Critiques Cinéma

NIGHT FARE (Critique)

3 STARS BIEN

NIGHT FARE AFFICHE

SYNOPSIS: Luc et Chris, son ami anglais, montent dans un taxi pour rentrer chez eux après une soirée parisienne bien arrosée. Arrivés à destination, ils s’enfuient sans payer la course. Ils sont tombés sur le mauvais chauffeur… Le taxi va se mettre en chasse toute la nuit. Mais, est-ce vraiment l’argent qu’il veut ? 

Ça démarre comme un film à l’apparente banalité, l’histoire d’un jeune anglais de retour à Paris après en être parti précipitamment deux ans auparavant et qui y retrouve la fille qu’il aime, désormais en couple avec son ex meilleur ami. Pendant quelques minutes de retrouvailles tendues en soirée de débauche, on pourrait penser qu’on est partis pour 1h20 d’un triangle amoureux commun dans une production qui fait avec les moyens du bord, c’est à dire sans trop de moyens justement. On s’attend à soupirer d’exaspération devant le côté convenu des situations et ce sentiment que, ce n’est pas cette fois que l’originalité nous sortira de notre torpeur. Sentiment fort heureusement fugace, puisque très vite le film dérape et devient en un tour de main un thriller mâtiné de série B très très surprenant et excitant dans un paysage cinématographique trop souvent atone de ce côté là. On sait pertinemment qu’en France tourner un film de genre totalement assumé est une gageure que peu de cinéastes parviennent à relever, tant le scepticisme de nos producteurs pour des projets sortant des sentiers battus s’avère ancré fortement dans les mentalités. Reste quelques tentatives de ci de là qui s’apparentent à des oasis dans le désert mais qu’il convient de mettre en avant lorsqu’elles sont plutôt réussies, ce qui est le cas ici. Scénariste notamment de Yamakasi et réalisateur de Scorpion avec Clovis Cornillac, Julien Séri, a un indéniable sens du rythme et de l’image et Night Fare témoigne d’un savoir faire et d’une efficacité éloquentes. Le film fait grimper la tension crescendo et nous saisit imperceptiblement par sa singularité et sa capacité à embrasser son récit sans fioritures superflues, si ce n’est une fin pas trop à la hauteur de toute l’ambiance anxiogène prenante jusque là.

NIGHT FARE 1

Produit pour un budget mêlant une première mise de fonds indépendante puis une seconde par le site de financement participatif Ulule, Night Fare est un film qui, tout en étant bourré de références (de Duel à Kill Bill en passant par Collateral ou Drive) trouve sa propre personnalité, ce qui n’est pas négligeable à une époque où l’uniformisation est la norme. Certes le budget impacte sans doute certaines séquences pour lesquelles la ruse a dû se substituer à l’argent, mais ça ne se ressent que très peu au bout du compte. C’est plus dans sa façon de retenir les chevaux et de ne pas être jusqu’au-boutiste dans sa violence à la fois graphique et psychologique que le film s’avère finalement plus sage qu’il ne devrait, sans pour autant être aseptisé. Économie de dialogues, véritable maitrise des effets, Julien Séri réussit un film de genre immersif, jamais prétentieux, doté qui plus est d’une figure de la mort vraiment inquiétante et mystérieuse, et, ce qui ne gâte rien, formellement très beau. Côté casting Jonathan Howard et Jonathan Deburger forment un duo complémentaire et séduisant et l’on comprend sans peine que les deux se soient embrasés pour la beauté incandescente de Fanny Valette. Même si le film se cherche trop sur la fin avec une conclusion qui en déconcertera plus d’un mais qui fait montre d’audace et d’une véritable foi dans le récit qui est conté, Night Fare est une réussite avec de bonnes idées bien mises en pratique. Et une incursion dans le film de genre mérite de toute manière le plus d’encouragements possibles.

 

NIGHT FARE AFFICHE

Titre Original: NIGHT FARE

Réalisé par: Julien Séri

Casting : Jonathan Howard, Jonathan Deburger, Fanny Valette,

Edouard Montoute, Jess Liaudin, Zakariya Gouram …

Genre: Thriller

Sortie le: 13 janvier 2016

Distribué par: Kanibal Films Distribution

3 STARS BIENBIEN

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