Critiques

LA VIE DEVANT ELLES (Critique) Drôles de d(r)ames

4 STARS EXCELLENT

LA VIE DEVANT ELLES 3

SYNOPSIS: Les sirènes déchirent soudain la quiétude de Chambries, commune du bassin minier du Nord-Pas-de-Calais. Une fosse vient d’être frappée par un coup de grisou. L’accident a enfoui trois hommes, et un secret, leur secret. La mine s’interroge. Que faisaient les trois hommes dans cette galerie abandonnée loin de la place qu’ils devaient occuper ? Avant même de penser à leur chagrin, trois jeunes filles, Alma, Solana & Caroline, vont devoir se battre pour l’honneur de leurs pères. Non ils ne se fréquentaient pas, non ils n’étaient pas amis. Seule la mine est coupable, la sécurité n’était pas respectée, l’ingénieur doit être condamné… Elles devront aller jusqu’au procès pour voir affirmer la responsabilité de la mine. Le verdict soulagera les trois jeunes femmes, mais leur existence sera chamboulée, car en cherchant la vérité ce sont de lourds secrets qu’elles exhumeront du passé.

Il suffit parfois de se retourner sur le passé pour parler d’une manière moderne et actuelle de la vie, avec une justesse, une sensibilité  et une acuité des plus frappantes et des plus délicates. C’est le cas de La Vie Devant Elles, nouvelle série en six épisodes de France 3 qui s’est octroyée le prix de la meilleure série au Festival Séries Mania 2015. Écrite par Dan Franck et Stéphane Osmont et réalisée par Gabriel Aghion (Pédale Douce), La Vie Devant Elles est une véritable réussite. Fraiche, moderne, sur laquelle souffle un véritable vent de liberté, cette série, bien qu’ancrée profondément dans un contexte social historique très marqué et bénéficiant d’une reconstitution soignée, raconte bien plus que sa seule histoire. Abordant de nombreux sujets (la liberté sexuelle et l’émancipation féminine, les changements sociaux, l’évolution des mœurs et les bouleversements d’une époque… ) et se focalisant sur un trio féminin de premier ordre, la série est non seulement très bien écrite mais est aussi dotée d’une vraie finesse dans son propos. Racontant le quotidien de trois jeunes filles à l’orée de leur vie d’adulte dans le Nord de la France de la fin des années soixante-dix, le premier épisode agit plus comme une longue exposition jusqu’au cliffhanger de fin d’épisode qui lance alors totalement la série. Dès lors, sur fond de lourd secret familial, c’est le drame d’une vie qui se noue en filigrane, tandis que les héroïnes mûrissent tant bien que mal.

la vie devant elles 1

Comme ces photographies sépia du plus bel effet, on prend vraiment un grand plaisir à regarder La vie devant elles sans pour autant qu’il s’agisse d’une série passéiste. Dialogues de qualité, énergie vivifiante qui irradie l’ensemble, le cocktail détonnant d’une interprétation de haut vol avec la confrontation à l’histoire en marche fait que la série combine tout un ensemble de facteurs qui lui confèrent sa patte caractéristique. La musique joue elle aussi un rôle fondamental dans cette réussite avec l’utilisation de tubes de cette période comme Les mots bleus de Christophe ou J’ai encore rêvé d’elle du groupe Il était une fois notamment qui imprègnent magnifiquement la série, même si l’on réentend un peu trop les mêmes chansons sur les deux premiers épisodes. Mais épousant le temps qui passe ainsi que l’évolution de ses héroïnes et leurs parcours on entend par la suite aussi bien du Reggiani que du Léonard Cohen. Le rythme des épisodes est parfait mais s’il fallait trouver un bémol, c’est que l’on sent parfois l’obligation de faire des coupes pour rentrer dans le format de six épisodes et notamment entre le second et le troisième épisode, où l’ellipse temporelle s’avère un peu gênante même si l’on reprend vite le cours du récit sans avoir trop décroché.

LA VIE DEVANT ELLES 2

Les auteurs parviennent vraiment à raconter leur histoire de bout en bout sans sacrifier à une enquête qui aurait pu les éloigner de leurs intentions d’origine qui étaient vraiment de raconter les destinées de ces filles avec l’évolution sociologique en toile de fond. Mais on l’a dit, aussi réussies soient l’histoire et la réalisation, c’est vraiment l’interprétation qui offre à la série ses lettres de noblesse. Des seconds rôles formidables avec de vraies gueules et de vrais rôles à défendre (Guy Lecluyse, Sabine Haudepin, Jérôme Anger, Claire Nebout, Jean-Marie Juan, Bruno Todeschini…) entourent le formidable trio féminin en tête d’affiche. Alma Jodorowsky, Stéphane Caillard et Lilly-Fleur Pointeaux rivalisent de sourires, de séduction, d’ingénuité et sont tour à tour tendres, tristes, sensibles, amoureuses ou révoltées. Parvenant à jouer sur toute la gamme des sentiments, les trois actrices sont les drôles de dames au cœur de ce récit, qui, à l’instar d’un film comme Le péril jeune, parle de nous en convoquant le passé tout en usant d’une fraicheur déconcertante.

Crédits : France 3 et Cinétévé

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