SYNOPSIS: Henry, 46 ans, est confortablement installé avec son petit ami Lance, lorsqu’une soirée « rendez-vous comme au premier jour » vient bouleverser leur existence. Cette nuit-là, la plus désastreuse de sa vie, Henry se rapproche du charmant Freddie et du jeune Dean. De son côté, Lance fait la connaissance du mystérieux Daniel. Lorsque tout ce beau monde se retrouve sous le même toit, les tensions font place aux fous rire. Amis ou ennemis ?
Cucumber est une comédie lancée par la chaîne anglaise Channel Four en janvier 2015. Cette série propose de suivre les (més)aventures d’Henry et de Lance, un couple d’homosexuels âgés d’environ 45 ans à Manchester. Leur idylle bat de l’aile, malgré un beau vernis de façade. 20 ans après Queer as folk, autre série anglaise mettant en scène des homosexuels, la télévision anglaise ne semble pas avoir évolué dans sa vision de cet univers. Rien d’étonnant finalement, quand on sait que Russell T. Davies est le scénariste de ces deux séries. Ce sont en effet les clichés qui semblent gouverner Cucumber, qui propose par ailleurs un ton humoristique plutôt osé.
Henry et Lance évoluent dans un monde où ils ne semblent côtoyer ou rencontrer que des hommes gays. Quand ils ne le sont pas ouvertement, ils laissent planer une ambiguïté suffisante, comme ce collègue nageur de Lance, fraîchement divorcé mais qui semble entretenir le doute avec plaisir. Si l’on pourrait presque pardonner le fait que Lance et Henry ne se socialisent qu’avec des personnes homosexuelles, mis à part leur famille, on excusera moins volontiers les personnalités stéréotypées des personnages secondaires. Ils sont maniérés, narcissiques, beaucoup trop conscients de leur charme, parfois imbus d’eux-mêmes et ne pensent et ne parlent que de sexe entre eux. Ils écoutent Kylie Minogue ou Jimmy Sommerville en chantant à tue-tête et dansent en s’habillant. Plus cliché, tu meurs.
Le personnage d’Henry, dont on apprendra au cours du deuxième épisode qu’il cache pourtant un secret un peu honteux, semble penser au sexe toute la journée et fantasmer sur chaque homme qu’il croise, comme le montre notamment la scène d’ouverture du pilote. Passé ce premier constat évident de l’utilisation des clichés et d’une vision quelque peu rétrograde du milieu homosexuel, il n’en reste pas moins que la série est une comédie réussie, poussant certains dialogues ou certaines situations suffisamment loin pour nous surprendre et nous amuser. Les acteurs, Vincent Franklin et Cyril Nri en tête, s’en donnent à cœur joie et utilisent leur potentiel comique de façon efficace. Derrière la comédie se cache un cynisme parfois déstabilisant, notamment lorsque nous est dépeint l’univers professionnel dans lequel évolue Henry.
Cucumber traite également de la difficulté de vieillir en couple et pour des homosexuels entourés de jeunes gens à la même orientation en particulier. Henry et Lance, bedonnants et mal habillés, sont sans cesse confrontés à l’exposition du style ou du corps entretenu de jeunes hommes exubérants (en discothèque, dans une colocation, dans les films pornographiques qu’ils regardent et même au supermarché). Henry vit sa crise de la quarantaine, aux effets décuplés ici, du fait de sa sexualité, qui le place dans une position inconfortable une fois sorti du cocon de son couple.
Le propos devient nettement plus intéressant lorsqu’il est question de l’intimité de nos deux héros, puisqu’on fait face de front à de vrais problèmes de couple et de sexualité, valables aussi bien pour un couple homo qu’hétérosexuel. Quand Cucumber s’éloigne de la farce, les sujets abordés sont profonds et peuvent amener à réfléchir. Même si sa tagline « Modern gay life in Manchester » peut finalement paraître un peu mensongère au vu des clichés sur lesquels repose cette série, Cucumber est une comédie plaisante, très rythmée, cynique et divertissante.
Crédits: Channel Four
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