Critiques Cinéma

ROCKY V (Critique)

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SYNOPSIS: Des séquelles physiques irréversibles amènent Rocky Balboa à prendre sa retraite. Ruiné, il devient l’entraîneur d’un champion en devenir, Tommy Gunn. Mais celui-ci ne va pas rester insensible à l’appât du gain et va quitter Rocky pour rejoindre les rangs d’un coach plus fortuné. 

1er avis: L’avis de Laurent Doucet

2 STARS PAS GENIAL

La fin de l’idéal: Près de cinq ans ont passé depuis la sortie de Rocky IV dans les salles. Les années 90 commencent et Sly ramène son alter égo boxeur sur les écrans pour un cinquième round. Le round de trop ? C’est possible. Stallone, scénariste, décide de reprendre l’histoire quelques minutes après la fin de Rocky IV. Balboa rentre de Russie meurtri physiquement et se voit contraint d’arrêter de boxer pour éviter la mort. Peut-on imaginer comment Rocky va gérer sa vie sans la boxe, sans faire rugir la bête qui est en lui, élément tellement clé du personnage ? Et bien non ! Puisqu’au lieu de nous raconter ce que pourrait être la vie d’un sportif privé de sa passion, Sylvester préfère introduire une histoire de banqueroute lié à un comptable véreux afin de ramener Rocky, sans le sou, dans son quartier d’origine. Oubliée l’histoire de l’après vie de combat, Rocky devient alors entraineur dans la salle de boxe léguée par Mickey. Ce qui aurait parfaitement pu avoir lieu sans cette histoire de comptable mais bref. Rocky se prend alors d’affection pour Tommy un jeune boxeur un peu fou fou et pas du tout attachant joué par un vrai boxeur. Balboa délaissant alors son jeune fils adolescent, interprété par Sage Stallone lui même fils du comédien. Cette deuxième intrigue se mêle a celle emmené par une parodie de Don King, célèbre organisateur de combats de boxe, qui a l’obsession à des fins lucratives de faire remonter Rocky sur le ring.

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Dans tout ce méli-mélo d’histoires peu abouties et qui s’enchainent trop vite, on finit par se perdre et presque s’ennuyer un peu. Même si la force de la sincérité de Sylvester Stallone portant Rocky avec toujours autant de justesse sauve certaines scènes, l’ensemble reste très en dessous des grands épisodes de la saga. Malgré le retour de Bill Conti à la musique, malgré des scènes d’entrainement, cela ne prend pas. Et c’est d’autant plus dommage que Stallone pouvait tenir ici un grand film sur la transmission. Sur ce que laisse un homme adulé des foules, car Rocky reste le «boxeur du peuple» face au système. Paradoxe intéressant quand dans le précédent volet, Rocky incarnait ce système face au communisme soviétique. Mais en abandonnant le ring, Rocky abandonne également ses idéaux. Et la fin du film en est révélateur avec ce combat de rue, loin de la beauté et de la puissance du noble sport qu’il pratique. Baston presque vulgaire, encouragée par la foule et dans un montage outrancier ou flashs, images des précédents volets et hallucinations se bousculent sans éclat. Même si Rocky gagne ce combat, il est perdu loin de sa grandeur originelle. Il est amusant de savoir que le scénario original prévoyait la mort de Rocky au cours de ce combat mais que les producteurs s’y opposèrent amenant le réalisateur John G. Avildsen a quitté le tournage et laissant Sly terminer le film. Ereinté par la critique et avec des résultats au box office très moyens, pendant 16 ans il est resté une triste fin pour ce personnage si fort et si puissant. Et puis le miracle Rocky Balboa est arrivé. Et si ce film qu’aurait pu être Rocky V sur la transmission, sur l’héritage à la fois bénédiction et malédiction arrivait le 13 janvier sur nos écrans sous le nom, non plus de Rocky mais de Creed ?

2ème avis: L’avis de Fred Teper

4 STARS EXCELLENT

Il y a un malentendu avec le cinquième épisode de la saga Rocky. Là où beaucoup y voient un film qui rate le coche en racontant la faillite financière d’un sportif de haut niveau obligé de retourner là d’où il vient plutôt que de raconter la retraite forcée d’un athlète et ses conséquences, il est bon de voir le film sous un autre angle. En effet, Rocky V sous ses atours de retour aux sources avec notamment le même réalisateur que sur le 1, John G. Avildsen, est un film où Stallone s’est surtout investi dans l’à côté du volet sportif. Forcé de raccrocher les gants, se prenant d’affection pour un jeune boxeur dans lequel il voit son propre reflet, ce cinquième volet n’est pas un crachat à l’ascension sociale du héros que nous avons suivi des bas-fonds de Philadelphie jusqu’aux paysages enneigés de Russie. C’est plutôt un retour à l’essence même de ce personnage qui cristallise la revanche des losers sur un rêve américain à priori inaccessible. Et remettre une telle figure positive en position de perdant alors que le monde entier l’a porté au firmament au fil de ses succès, c’est un choix très audacieux de la part d’un Stallone qui maîtrise son Balboa sur le bout des gants. Une fois acquis le postulat que Rocky n’est plus là pour boxer, ni pour relever les défis les plus élevés, on retrouve donc notre boxeur adoré tel que Stallone l’a créé et inventé. La démarche faussement cool, l’élocution hésitante, l’innocence qui confine à la tendresse la plus touchante…

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Rocky V est plus une chronique familiale qu’un film de sport. Et c’est surtout pour Sylvester Stallone l’occasion de jouer avec son propre fils Sage. Et dans Rocky V, Stallone lui fait une véritable déclaration d’amour par l’intermédiaire de scènes  mélodramatiques, qui font appel aux grands sentiments et à un côté fleur bleue que le comédien a cultivé depuis le premier film. Il faut voir le champion dans la chambre de son fils, lui racontant ses blagues ratées et ses gestes remplis d’affection pour ce gamin propret et malin, tout le contraire de son papa. Stallone livre de lui bien plus qu’on ne le pense dans Rocky V, car c’est un sentimental Sly. On ne peut pas avoir créé un personnage comme Rocky, si foncièrement touchant et déchirant sans avoir un cœur gros comme ça. Ni sans être un véritable auteur qui fait passer sa vision du monde, son sens de la famille, sa chaleur humaine par le biais de mots et d’attitudes bouleversantes. Des scènes qui raisonnent d’autant plus aujourd’hui avec un écho dramatique quand on sait que Sage Stallone est décédé à l’âge de 36 ans en 2012. Alors certes dans ce cinquième film et comme il le dit si bien avant le combat final, son ring c’est la rue. Certes la critique sur les ravages de la célébrité n’a rien de novatrice (elle était déjà en filigrane de Rocky III). Certes la réalisation d’Avildsen est sage et convenue. Mais avec ce Rocky V, Stallone continue de remuer les cœurs des spectateurs avec ce personnage miroir qui incarne la grandeur des laissés-pour-compte et avec lequel il retrouve la fraicheur et l’humanité qui ont fait de Rocky Balboa l’un des personnages les plus aimés de l’histoire du cinéma.

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Titre Original: ROCKY V

Réalisé par: John G. Avildsen

Casting : Sylvester Stallone, Talia Shire, Tommy Morrison

Sage Stallone, Burgess Meredith, Richard Gant …

Genre: Action, Drame

Sortie le: 19 décembre 1990

Distribué par: United International Pictures (UIP)

2 STARS PAS GENIALPAS GÉNIAL

4 STARS EXCELLENTEXCELLENT 

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