Critiques Cinéma

L’HOMME QU’ON AIMAIT TROP (Critique)

3,5 STARS TRES BIEN

L'homme qu'on aimait trop affiche

Le tweet de sortie de projo:

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SYNOPSIS: 1976. Après l’échec de son mariage, Agnès Le Roux rentre d’Afrique et retrouve sa mère, Renée, propriétaire du casino Le Palais de la Méditerranée à Nice. La jeune femme tombe amoureuse de l’homme de confiance de Renée, Maurice Agnelet, un avocat de dix ans son aîné. Maurice a d’autres liaisons. Agnès l’aime à la folie. Actionnaire du Palais de la Méditerranée, Agnès veut vendre sa part de l’héritage familial pour voler de ses propres ailes. Une partie truquée siphonne les caisses de la salle de jeux. On menace Renée. Derrière ces manœuvres guerrières plane l’ombre de la mafia et de Fratoni le patron du casino concurrent qui veut prendre le contrôle du Palais de la Méditerranée. Tombé en disgrâce auprès de Renée, Maurice met en relation Agnès avec Fratoni qui lui offre trois millions de francs pour qu’elle vote contre sa mère. Agnès accepte le marché. Renée perd le contrôle du casino. Agnès supporte mal sa propre trahison. Maurice s’éloigne. Après une tentative de suicide, la jeune femme disparaît à la Toussaint 1977. On ne retrouvera jamais son corps. Trente ans après, Maurice Agnelet demeure l’éternel suspect de ce crime sans preuve ni cadavre. Convaincue de sa culpabilité, Renée se bat pour qu’il soit condamné…

Depuis près de quarante ans, André Téchiné arpente le cinéma français, fort de son indéniable capacité à radioscoper les cœurs. Cinéaste de l’intime et rarement partisan de l’esbroufe, il n’en reste pas moins un témoin de son temps. Après La fille du RER en 2009, L’homme qu’on aimait trop est le second grand fait divers à intéresser le cinéaste. En filigrane de ces affaires dramatiques, Téchiné parvient à inscrire son propre univers, fait de fêlures, de non dits, de relations familiales conflictuelles et de sensualité. Entre l’enquête policière et le drame romanesque, le réalisateur reprend habilement les grandes lignes de l’affaire Agnelet-Le Roux qui défraya la chronique de la fin des années soixante dix. On comprend aisément ce qui a pu intéresser le cinéaste dans cette histoire faite de passion amoureuse destructrice et de lutte de pouvoir. De fait, il excelle à dépeindre cet univers vicié d’une bourgeoisie niçoise qui trempe dans le milieu trouble des casinos et des influences en coulisses des conseils d’administration.

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Construisant son film par le biais d’un long flash-back, Téchiné s’appuie sur le livre de Jean-Charles et Renée Le Roux, et fait démarrer son film alors que cette dernière tente de faire ré ouvrir le dossier concernant la disparition de sa fille vingt ans auparavant. Si la structure et la fluidité du récit sont remarquables, il est dommage que des maquillages sensés vieillir les comédiens soient absolument désastreux et nous empêchent d’être pleinement concentrés sur l’histoire (un problème qui se posera également lors de l’épilogue). Hormis cet état de fait, Téchiné nous immerge dans une histoire de séduction mêlée à une ambition professionnelle dévorante, le tout mené par un homme trouble et sûr de lui aux dépens d’une jeune femme fragile et amoureuse. Le metteur en scène n’émet aucun jugement et laisse au spectateur le soin d’avoir une libre interprétation sur ce qui lui est montré, faisant même volontairement l’impasse sur certains aspects narratifs afin de ne pas aiguiller notre avis. Ce procédé est efficace même s’il annihile quelque peu les émotions qui du coup, n’ont guère le temps de s’installer.

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Bénéficiant d’une photographie soignée de Julien Hirsh et d’une musique signée Benjamin Biolay, Téchiné réussit un film élégant et parvient à une reconstitution appréciable, tant des mœurs qui se rattachent à l’époque que sur le plan vestimentaire ou les sublimes décors. Accentuant le trouble de la personnalité d’Agnelet, Téchiné, également scénariste (avec Jean-Charles Le Roux et Cédric Anger) parvient également à ce que le spectateur soit amené à se poser des questions, évitant de tomber dans une caricature binaire. Ici tout n’est pas noir ou blanc, mais gris et comme à son habitude, le réalisateur de Ma saison préférée ou des Témoins n’est jamais aussi bon que lorsqu’il instille une ambiance nimbée de tension dramatique, nichée dans les non dits, les silences ou les jeux de regard de ses interprètes. Une de ses forces est d’ailleurs de toujours savoir bien s’entourer et L’homme qu’on aimait trop ne fait pas exception à la règle

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Guillaume Canet, charmeur, hâbleur, séducteur prête ses traits au suspect principal et lui confère à la fois une arrogance et un mystère totalement à propos. Face à lui, la renversante et divine Adèle Haenel déploie une palette de jeu variée et remarquable. Elle démontre une sensualité et une présence qui s’affirment de film en film. Dans une scène de danse endiablée sur une musique africaine où elle se lâche totalement, faisant montre d’une liberté totale avec son corps et sans pour autant que cela finisse en scène de sexe alors que cela semblait presque inévitable, la jeune actrice laisse pantois. Catherine Deneuve qui retrouve son réalisateur de Hôtel des Amériques et du Lieu du Crime entre autres, est vraiment excellente. Tantôt autoritaire et pugnace ou plus à la lisière de bons sentiments maternels, son aura reste intacte et elle enchaine depuis quelques films des performances incroyables qui ne laissent pas insensibles. Téchiné sublime ses comédiens, soit en leur offrant des scènes inattendues, soit en coupant les séquences au bon moment et éviter ainsi les poncifs. A titre d’exemple, une très belle scène voit Deneuve chanter en italien avec son chauffeur, Stand By Me. Des petites faiblesses de rythme font ralentir la tension mais de bout en bout et sans se poser en juge, Téchiné nous donne du grain à moudre. Même si l’affaire dévoile petit à petit ses zones d’ombre le mystère, au bout du compte, reste entier!

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Titre Original: L’HOMME QU’ON AIMAIT TROP

Réalisé par: ANDRE TECHINE

Casting: Adèle Haenel, Guillaume Canet, Catherine Deneuve,

Jean Corso, Judith Chemla …

Genre: Drame

Sortie le: 16 juillet 2014

Distribué par: Mars Distribution

3,5 STARS TRES BIENTRÈS BIEN

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