Au commencement...

Au commencement… (Séries) Vinyl 1×01

vinyl AU COMMENCEMENT

4-stars-excellent

SYNOPSIS: L’histoire de quarante ans de musique à travers les yeux de Richie Finestra, un producteur de disques qui tente dans les années 70 de faire renaître de ses cendres son label en trouvant de nouveaux sons et de nouveaux talents alors qu’il traverse sa crise de la quarantaine. Drogue, sexe, punk et disco deviennent son quotidien…

Depuis l’annonce du projet, depuis les premières images, l’attente qui escorte Vinyl est proportionnelle aux promesses véhiculées par son curriculum proprement étourdissant. Excusez du peu: Martin Scorsese + Mick Jagger + Terence Winter + Bobby Cannavale dans une série, sorte de grand huit sensé véhiculer la sainte trinité : Sexe, drogue et rock’n’roll. Après Boardwalk Empire, Scorsese récidive donc en apposant son nom sur une série HBO avec en cadeau bonus sa bienveillante présence à la réalisation de l’épisode pilote, mais aussi une implication à tous les stades de la production ainsi que sur le ton et l’aspect créatif de la série (scripts, choix des chansons…). Avec Vinyl, on ne lésine ni sur les moyens ni sur la durée puisque ce premier épisode dure quasiment deux heures. Et c’est paradoxalement là que le bât blesse. Car ce pilote aussi jubilatoire, intense et prenant qu’il soit -et il l’est- ne ressemble pas réellement à un pilote de série. Devant Vinyl on a plus la sensation de regarder le nouveau film de Martin Scorsese. On y trouve d’ailleurs tous les ingrédients propres à son cinéma: Une bande son incroyable, une maestria dans la mise en scène avec notamment des mouvements de caméra déjà entraperçus ça et là chez le maestro, une violence grandiloquente, une reconstitution précise et minutieuse, de la coke par saladiers entiers, du sexe (pour l’instant à dose homéopathique), des séquences hilarantes à la lisière de l’absurde bref tout ce qui fait un Scorsese et tout ce qui fait qu’on a envie d’y revenir. Parce que c’est addictif, magistralement agencé et résolument moderne quelle que soit l’époque traitée et parce que rien n’est laissé au hasard. Vinyl était d’ailleurs au départ un projet envisagé pour le cinéma par Scorsese et Jagger et le script ne s’est semble t-il pas affranchi de cette volonté ce qui pose deux problèmes fondamentaux: Les enjeux narratifs paraissent resserrés jusqu’à plus soif, à tel point que l’on semble se diriger vers un goulot d’étranglement qui risque de compliquer une ouverture du récit par la suite. Et alors qu’un pilote est sensé poser les bases des personnages principaux et mettre en place le terreau psychologique qui doit se développer au fur et à mesure des épisodes, les contours de Richie Finestra semblent plus esquissés que réellement posés. Les autres personnages autour de cette figure centrale, n’ont pas non plus d’écrin à leur mesure puisqu’ils apparaissent et disparaissent du cadre au gré d’un script qui ne leur permet pas de prendre l’ampleur qu’ils mériteraient certainement si ce n’est celui interprété par Juno Temple, formidable, et dont le personnage d’assistante méprisée par ses collègues masculins alors qu’elle est bien plus douée qu’eux, existe déjà pleinement.

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Quand la série débute nous sommes en 1973, alors que la boîte de Finestra, au bord du gouffre financier est sur le point d’être rachetée par des allemands, mais des allers et retours temporels vont nous permettre de comprendre comment il s’est retrouvée dans cette situation, fort d’une ascension et d’une vie à la fois électrisante et épuisante, perdu entre la réalité d’un métier finalement peu reluisant et le bonheur, chimère qui finit par s’évaporer dans le miroir aux alouettes. La série montre une époque révolue où les courants musicaux émergents comme le punk, la disco ou le hip-hop sont en train de mettre le rock’n’roll sous l’éteignoir et on voit clairement que l’ambition des créateurs de Vinyl est, sous couvert de leur passion pour la musique de mettre en perspective les méfaits du business sur les ambitions artistiques et les compromis que l’art finit toujours un jour ou l’autre par susciter. Virevoltant, grisant, séduisant à plus d’un titre, convoquant des artistes divers et variés entre véritables icônes comme Led Zeppelin ou un groupe imaginé pour les besoins de l’intrigue, les Nasty Bits, dont le chanteur est interprété par James Jagger, le fils du leader des Rolling Stones, Vinyl frappe très fort. L’interprétation exceptionnelle de Bobby Canavale, la reconstitution d’un New-York déliquescent absolument remarquable, le montage, les dialogues ainsi qu’une scène finale dantesque, tout concoure à porter Vinyl aux nues et on peine à dire du mal de ce pilote. Mais l’objectivité nous oblige à constater que ses limites se trouvent dans l’impression tenace que Scorsese régurgite ses marottes et les plaquent sur un scénario touffu qui va devoir trouver la bonne cadence pour s’adapter au média qu’il embrasse et non pour plier ce média à ses desiderata. Mais c’est fait avec tellement de virtuosité, de sincérité et de talent, c’est tellement ébouriffant, que l’on se sent prêt à pardonner certaines facilités qu’on sanctionnerait immédiatement chez d’autres. Attendons la suite, car à ce stade, Vinyl est un diamant brut qui, pour réussir sa mue en série et convaincre totalement devra creuser son sillon.

Vinyl, dès le 15 février sur OCS City US+24 à 20: 55 disponible dans les offres Canal

Crédits: HBO/OCS City

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