HIPPOCRATE (Critique)

Par Fred Teper le septembre 6, 2014 • ( 1 commentaire )

SYNOPSIS: Benjamin va devenir un grand médecin, il en est certain. Mais pour son premier stage d’interne dans le service de son père, rien ne se passe comme prévu. La pratique se révèle plus rude que la théorie. La responsabilité est écrasante, son père est aux abonnés absents et son co-interne, Abdel, est un médecin étranger plus expérimenté que lui. Benjamin va se confronter brutalement à ses limites, à ses peurs, celles de ses patients, des familles, des médecins, et du personnel. Son initiation commence.

Sur le papier, un film sur les coulisses des hôpitaux français, cela n’avait rien de très emballant. Mais Hippocrate, au-delà de dresser le portrait peu reluisant d’une médecine victime de manques de moyens colossaux a l’intelligence de ne pas s’appesantir sur le misérabilisme et de le désamorcer avec un humour qui fait office d’oxygène. En partie autobiographique (Thomas Lilti le réalisateur est lui-même médecin généraliste et a exercé à l’hôpital), Hippocrate se sert de ce vécu avec à propos. En faisant se croiser les destins d’un jeune interne débutant qui a tout à apprendre, fils du grand ponte de l’hôpital et celui d’un médecin étranger contraint de redevenir simple interne en France, le film épouse la forme d’un récit éclaté où les pistes narratives finissent par se rejoindre dans un ensemble extrêmement cohérent. Sans jamais être complaisant, le film fait preuve d’un réalisme empreint de sincérité, fourmillant d’anecdotes et choisissant une approche quasi documentaire, qui loin d’être rebutante, permet une plongée dans le milieu hospitalier.

S’y côtoient apprentissage à la dure, décisions contraires à la logique, obligations de se plier à une hiérarchie aveugle, questionnement sur la vocation et la foi, toute la panoplie y est, ce qui est un peu la limite de l’exercice, car à vouloir parler de tout, on peut avoir l’impression que le réalisateur en fait parfois un peu trop dans la multiplicité et la variété des situations. Mais ce léger travers qui n’en est pas véritablement un n’empêche nullement Hippocrate d’être une comédie sociale enlevée et idéalement rythmée, agrémentée de ce sentiment inestimable de prise sur le vif. Et grâce à un casting parfait, on ne s’ennuie pas une seconde dans cet univers qui est un cocktail parfait entre divertissement et connaissance. Vincent Lacoste est excellent en candide qui apprend sur le tas, le formidable Reda Kateb qui n’en finit pas d’épater par la subtilité de son jeu, la trop rare Marianne Denicourt, le fantasque Félix Moati, le délirant Philippe Rebbot ou le distingué Jacques Gamblin complètent une troupe homogène qui contribuent à faire d’Hippocrate une vraie réussite.