SYNOPSIS: Les amours, les joies et les peines de trois amis gays à San Francisco. Entre regrets, valses hésitations et autres impulsions du moment, Patrick, Agustin et Dom partagent leurs déceptions, leurs rêves, leurs désirs, la vie en somme.
Lancée en janvier 2014 sur HBO, Looking s’inscrit dans la tradition des séries mettant en scène des personnages principaux gays, qui réussissent à éviter de sombrer dans le trash ou les stéréotypes. Alors que Queer as folk en 2000 n’évitait précisément pas ces pièges, The L Word avait montré en 2004 qu’il était possible de raconter des romances gays de façon réaliste, sensible et brillante.
La seconde saison de Looking est une nouvelle réussite. La série reprend avec justesse l’évolution de ses quatre personnages principaux, en n’oubliant pas de nous réserver quelques surprises ni de laisser en suspens quelques ambiguïtés bienvenues. Le personnage central, Patrick, concentre sur lui les plus grandes émotions, de par son caractère sensible d’une part, et d’autre part grâce aux belles idées scénaristiques l’impliquant directement. Sans cesse sur le fil, apparemment indécis, la vie semble le balader d’un sentiment à un autre, d’un amour à un autre, sans qu’il n’ait jamais la possibilité d’accorder totalement sa confiance ou de se laisser aller sans retenue. Même quand ce personnage prend manifestement la mauvaise décision, s’exhibe maladroitement au cours d’une soirée, le spectateur sera toujours de son côté. On espère avec lui qu’il atteindra la satisfaction amoureuse après laquelle il court et il ne parvient jamais à nous agacer totalement, même quand il dépasse les bornes. Jonathan Groff s’avère extrêmement bon dans ce rôle, à l’instar de ce qu’il avait déjà démontré au cours de la première saison.
Dom (Murray Bartlett) est le second personnage à bénéficier d’une évolution marquante au cours de cette seconde saison. A l’aube d’une nouvelle vie professionnelle (il entreprend d’ouvrir un restaurant), il va devoir affronter les obstacles typiques de ce genre de situation, mais aussi gérer sa relation avec sa colocataire, en couple depuis peu avec un homme. Bien sûr, il tentera aussi tant bien que mal de s’adapter à sa relation non exclusive avec Lynn (joué par Scott Bakula). Grâce au jeu parfait de Murray Bartlett, mais aussi à l’épaisseur que son âge (plus avancé que celui de ses amis) permet d’apporter à son personnage, Dom reste l’un des intérêts principaux de la série.
Agustin (Franckie J. Alvarez) ne bénéficie finalement pas d’une évolution aussi intéressante au cours de cette saison. On s’intéresse exclusivement à sa situation amoureuse, par le biais de son histoire débutée avec un porteur du virus HIV, pour laisser de côté son évolution professionnelle et artistique, qui promettait pourtant de devenir un fil rouge important. C’est d’autant plus regrettable que l’acteur campe à merveille le personnage le plus fantasque de la bande.
Looking réussit le pari d’une seconde saison respectant les codes établis précédemment, résiste aux excentricités que le milieu dans lequel les personnages évolue aurait pu permettre de montrer à l’écran si les créateurs du show avaient cédé à la caricature. Toujours empreint de réalisme, de sincérité et surtout de sensibilité, la série se hisse même sans peine au rang des plus réussies de ces dernières années. Le format court des saisons (8 épisodes pour la première, 10 pour la seconde) permet en outre une intrigue plus ramassée et sans doute plus percutante. Le résultat est là: on espère, on souffre et on vibre avec Patrick, Dom et Agustin.
Impossible dès lors de ne pas regretter amèrement l’annulation de la série, après deux saisons seulement, en raison d’audiences insuffisantes, quand la qualité ne manquait pas. On aura droit en consolation, à un téléfilm de clôture, mais l’arrêt de cette série est assurément une déception importante pour les fidèles.
Crédits: HBO