Critiques Cinéma

007 SPECTRE (Critique)

2 STARS PAS GENIAL

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SYNOPSIS: Un message cryptique surgi du passé entraîne James Bond dans une mission très personnelle à Mexico puis à Rome, où il rencontre Lucia Sciarra, la très belle veuve d’un célèbre criminel. Bond réussit à infiltrer une réunion secrète révélant une redoutable organisation baptisée Spectre.
Pendant ce temps, à Londres, Max Denbigh, le nouveau directeur du Centre pour la Sécurité Nationale, remet en cause les actions de Bond et l’existence même du MI6, dirigé par M. Bond persuade Moneypenny et Q de l’aider secrètement à localiser Madeleine Swann, la fille de son vieil ennemi, Mr White, qui pourrait détenir le moyen de détruire Spectre. Fille de tueur, Madeleine comprend Bond mieux que personne…
En s’approchant du cœur de Spectre, Bond va découvrir qu’il existe peut-être un terrible lien entre lui et le mystérieux ennemi qu’il traque…

Lorsque l’on sort de la séance de SPECTRE, tant attendu nouveau James Bond qui renoue avec l’un des éléments les plus excitant de la saga, à savoir l’organisation ennemie préférée de 007, on ne peut qu’être stupéfait. Comment en effet Sam Mendes, réalisateur de l’un des meilleurs épisodes des aventures de l’espion Britannique (Skyfall, également celui qui aura rencontré le plus grand succès), qui avait su montrer à la fois sa maitrise esthétique, son respect de l’héritage Bondien, tout en n’hésitant pas à le renouveler pour les spectateurs 2.0 au cœur d’un film particulièrement haletant, parvient-il a tomber aussi bas avec ce qui semblait être un matériau réellement prometteur ? Nous attendions beaucoup de SPECTRE, et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’on est déçus. L’action n’a rien d’originale, quand elle n’est pas décevante, le scénario, mal ficelé, ne sert aucun des personnages secondaires, le tout pour un film dont les images, le montage et la musique sont bien en deçà de ce que l’on nous avait habitué à voir depuis l’arrivée de Daniel Craig dans le rôle-titre.

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Retour en arrière : nous sommes début décembre 2014, et Sony annonce coup sur coup le nom et le casting du prochain James Bond. Le monde s’affole en découvrant que le film réintroduira (enfin !) le S.P.E.C.T.R.E. (pour « Special Executive for Counterintelligence, Terrorism, Revenge and Extortion,”), organisation apparue déjà à 6 reprises dans la saga (entre 1963 et 1981), et dirigée par l’emblématique Blofeld. Si aucun des nouveaux venus au casting ne porte le nom du personnage, on soupçonne très fortement Christoph Waltz, ( qui interprète un personnage nommé Oberhauser ) de n’être en fait rien d’autre que le fameux bad guy au chat blanc. Un casting alléchant (Monica Bellucci, Léa Seydoux, Dave Bautista (Les Gardiens de la Galaxie), Andrew Scott (l’inénarrable Moriarty de l’excellente série Sherlock) et, donc Waltz), un réalisateur qui n’a plus rien à prouver sur ses talents aux manettes de la franchise, le retour de Daniel Craig… Tous les éléments semblaient être réunis pour une nouvelle claque. Or, des claques, on aurait plutôt envie d’en donner que d’en recevoir ! Coincé entre un calendrier ultra-serré, la pression de devoir faire mieux que Skyfall, et la volonté de rendre un hommage appuyé à la mythologie Bondienne, Mendes se perd très vite et SPECTRE explose en vol.

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Si la scène d’introduction est l’une des meilleures jamais vue en 24 films, avec son plan séquence impressionnant qui se balade au cœur de la fête des morts à Mexico, jamais plus l’action n’atteindra ce niveau de maitrise au cours du film. De bonnes idées mal mises en scène et mal montées (la séquence en hélicoptère au dessus de la foule) à des séquences pleines de promesses mais finalement assez brouillonnes (la poursuite alpine), en passant par la course-poursuite sans relief (en voiture dans les rues de Rome, vides !), ce SPECTRE est loin, très loin des ébouriffantes scènes de motos sur les toits (Skyfall) ou poursuites sur grues (Casino Royale) auxquelles on avait jusqu’ici été habitués. SPECTRE est le plus long des James Bond (2h28), soit 5 minutes de plus que Skyfall, mais qui semblent durer un éternité. En effet, le rythme du film est lent, très lent même, et on sort avec l’impression d’avoir attendu pendant 148 minutes une scènes inoubliable qui ne viendra jamais.. Pire que des scènes d’action brouillonnes, SPECTRE pêche par un scénario particulièrement décevant. Attendu dans ses retournements, vague dans ses explications, le script, écrit à 8 mains (en tous cas pour celles qui sont annoncées au générique), flaire bon l’ouvrage qui est passé de scénaristes en script doctors, sans qu’il n’y ait un véritable maître à bord. On a l’impression que les auteurs (pourtant déjà à l’œuvre pour 3 d’entre eux sur Skyfall !) se sont laissé guidés par le cahier des charges (les différents lieux de tournage, les scènes d’action obligatoires, les références indispensables à la saga, et les personnages, nouveaux et anciens, à intégrer ) plutôt que par une histoire solide et originale. Surtout que le film semble parfois n’être qu’un remake de plusieurs épisodes de la saga déjà sortis : Bons baisers de Russie (la scène dans le train), Vivre et Laisser Mourir (la fête des morts), Demain ne meurt jamais (les informations comme outils de chantage plus efficace que l’argent), les 6 épisodes avec le Spectre, etc. Mendes souhaite renouer avec l’âge d’or de Bond, maintenant que les 3 films les plus sombres sont derrière lui et que les nouvelles bases et personnages sont posés pour le 21e siècle. Mais pour cela, il s’est appuyé sur un scénario bancal.

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Résultat : outre un James Bond moins sérieux, mais aussi moins nerveux, l’ensemble des seconds rôles sont soit caricaturaux, soit pas assez approfondis, alors même que la matière pour faire décoller le film était là, entre les mains des excellents acteurs qui sont à l’œuvre! La moins bien lotie est sans nulle doute Monica Belucci, visible 5 minutes seulement, le temps à la fois de jouer le faire-valoir de 007, et de valider tous les critères de la femme soumise établis depuis plus de 50 ans par l’espion, avant de disparaitre aussi sec de la galaxie. Dave Bautista est plus chanceux. Impressionnant, son personnage est particulièrement bien introduit, mais la promesse d’être un excellent adversaire pour 007 est vite balayée par deux scènes d’action très moyennes et surtout un vide absolu de background (et de dialogues !) pour son personnage de Mr. Hinx. Si l’on est heureux de retrouver Moneypenny (Naomie Harris) et M (Ralph Fiennes), on se rend vite compte qu’ils ne font pas grand chose d’autres que de suivre James Bond du mieux qu’ils peuvent. Seul le personnage de Q (Ben Wishaw) semble avoir un minimum évolué, et participe un peu plus à l’action. Mais d’une sorte de petit génie hautain, considérant Bond comme un anachronisme dans un monde ultra-connecté, il devient un employé presque modèle du MI6, où son caractère frondeur ne s’exprime plus que par intermittence. Dommage, il apportait un vent de fraicheur bienvenu dans un Skyfall particulièrement sombre. Quant à Léa Seydoux, il lui faut monopoliser tout son immense talent pour éviter les pièges d’un rôle mieux écrit que les autres, mais qui pèche par le manque de rigueur (son personnage change d’avis comme de chemise, sans que l’on comprenne vraiment ce qui la motive) et qui se retrouve au milieu de scènes pas toujours très malignes. Son rôle de Madeleine Swann oscille entre la femme forte qui pourrait tenir tête à la Vesper Lynd de Casino Royale, et la demoiselle en détresse que James vient sauver tel un preux chevalier sur son blanc destrier.

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Mais la plus grosse déception vient peut-être de Christoph Waltz. L’acteur double oscarisé est desservi par un rôle qui ne lui demande rien d’autre que de jouer sur la bonhommie cruelle qui a fait son succès dans Inglorious Basterds. On ne sait presque rien de lui, de ses motivations, à part quelques éléments peu convaincants. Encore un excellent acteur qui se retrouve prisonnier d’un personnage raplapla. S’il n’y avait que cela, le film aurait encore pu être dans le haut du panier. Au final certaines scènes mineures sont plutôt réussies, comme celles de Ben Wishaw, le conseil du SPECTRE, certains décors, et on ne renie pas le plaisir de retrouver Bond dans la neige ou de le voir nous sortir quelques blagues bien senties. Mais Mendes nous assomme de quelques moments vraiment ridicules : Bond qui se rend presque en vacances dans le QG des méchants, une séquence finale tellement clichée qu’elle en devient presque drôle, un générique de début raté, sur une musique de Sam Smith qui n’arrive pas à la cheville du Skyfall d’Adele… Des gouttes d’eau qui font déborder un vase déjà bien rempli de déceptions, d’étonnements et d’ennui. Spectre est un film qui s’égare, et qui fait passer Quantum Of Solace pour une pièce travaillée et réfléchie.

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Titre Original: SPECTRE

Réalisé par: Sam Mendes

Casting : Daniel Craig, Christoph Waltz, Léa Seydoux,

Monica Bellucci, Dave Bautista, Andrew Scott,

Ralph Fiennes, Ben Wishaw, Naomie Harris…

Genre: Action, Espionnage

Sortie le: 11 novembre 2015

Distribué par: Sony Pictures Releasing France

2 STARS PAS GENIALPAS GÉNIAL

4 réponses »

  1. Voilà bien une critique qui rejoint TOTALEMENT ce que j’ai pensé de ce fantôme de Bond. Ultra prévisible, ennuyeux à mourir, scènes d’action (en dehors de la première) mollassonnes, personnages au rabais, clichés vus et revus… Finalement la plus grande qualité de Spectre est d’avoir au moins permis de revoir à la hausse Quantum of Solace.

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