Critiques Cinéma

JANE GOT A GUN (Critique)

3,5 STARS TRES BIEN

JANE GOT A GUN AFFICHE

SYNOPSIS: Jane Hammond est une femme au caractère bien trempé mariée à Bill, l’un des pires bandits de la ville. Lorsque celui-ci se retourne contre son propre clan, les terribles frères Bishop, et qu’il rentre agonisant avec huit balles dans le dos, Jane sait qu’il est maintenant temps pour elle de troquer la robe contre le pantalon et de ressortir son propre pistolet. Le meilleur espoir de Jane n’est autre que son ancien amour Dan Frost, dont la haine envers Bill n’a d’égal que son amour pour Jane.  

Alors que son mari, Bill Hammond, revient à la maison le corps criblé de balles avec, sur ses talons, la bande de John Bishop flairant l’odeur du sang, Jane se voit contrainte de prendre les armes pour défendre les siens, tout en faisant appel à son ancien amant, Dan Frost, pour repousser les bandits venus jusqu’à sa porte. Curieux comme ce film souffre d’une réputation injuste, découlant sans doute en grande partie de sa production très chahutée. L’équipe technique et le casting ont en effet connu un sacré turn-over depuis 2013, mais pas forcément pour le pire. Alors que s’affiche très clairement l’ambition louable de faire de ce western soft un survival au féminin, plongeant son héroïne, aux abois, dans un monde impitoyable où les hommes de peu de foi font la loi, la réalisatrice a pourtant choisi de mettre les voiles, au profit de Gavin O’Connor (Warrior). Si le scénario, lui aussi, a connu quelques changements, il paraît très vite évident que le film, loin de pâtir de ces débuts chaotiques, est très loin du flop annoncé. Pourtant, le manque de promo lui aura été indubitablement fatal, tout comme sa sortie tardive en salles, peu aidée par une bande-annonce qui en dit trop, et mal. C’est malheureux, mais parfois, croire que l’on sait à quoi s’attendre d’un film n’est pas ce qu’il peut lui arriver de mieux. Car s’il puise sa source d’inspiration dans les codes archi balisés d’un western classique dans lequel l’imagerie est un sans-faute, l’histoire elle, prend le large.

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Ironiquement, rapport à la bande-annonce trop bavarde, Jane Got A Gun est un film sur les faux-semblants. Un cas « typique » de récit en puzzle, qui se reconstruit lentement au gré de flashbacks éclairant peu à peu des pans entiers d’une intrigue plus complexe qu’il n’y paraît. Et dans laquelle rien n’est finalement ce qu’il est censé être. D’avantage qu’un film d’action – l’essentiel de la castagne intervenant dans l’ultime tiers du film en une fulgurance aussi intense que brève – on a affaire ici à un drame profondément intime, viscéral même, dont les plus clairvoyants appréhenderont certains contours via le conte ouvrant le film avec son « arbre à l’envers ». C’est un film à personnages. Il y en a peu, et l’on y prête une attention accrue, bien qu’elle laisse de côté un antagoniste majeur : John Bishop (Ewan McGregor). Assez archétypal, pour le coup, on en apprendra finalement assez peu sur le bandit qui vaut 5000$, mort ou vif. Mais l’on dévidera lentement mais avec délectation – et une pointe d’appréhension – le fil de la romance moribonde entre Jane (Natalie Portman) et Dan Frost (Joel Edgerton). C’est cette application autour du trio de tête, complété par Noah Emmerich, qui donne toute sa puissance narrative au film, l’élevant bien haut au-dessus des plaines désolées du Nouveau-Mexique, que l’on survolera comme un accessoire nécessaire, bien que magnifiées dans les plans dont elles tiennent la vedette. L’essentiel du drame se jouera, lui, à huis-clos, calfeutré dans l’atmosphère à couper au couteau d’une maison en fin de route, dans l’expectative du pire.

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Là où il réussit superbement son pari, c’est dans la façon qu’il a de magnifier le rôle de la femme rendue à son instinct primaire, maternel, redevenue une louve parmi les hommes, résolue à protéger les siens quoi qu’il en coûte, avec une rage froide, une détermination résignée. Natalie Portman y est absolument sublime, révélée dans sa beauté naturelle, profondément humaine, entre fragilité et force incommensurable. Épaulée par les deux cow-boys de sa vie, qui sont là d’avantage pour souligner encore la force du personnage et exalter son parcours délicat que pour en faire une petite chose à protéger par-dessus tout, elle démontre, sans avoir à verser dans la badass attitude, qu’elle est aisément l’égale de ces messieurs. Et sans forcer. Pendant indispensable à cette femme résolue, Dan Frost, campé avec une sobriété de bon ton par Joel Edgerton, qui déploie dans son jeu une maturité singulière, reflétant une force tranquille, saine et fiable, qui achève de faire de ce duo un couple de cinéma remarquable, au service d’une histoire forte, qui prend aux tripes. En résumé, Jane Got A Gun se sert du western comme d’un cadre particulier pour y conter son histoire toute en pleins et en déliés, l’hostilité environnante n’étant qu’un prétexte visuel, un effet de style placé en toile de fond pour renforcer l’impact émotionnel du récit. On est loin d’O.K. Corral. Moins qu’un western dans lequel ça fusille à tout-va, il faut s’attendre à savourer, patiemment, la mise en place d’un drame qui court sur des années et a attendu sa résolution, longtemps, atteignant son paroxysme dans une vendetta intime et éclatante qui sublime ses protagonistes, écorchés vifs. Un film précieux à réévaluer d’urgence.

JANE GOT A GUN AFFICHE

Titre Original: JANE GOT A GUN

Réalisé par:  Gavin O’Connor

Casting : Natalie Portman, Joel Edgerton, Ewan McGregor,

Noah Emmerich, Rodrigo Santoro, Boyd Holbrook…

Genre: Western, Action, Drame

Sortie le: 27 janvier 2016

Distribué par: Mars Distribution

3,5 STARS TRES BIENTRÈS BIEN

1 réponse »

  1. Merci, Stéphanie Gaillard, pour cette critique qui s’articule sans heurt avec ma propre réception et perception du film…
    … J’en ai assez de ces critiques « télérama-iens » qui regardent les œuvres d’artistes (pour qui leur travail est souvent un travail de recherche de toute une vie), d’une hauteur présumée et avec le mépris d’un raisonnement qui se veut irréfutable.
    La fin de votre papier, notamment, est une belle synthèse, me semble-t-il, des enjeux et ressorts de cet intime drame.
    Bernard Dato

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