Critiques Cinéma

EVERY THING WILL BE FINE (Critique)

2,5 STARS MOYEN

every thing will be fine affiche

SYNOPSIS: Après une dispute avec sa compagne, Tomas, un jeune écrivain en mal d’inspiration, conduit sa voiture sans but sur une route enneigée. En raison de l’épaisse couche de neige et du manque de visibilité, Tomas percute mortellement un jeune garçon qui traversait la route. Après plusieurs années, et alors que ses relations volent en éclats et que tout semble perdu, Tomas trouve un chemin inattendu vers la rédemption : sa tragédie se transforme en succès littéraire. Mais au moment où il pensait avoir passé ce terrible événement, Tomas apprend à ses dépens que certaines personnes n’en ont pas fini avec lui…   

Wim Wenders réalise des films depuis plus de 40 ans. Ça fait bizarre dit comme ça mais ils sont de moins en moins à avoir une telle longévité. Wenders a connu des fortunes diverses, de succès en échecs mais cela ne semble pas avoir entamé son envie de créer et sa passion à expérimenter. Expérimenter, car c’est à plus de 65 ans, en 2011, que Wenders, pour un documentaire sur la danseuse Pina Bausch se lance dans la 3D. Et avec réussite tant l’immersion dans cet univers chorégraphique est réussie, la stéréoscopie donnant une profondeur et une « réalité » aux images de danseurs et danseuses. Après un autre documentaire multi récompensé sur le photographe Salgado en 2014, Wim Wenders revient à la fiction et à la 3D, ce qui ne peut qu’attiser la curiosité. Et c’est lui-même qui est venu présenter le film, accompagné de la talentueuse Marie Josée Croze en en racontant brièvement la genèse. Lors d’un festival en Norvège, Wim Wenders a croisé un jeune réalisateur/scénariste à qu’il a donné son adresse postale en lui disant « Quand vous aurez un bon scénario, envoyez-le moi. » Quatre ans plus tard, Wenders reçoit le scénario de ce que ce sera Every Thing Will Be Fine. La séparation entre les deux premiers mots est importante car elle souligne, raconte le cinéaste, que chaque chose pris séparément va « aller bien ». Marie-Josée Croze, presque timide que cela en devient craquant, évoquera son envie de tourner avec le cinéaste dont elle avait vu très jeune Les ailes du désir et le fait que cela a failli ne pas se faire pour des problèmes d’emploi du temps mais qu’une rencontre fortuite sur une des avenues les plus fréquentées de Los Angeles avec Wim Wenders avait fait basculer les choses. Le hasard est une composante magique du cinéma bien souvent.

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Mais de hasard il n’en est rien dans ce film. Ni dans l’histoire, ni dans la réalisation. Racontant un fait divers tragique, Wenders raconte surtout les états d’âme de différents personnages gravitant autour de ce fait divers. Traumatisme, deuil, création, Wenders et son scénariste Bjørn Olaf Johannessen regardent plus qu’ils n’explorent ces différents états de l’être humain. Regardent, car le film, s’il ne tombe pas dans le pathos et c’est un point positif, est parfois glaçant de distance. A travers une nature belle mais froide sous le manteau épais de l’hiver canadien, Wenders montre ses personnages comme à distance de leurs émotions. Ils ont d’ailleurs peu d’interactions les uns avec les autres, et cela est renforcé par une mise en scène brillante qui joue sur les différents plans de l’image, aidée en cela par l’utilisation de la 3D, car aucun personnage n’est jamais vraiment à côté de l’autre, mais le plus souvent dans un plan différent à l’image ou derrière une vitre ou un élément de décor. Cette habile mise en scène raconte forcément la solitude et l’effort qui est demandé pour chacun d’aller vers l’autre et d’enfin se retrouver « à la même hauteur », et particulièrement à travers des épreuves comme le deuil. Mais cela met aussi le spectateur un peu à distance et l’éloigne d’une implication émotionnelle. Pour les comédiens, le jeu est donc tout en retenu, comme contenu. Tout cela est raccord avec le ton du film mais cela ajoute à son étrangeté et à sa froideur. James Franco errant tout au long de l’histoire comme sans but, Charlotte Gainsbourg dont on devine, comme simplement esquissée, la peine pourtant immense, il est difficile d’entrer en empathie avec eux. Marie-Josée Croze et Rachel McAdams offrent un peu plus d’émotions malgré leur second rôles. A cela s’ajoute une impression de voir des pistes de réflexions soulevées puis abandonnées et on se retrouve avec un film de cinéaste dont les qualités esthétiques et les choix de narration sont indéniables mais qui laisse le spectateur un peu à côté, malgré un choix et une direction d’acteurs réussie. C’est beau mais on se demande parfois « pourquoi ».

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Titre Original: EVERY THING WILL BE FINE

Réalisé par: Wim Wenders

Casting: James Franco, Charlotte Gainsbourg, Marie-Josée Croze,

  • Rachel McAdams, Patrick Bauchau, Peter Stormare…

Genre: Drame

Sortie le: 22 avril 2015

Distribué par: Bac Films

2,5 STARS MOYENMOYEN

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