ENTRETIENS

RENCONTRE AVEC STEPHEN DALDRY (Entretien) « Je fais des films parce que le sujet m’intéresse et m’importe… »

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17 octobre 2014: Stephen Daldry, le réalisateur de Billy Elliot ou The Reader est à Paris pour la promotion de son nouveau film, Favelas, qui sera sur les écrans le 12 novembre. C’est dans une suite de l’Hôtel Bristol que nous avons le privilège de le rencontrer pour parler avec lui de ce nouvel opus énergique et plein de vie sur un sujet difficile dont il nous raconte les coulisses :

Comment vous êtes vous retrouvez impliqué sur ce projet ?

Je travaillais dessus depuis plusieurs années. J’avais reçu le livre, tout comme Richard Curtis (scénariste du film et réalisateur de Quatre mariages et un enterrement, Love Actually). Il a été écrit par l’écrivain britannique Andy Mulligan. Nous sommes partis là-bas il y a trois ou quatre ans, je ne sais plus précisément. Favelas est une fable bien sûr, mais c’est aussi un récit d’aventures. Et quand nous étions au Brésil, nous avons ressenti énormément d’optimisme, malgré les conditions terribles dans lesquelles certaines personnes vivent. Malgré tout, il y a vraiment un sentiment d’espoir qui se dégage de ce pays et qui transpirait de cette histoire littéralement portée par les enfants. Nous avons donc commencé à travailler avec des enfants, nous avons fait des auditions… L’avantage, c’est d’avoir pu collaborer sur place avec Fernando Meirelles, qui nous a aidé à travailler dans une vraie structure. Surtout que les enfants du film n’avaient jamais joué la comédie avant. Et nous voulions raconter cette histoire à travers leur regard et c’est qu’on nous avons fait.

Généralement, les réalisateurs n’aiment pas trop les comparaisons mais que pensez-vous si l’on définit votre film comme un croisement entre Slumdog Millionaire et La Cité de Dieu de Fernando Meirelles ?

Vous avez raison, on n’aime pas forcément entendre ce genre de choses ! Je n’y ai pas trop pensé en le faisant. C’est un film qui raconte une aventure complètement improbable pour de si jeunes personnes et nous avons essayé avant tout de capter les rêves et l’humeur de ces enfants. Au Brésil par exemple, le film a été perçu comme une comédie. Les enfants y sont très drôles, la façon dont ils parlent, leur façon d’être. Donc c’est vraiment une comédie malgré le contexte et l’histoire qu’ils vivent.

Vous avez fait des films très différents jusqu’ici. Celui-ci a t-il été un challenge par rapport à ce que vous avez fait précédemment ?

Oui, ça a été un vrai challenge et un changement.

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Comment avez-vous trouvé les enfants ?

Nous avons passé beaucoup de temps sur place avec différentes communautés. Nous n’avons pas cherché des enfants qui correspondaient vraiment à ceux du livre mais des enfants intéressants. Et au final, les enfants vraiment intéressants ressortent toujours du lot. En tout cas, cela a été un long processus.

Comment avez-vous choisi Rooney Mara et Martin Sheen, pour les rôles secondaires ?

Déjà parce que ce sont de grands acteurs. Mais en plus, Martin Sheen a pu nous faire profiter de son expérience de ce genre d’endroits. Quand il  fini Apocalypse Now, il a passé beaucoup de temps dans les environs très pauvres des Philippines. C’est un catholique très engagé qui a vécu énormément d’expériences et il a été un choix plein de sens. Et Rooney Mara a passé pas mal de temps dans les environs de Nairoibi. Elle avait aussi sa propre expérience de l’enseignement, et de la vie au milieu de populations très pauvres. Donc, d’une certaine manière, c’était facile pour moi car j’avais la somme de toutes ces expériences pour raconter cette histoire.

Le ton du film est très particulier : C’est un film assez dur et en même temps, c’est un vrai feel good movie avec beaucoup d’énergie. Comment avez-vous fait pour équilibrer ces différentes tonalités?

C’est une bonne question. L’histoire est une fable improbable. En travaillant sur le film nous étions soucieux de voir comment les enfants réagiraient dans de telles circonstances. Au centre du film, il y a la question de la justice, de la moralité, ce qui est juste et ce qui est mal. Et tout venait d’eux. Ils se sont appropriés ce sens de l’amitié, de la foi en Dieu, etc… Et au final, ils ont complètement imprégnés l’histoire, son énergie, son message d’espoir, son humeur, par rapport à la situation. Et j’aime vraiment le résultat de ce mélange des genres. Comme je vous le disais, au Brésil, le film est vu comme une comédie. Nous on pourrait se dire « oh mon dieu, quelles conditions de vies horribles ». Mais ce n’est pas un documentaire ou un film politique, en tout cas. C’était très clair au début du tournage.

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Avez-vous tourné dans des décors réels ? Les favelas ou le site incroyable de la décharge…

On a tourné tout autour de la ville de Rio. On a dû construire le site de la décharge, juste pour des questions légales et pour des raisons sanitaires et de sécurité. Il y aurait trop de risques de contaminations, avec des déchets toxiques etc…

Le film réunit pas mal d’acteurs tous très différents. Quelle était l’ambiance sur le plateau ?

Encore une fois, l’atmosphère du plateau a été dictée par les enfants. Ils avaient une telle énergie incroyable, un peu chaotique aussi, mais elle contaminait le tournage et on s’est servi de ce chaos. Mais sinon, on avait une super équipe et j’ai vraiment aimé le temps passé avec elle.

C’est amusant parce que vous parlez avec beaucoup de tendresse de ces enfants. Pourtant, généralement, les réalisateurs ont souvent un peu peur de tourner avec des enfants…

Je pense que l’avantage de ce film et de la distribution que l’on avait, c’est que tout reposait sur les enfants, rien n’avait de sens sans eux. On ne leur disait pas quoi faire mais on s’adaptait à eux. Et c’était très fun. Et je ne parle pas seulement de ce qui était bien pour eux dans l’histoire mais aussi sur le tournage au jour le jour. De toute façon, si vous voulez que les enfants vous donnent quelque-chose, c’est mieux de ne pas leur dire quoi faire.

Vous prenez beaucoup de temps entre chaque film. Quel est le déclencheur pour que vous vous lanciez dans un nouveau projet ?

Vous savez, un film représente plusieurs années de votre vie. Et je ne suis pas un réalisateur qui aime enchaîner les films les uns derrière les autres. Je fais des films parce que le sujet m’intéresse et m’importe. Pour ce film là, j’avais envie de faire un film d’aventure et il fallait passer beaucoup de temps au Brésil. C’était une bonne combinaison. En plus, l’histoire et ce pays dégageaient une telle énergie communicative, un tel sentiment d’espoir, que cela tranchait vraiment avec le pays d’où je viens, l’Angleterre où l’on ressent la pression, la colère, le désespoir… Le Brésil était un bel endroit pour passer quelques années de ma vie.

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Quand vous décidez de commencer un nouveau film, vous partez de quoi en général, une idée ? Un acteur ?

La direction que va prendre le film est ce qu’il y a de plus important pour moi. Est-ce que cela va marcher ou pas ? Et puis il y a les circonstances dans lesquelles vous allez faire le film. Dans le cas précis de Favelas, les enfants et le Brésil ont été les principaux moteurs pour que je le fasse. Il y a beaucoup de bonnes idées dans le monde, beaucoup de raisons pour lesquelles vous allez aimer les choses. Mais vous savez qu’en faisant un film, vous allez y passer plusieurs années. Ici, nous avons réussi à trouver une dynamique et nous avons pensé que nous avions quelque chose d’intéressant à raconter.

Quel sera votre prochain projet ?

J’ai fait une pièce de théâtre l’an dernier écrite par Peter Morgan et qui a ensuite été jouée à Broadway. Et là, nous allons la développer sous forme de série télévisée. Ça s’appellera The Crown!

Remerciements : Universal Pictures (Florence, Dora, Sylvie)

Merci également à Mondociné.net et nopopcorn.fr

 

 

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