant plus payer leurs crédits et qui va être l’antagoniste de notre héros Dennis Nash (Andrew Garfield). 99 Homes s’ouvre sur un plan saisissant dans la maison d’un homme qui vient de se suicider dans sa salle de bains qu’observe froidement Carver venu l’expulser. Sans aucun remord, renseigné par la police locale, Carver en dépit de la haine qu’il inspire poursuit sa besogne sans égard pour la détresse de ses victimes. Un autre acteur aurait pu se contenter de faire du personnage un démon en costume de lin mais Shannon, virtuose de la vilénie, nuance son personnage certes amoral mais qui n’est qu’un rouage d’un système dont il a saisit les opportunités. Il soulève des arguments légitimes sur la façon dont le gouvernement et les banques ont encouragé des comportements financièrement irresponsables et l’irresponsabilité des propriétaires qui ont acheté des propriétés trop grandes sans penser aux conséquences à long terme. Shannon parvient à transmettre la solitude intérieure, le désespoir tranquille d’un homme qui sait qu’il est allé trop loin dans l’infamie pour revenir en arrière. Son personnage et sa performance rappelent le Kevin Spacey de Swimming with sharks.
Par comparaison Dennis Nash,ne pourrait pas être plus différent, jeune homme honnête vivant auprès de sa mère (Laura Dern) et de son jeune fils (Noah Lomax) est déterminé à conserver sa maison coûte que coûte. Travaillant dans la construction il se retrouve au chômage et bientôt expulsé par Carver et se trouvant obligé de vivre dans un motel, refuge de nombreuses familles d’expulsés. Nash tente de gagner assez d’argent pour reprendre son bien et l’intrigue va évidemment faire que le seul travail disponible va lui être offert par Carver qui voit en lui peut être l’image de ce qu’il fut autrefois. Il commence par des taches anodines effectuant quelques réparations dans les maisons saisies dans le sillage de son nouvel employeur. Mais rapidement ce dernier lui confie plus de responsabilités lui enseignant ses combines pour gruger le gouvernement et les banques, et il fini par accepter d’expulser lui-même des familles . Les scènes d’expulsions, terribles, s’enchaînent selon le même scénario impitoyable la confusion des familles qui tentent de négocier, leur indignation qui précède le renoncement. Jeunes couples, vieillard sénile ou parents d’un bébé tous finissent de la même façon : sur le trottoir face à leur ancienne propriété, entourés de leurs biens tandis que leurs voisins les observent avec un Nash pris dans l’engrenage mais qui se convainc qu’assez d’argent réglera ses problèmes.
Dennis est si fidèle à sa famille et ses amis que le spectateur reste de son coté même quand sa morale vacille et ses justifications sont plus en plus faibles. Garfield est un acteur très doué pour exprimer une forme de désespoir noble comme il le fit dans The Social Network. Il est à son meilleur quand son personnage régurgite le discours de Carver avec beaucoup de passion , mais pas nécessairement beaucoup de conviction, ce discours de Carver qui trouve un écho actuel avec la campagne de Donald Trump et son éloge des « winners ». Au cours des dernières scènes, 99 homes change de tonalité de manière peu convaincante et nous place presque devant un film différent – bien moins puissant et original s’appuyant sur des ressorts mélodramatiques dont les artifices finissent par submerger le drame (même si on a droit à une scène qui réunit dans la même pièce Clancy Brown et Michael Shannon !) et peine à offrir une conclusion convaincante aux dilemmes de ses personnages aux abois. Malgré tout grâce à de formidables dialogues, son duo d’interprètes et des scènes qui marquent les esprits 99 Homes est un excellent « thriller social ».
Titre Original: 99 HOMES
Réalisé par: Ramin Bahrani
Casting : Andrew Garfield, Michael Shannon, Laura Dern,
Tim Guinee, J.D Evermore, Juan Gaspard…
Genre: Drame
Sortie le: 18 mars 2016 en e-cinema
Distribué par: Wild Bunch Distribution
TRÈS BIEN
Catégories :Critiques Cinéma