On est mercredi ou jeudi ? Jeudi, me dit-on au réveil. Cannes, c’est aussi la perte quasi totale des repères (spatiaux-temporels), l’extase d’être halluciné en salles. Les films s’enchaînent, les jours se ressemblent. Pourtant, chaque visionnage est un moment unique, un torrent d’émotions qui envahit à chaque fois le corps. Comme il faut à tout prix maintenir la forme pour ne pas finir sur les rotules (Cannes est un sport d’endurance, rappelons-le), je décide de jumper la séance matinale du nouveau Hazanavicius, The Search. Coup de chance, la presse lui tombe dessus à la seconde où le générique défile sur l’écran. Le long-métrage aurait même été hué en salles (acte incrompréhensible mais passons). J’engloutis un pain bagnat (le dixième cette semaine), me voilà dans la file pour Le Conte de la princesse Kaguya, petit bijou des studios Ghibli et dernier tour de piste de Isao Takahata, l’un des fondateurs de la compagnie. À l’instar de son compère Hayao Miyazaki, son ultime long-métrage est une petite merveille, une ode à l’émancipation et au libre-arbitre, peut-être un poil trop long par moments et moins émouvant que prévu, mais tout de même de haut calibre.
Pause en sortant, possibilité de discuter cinoche avec quelques passants, de feuilleter Le Film Français spécial Cannes et de se remettre dans le bain. Inévitable « manche » pour obtenir une place pour le Hazanivicius, sélectionné en compétition officielle. Oui, je veux me faire ma propre opinion de la chose. Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis. Retour devant le grand palais donc, invitation obtenue en quelques minutes. Déjà la 5ème montée des marches pour moi, moment d’émotions et sale impression que tout ce rêve va hélas bientôt devoir s’achever. En attendant, je m’installe dans la salle. Arrivée de Michel Hazanavicius et de sa compagne, l’actrice Bérénice Béjo, sur le tapis rouge. 2H35 de bobine interminable. Le film m’a pas emballé du tout, impossible de rester concentré plus de 10 minutes d’affilée. Les 3 histoires développées, bien que connectées, ont du mal à exister chacune l’une avec l’autre, le traitement est trop clinique pour provoquer le moindre émoi. Mais nouvel ascenseur émotionnel, puisqu’à la sortie, en plus d’obtenir une invit pour le prochain film en compétition officielle, projeté demain (Jimmy’s Hall de Ken Loach), j’apprends que Godard et Dolan ont fait du bruit. Le premier avec Adieu au Langage, le second avec Mommy, tous deux acclamés par la presse. Espérons que je puisse être aux premières loges pour les projections de demain et rejoindre les rangs des adorateurs de Jean-Luc et Xavier.
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