Critiques Cinéma

QUAND VIENT LA NUIT (Critique)

3,5 STARS TRES BIEN

quand vient la nuit affiche

SYNOPSIS: Bob Saginowski, barman solitaire, suit d’un regard désabusé le système de blanchiment d’argent basé sur des bars-dépôts – appelés « Drop bars » – qui sévit dans les bas-fonds de Brooklyn. Avec son cousin et employeur Marv, Bob se retrouve au centre d’un braquage qui tourne mal. Il est bientôt mêlé à une enquête qui va réveiller des drames enfouis du passé…

Relever la gageure du second film lorsque l’on a connu un succès aussi soudain qu’inattendu n’est pas une mince affaire. Après Bullhead et son sujet totalement atypique, tout comme son traitement, Michael R. Roskam était attendu au tournant. Et c’est au détour d’une production américaine qu’on retrouve le cinéaste flamand, dans l’adaptation d’un thriller de Dennis Lehane (Mystic River, Gone Baby Gone). L’écrivain bostonien par excellence, voit son intrigue délocalisée dans la Grosse Pomme pour un sujet autour d’un « relais », un de ces bars où l’argent de la pègre transite afin d’être blanchi. L’occasion de peindre la relation de deux cousins qui tiennent le bar sans faire d’histoires jusqu’à ce qu’un braquage ne mette à mal la protection toute relative dont ils bénéficient. Quand vient la nuit est d’une facture relativement classique mais il porte en lui l’essence même du film noir, grâce au travail de Roskam, qui confirme sa singularité et son talent. Il manque malgré tout d’un petit plus pour passer d’un bon film à un grand film, bien que le cinéaste parvienne avec brio à créer une ambiance sombre et intense indéniable. Si l’on retrouve l’écriture pointue de Dennis Lehane et ses facultés d’entomologiste pour décrire les us et les coutumes d’un microcosme, le prétexte à son récit est famélique et a du mal à exister sur la longueur.

QUAND VIENT LA NUIT 1

Le film prend son temps pour démarrer et sa relative lenteur pourra rebuter les spectateurs qui ne seront pas sensibles à l’atmosphère mise en place par le réalisateur et induite par la trame du scénario. Mais l’impeccable direction d’acteurs de Roskam, sa précision pour imprimer à ses images une véritable identité, sublimée par une magnifique photographie aux teintes ocres, confèrent au film une véritable personnalité. Ni l’archétype du polar touffu et sombre, ni un film noir lambda dans sa structure,  Quand vient la nuit est un récit à hauteur d’hommes, dans un monde gangréné par la pègre, où la révolte a disparue derrière la soumission à des règles qui ne prêtent pas à discussion. Dans ce monde d’hommes, une seule femme importante,  interprétée par une Noomi Rapace fragile et brisée apparait capable de catalyser deux brutalités antagonistes. Celle du personnage de Tom Hardy, mutique, sourde et ancrée dans ses gênes, que l’on sent prête à déborder à tout moment. Et celle plus rugueuse et explosive du personnage de Matthias Schoenaerts, plus attendue et moins pernicieuse. Autour d’eux, la présence magnétique du regretté et formidable James Gandolfini dont c’est le dernier rôle, contribue à donner à Quand vient la nuit la figure patriarcale qui en fait une tragédie familiale qui n’est pas sans rappeler le travail d’un James Gray. Avec ses personnages auxquels il accorde l’importance qui leur est due, Michael R. Roskam livre un film dont l’épitaphe pourrait être Un homme et son chien et qui ne déparerait pas dans la vitrine d’un Scorsese, avec sa violence sourde et sporadique. Mais Quand vient la nuit porte déjà la marque d’un auteur, un vrai dont le nom, Michael R. Roskam, n’a pas fini d’embraser les écrans de cinéma.

quand vient la nuit affiche

Titre Original: THE DROP

Réalisé par: MICHAEL R. ROSKAM

Casting: Tom Hardy, Noomi Rapace, Matthias Schoenaerts

James Gandolfini, John Ortiz, Elizabeth Rodriguez…

Genre: Thriller, Drame, Policier

Sortie le: 12 novembre 2014

Distribué par: Twentieth Century Fox France

3,5 STARS TRES BIENTRÈS BIEN

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