SYNOPSIS: The Danish Girl retrace la remarquable histoire d’amour de Gerda Wegener et Lili Elbe, née Einar Wegener, l’artiste danoise connue comme la première personne à avoir subi une chirurgie de réattribution sexuelle en 1930. Le mariage et le travail de Lili et Gerda évoluent alors qu’ils s’embarquent sur les territoires encore inconnus du transgenre.

La transexualité au cinéma est rare et marquante. Du délirant Rocky horror picture show à l’émouvant Tout sur ma mère d’Almodovar, le sujet est globalement traité sur le ton du décalage créant le plus souvent l’humour. Tom Hooper adapte ici le journal intime de la première personne a avoir effectué une chirurgie afin d’avoir le corps lui correspondant. Cinéaste reconnu pour ses deux derniers longs métrages, Le discours d’un Roi avec 4 oscars dont celui de meilleur réalisateur puis Les Misérables avec 3 oscars, Tom Hooper retrouve un style proche de celui du Discours d’un roi. Loin de l’outrance visuelle des Misérables, le réalisateur aborde ce sujet difficile avec beaucoup de finesse et de tact. D’abord avec une réalisation de très belle facture. L’action se situant dans les années 30 au Danemark et racontant l’histoire d’un peintre, la réalisation et la photographie traduisent parfaitement cette ambiance picturale et nordique. De ces petites villes colorées à ces paysages au ciel mêlant nuages et soleil en passant par ces couleurs un peu blafardes d’un hôpital, tout est lié à l’art de la peinture. Les cadrages sont également bien composés et l’on est le plus souvent au plus près des personnages et de leurs émotions. Ensuite, la subtilité du film tient bien sûr à l’interprétation de son acteur principal Eddie Redmayne. Véritable performance que de jouer une personne qui va traverser un questionnement identitaire qui la poussera à faire ce que personne n’avait oser faire jusque là. Ne surjouant jamais, l’acteur nous fait vivre les doutes puis l’évidence de ce qui amène Einar à se révéler Lili. Et l’on comprend que c’est bien elle qui est la véritable personne habitant ce corps.

Eddie Redmayne, après son rôle de Stephen Hawking qui lui a valu un oscar, nous livre une prestation vraiment forte qui pourrait lui ramener une deuxième statuette si la malédiction qui poursuit Léonardo DiCaprio continue. N’oublions pas face à l’acteur un ensemble de comédiens aussi justes que lui. Avec Mathias Schoenaerts, l’ami d’enfance, et Ben Whishaw l’étrange amoureux mais surtout avec Alicia Vikander absolument sublime dans le rôle de Gerda qui aimera Einar et qui sera la révélatrice de Lili. L’amour qu’elle a pour lui/elle l’emmènera là ou peu de gens auraient osé aller. Une fois de plus, Tom Hooper raconte l’histoire d’une personne dépassant une épreuve particulière et qui s’en verra changé à jamais. Il nous raconte également une histoire d’amour absolument unique comme l’était celle d’Albert et d’Elisabeth dans Le discours d’un roi. Un couple uni jusqu’au bout malgré la société et les épreuves. Il faut reconnaitre au réalisateur un talent pour transformer des histoires vraies en drames aussi forts. Là où beaucoup échouent dans une reconstitution parfois écrasante, Tom Hooper change d’époque et de pays avec facilité et arrive à  nous émouvoir. Et là il aborde qui plus est un sujet plus fort que d’habitude à savoir la question de la reconnaissance de la transexualité, toujours d’actualité. Comme avec la série Transparent produite par Amazon et où brille Jeffrey Tambor,  The Danish Girl nous prouve que la fiction est une belle manière d’aborder un sujet essentiel par le prisme de l’humanité. Un film où les sensations et l’émotion ont la part belle et qui amène à se poser les bonnes questions et s’ouvrir un peu plus à la variété du monde.

Titre Original: THE DANISH GIRL

Réalisé par: Tom Hooper