A TOUTE EPREUVE (Critique Blu-Ray)

Par Fred Teper le novembre 19, 2014 • ( Poster un commentaire )

SYNOPSIS: Lycée Le Corbusier, un lycée quelconque ou presque… Greg passe son bac cette année et c’est loin d’être gagné. Pour continuer à vivre son grand amour avec Maeva, il envisage un casse improbable, un casse qui doit être invisible et pour cela il monte une équipe, leur mission : voler les sujets du bac.

Sur le papier, voici le type même de projet extrêmement casse gueule et qui avant même la moindre image fait plutôt peur. Après avoir vu comment une adaptation de bande dessinée se déroulant dans un lycée pouvait s’avérer ratée (Les Profs), A toute épreuve n’inspirait pas vraiment confiance au premier abord. Et pourtant, dès les premières minutes d’un générique formidable, puisant son inspiration dans les films Marvel, A toute épreuve assume son côté pulp et bande dessinée qu’il va conserver de bout en bout. Si certains écueils ne sont pas évités, A toute épreuve est très loin des pochades adolescentes sans intérêt que l’on voit trop souvent, et s’il révèle non seulement de jeunes comédiens formidables et attachants, il parvient en plus, par le biais d’un scénario malin rempli de dialogues vraiment drôles, à avoir une vraie pêche qui traverse l’écran. Ce n’était pas gagné d’avance, mais l’intelligence du scénario est de ne pas se concentrer seulement sur des scènes en salles de classe ou d’être axé uniquement autour de romances insipides, même si l’histoire de cœur du héros est au centre du film. A toute épreuve est un film de son temps, où les jeunes sont ultra connectés, où toutes les classes sociales sont représentées, et où les désirs bruts ne sont pas planqués sous un vernis de bienséance. Le but de ce film n’est pourtant pas une revendication quelconque, si ce n’est celle d’être un divertissement réussi et rythmé, ce qui est déjà ultra positif, et qui n’a surtout pas peur de s’afficher comme tel. Ergoter sur la minceur de l’intrigue ou sur certains rebondissements un peu faciles, n’empêche nullement de prendre du plaisir au spectacle proposé et de rire de bon cœur grâce à des dialogues percutants. Antoine Blossier, dont c’est le deuxième film change totalement de registre après un premier long, La traque, qui était un véritable thriller horrifique. Il parvient à insuffler à sa mise en scène un rythme trépident sans jamais entrer dans une surenchère d’effets. Le film est pourtant bourré d’adrénaline et l’énergie qui en découle est pour beaucoup dans le plaisir que l’on y prend. S’il est tentant de rapprocher A toute épreuve et Les profs, de par leur sujet, les deux films sont pourtant on ne peut plus dissemblables. Là où le premier est en prise directe avec la jeunesse d’aujourd’hui malgré une histoire clairement improbable, le second n’avait rien pour lui qu’un humour poussif, vieillot et boursouflé, qui était extrêmement gênant. Antoine Blossier lui, ne craint pas de trop en faire, et appuie même les traits qui confèrent à son film son état d’esprit cartoon complètement à propos. Bien sûr l’ensemble de l’entreprise fonctionne grâce à un casting en tous points remarquable. Chez les jeunes pousses déjà : Thomas Soliveres (Intouchables, Les Gamins…) et Samy Seghir (Neuilly sa mère) forment un duo épatant, drôle et d’un naturel confondant. Dans un rôle secondaire, Melha Bedia est elle aussi irrésistible de drôlerie. Ils sont entourés par Marc Lavoine dans le rôle d’un proviseur psycho-rigide qui dévoile un côté peu connu chez lui, notamment dans une scène où il se lâche comme jamais et Valérie Karsenti, qui démontre qu’elle peut faire bien plus que les Scènes de Ménages qui lui ont apportées le succès. Puis il y a La Fouine! On attendait, légèrement circonspects, de voir sa prestation, et il prouve qu’en plus d’avoir une vraie gueule, il est doté d’une nature comique surprenante et il s’en sort vraiment bien. Sans révolutionner le genre mais avec un enthousiasme qui se ressent, Antoine Blossier réussit l’examen de passage du deuxième film avec la mention bien!