Le tweet de sortie de projo:
SYNOPSIS: Les X-Men envoient Wolverine dans le passé pour changer un événement historique majeur, qui pourrait impacter mondialement humains et mutants
Retour aux pleins pouvoirs sur la franchise X-Men pour Bryan Singer, après avoir officié comme « simple » producteur sur le dernier opus en date (faisons fi des épouvantables spin-off centrés sur Wolverine dans cet article), l’excellent X-Men : Le Commencement réalisé par son complice Matthew Vaughn. Simple entre guillemets au sens où Bryan Singer n’a réellement quitté la saga que lors de la sortie d’X-Men 3, puisqu’il a longuement collaboré avec Vaughn sur Le Commencement (X-Men First Class en VO) afin de bâtir une œuvre globale cohérente et homogène sur le plan thématique, tout en renouvelant son point de vue formel à chaque nouvelle mouture. En narrant sous forme de prequel l’amitié puis le schisme des jeunes mutants Charles et Erik, Vaughn et Singer ne donnaient pas seulement un coup de fouet à une franchise alors en pleine dérive (le décevant 3ème opus et le calamiteux spin-off X-Men Origins Wolverine), ils mêlaient les genres avec brio (film de super-héros, film d’espionnage façon James Bond) pour transcender un propos (la naissance de la ségrégation humains / mutants), une époque (les années 60), ainsi que des personnages, ce de manière très habile, notamment grâce au super casting. La suite était forcément très attendue.
Sécrétion d’adrénaline donc, chez les fans, à l’annonce d’un » X-Men 7 » ayant pour objectifs principaux de poursuivre les aventures de First Class, tout en remettant les pendules à l’heure en « réparant » les erreurs de continuité de la saga avec l’idée astucieuse d’un voyage dans le temps (réunion d’anciens et de nouveaux mutants) et en prenant le soin de battre la concurrence (les Avengers, Batman, Superman, Spider-Man) à plates coutures en terme d’ampleur. Le concept est clair, Singer convoque dès lors l’équipe de la première trilogie (Patrick Stewart, Ian McKellen, Halle Berry, Hugh Jackman, Ellen Page, Shawn Ashmore, Anna Paquin, Daniel Cudmore) et les plus jeunes (James McAvoy, Michael Fassbender, Jennifer Lawrence, Nicholas Hoult, Lucas Till), ainsi que quelques nouvelles têtes (Boo Boo Stewart, Fan Bingbing, Omar Sy, Evan Peters, Peter Dinklage) et rappelle à l’ordre de fidèles collaborateurs off-screen (Newton Thomas Sigel à la photo, John Ottman au montage et à la musique…). L’ambition est telle que Singer s’alloue également les services de James Cameron en personne pour lui demander conseil, à propos notamment de multivers, de la théorie des cordes et de voyage dans le temps.
Ne faisons pas durer le suspense plus longtemps, mission réussie avec mention pour Bryan Singer. X-Men Days of Future Past, titre qui renvoie directement à l’intrigue développée par Chris Claremont et John Byrne dans les comics Uncanny X-Men, est en effet une franche réussite. Ouverture magistrale tout d’abord dans un futur façonné à la Terminator (James Cameron s’étant inspiré du comics Days of Future Past pour son blockbuster robotique, la boucle est désormais bouclée) où les mutants sont éradiqués les uns après les autres par des robots tueurs impitoyables nommés sentinelles et engagés par un marchand d’armes avide de génocide, le docteur Boliver Trask (Peter Dinklage, excellent). Dans ce contexte, une seule solution : envoyer l’esprit de Wolverine dans le passé au début des 70’s pour offrir un avenir plus pacifiste. Cette séquence d’introduction est, à plusieurs égards, absolument prodigieuse ; d’une part, elle rappelle en quelques phrases et quelques plans les grandes thématiques de la saga – l’ostracisme et le totalitarisme menant irrémédiablement à la guerre – et pose le cadre et le ton, tous deux sombres et mortifères. Ces trois éléments sont d’ailleurs bien mis en avant par une esthétique soignée, avec quelques shots renversants (celui où plusieurs centaines de cadavres sont jetés dans une fosse vaut le détour) et rendant admirablement hommage au chef d’œuvre Terminator du king Cameron (qui s’en verra sûrement flatté d’ailleurs). D’autre part, cette scène, visuellement splendide, offre d’emblée un combat d’anthologie, chorégraphié de manière spectaculaire par Singer. Une lutte mutants / robots où chacun est à sa place, utilisation de leurs pouvoirs intelligente et en perpétuel renouvellement comme témoin (big up au duo Blink / Warpath et à Bishop, interprété par un Omar Sy convaincant). Pourquoi s’attarder aussi longuement sur cette inauguration ? Et bien, à l’instar de celle d’X2 – rappelez-vous l’attaque incroyable de la Maison-Blanche par Diablo sous fond de musique classique – elle reflète parfaitement le film en globalité et l’énergie considérable déployée pour ravir le public.
Ainsi, le reste de l’aventure est totalement ébouriffant. Bryan Singer se connecte avec l’Histoire avec une facilité absolue – la guerre du Vietnam abordée frontalement, l’assassinat de JFK expliqué au détour de quelques répliques, l’approche directe de la présidence de Richard Nixon, homme prêt à balayer les mutants de la surface de la Terre – inscrivant son récit dans la réalité géo-politique de l’époque avec un propos de fond passionnant, revisite avec brio les thèmes phares du comics et de la série cinématographique – le libre arbitre, l’anti-déterminisme social, l’émancipation, le mouvement cyclique social, les altérités du temps – et approfondit les arcs narratifs de First Class (le triangle amoureux Charles / Magnéto / Mystique, la confrontation barbare avec les humains) avec tout autant de virtuosité, tout en prenant le soin d’offrir une belle conclusion à la trilogie originale en rattrapant les bourdes du faiseur Brett Ratner effectuées sur le troisième volet. C’est d’ailleurs là que réside la force de Days of Future Past : le souci constant de la cohérence, du détail et de l’ancrage du récit dans le réel. Tout semble maîtrisé, logique et faire sens, même si les détracteurs pourront se délecter de quelques oublis et/ou incohérences, probablement volontaires d’ailleurs, comme l’absence d’explication sur la résurrection « corporelle » du professeur Xavier dans le futur, le nouveau pouvoir de Kitty ou sur le fait que Wolverine récupère ses griffes en adamantium dans le gap temporel situé entre le second film qui lui est dédié (sorti en juillet 2013, NDLR) et le futur dépeint ici.
D’un autre côté, Days Of Future Past réserve son lot de surprises (la fameuse ‘séquence’ Quicksilver complètement ahurissante, l’éclairage émouvant autour du personnage de Mystique) et assume fièrement son statut de film estival en assurant son quota de scènes spectaculaires et en distillant un humour léger bienvenu (les tirades vachardes de Wolverine, le jeune voyou très cool Quicksilver). Ainsi, on assiste pêle-mêle dans le dernier acte à un divertissement total et mature où Magnéto, campé par un Michael Fassbender plus charismatique que jamais, transporte un stade sportif entier dans les airs pour battre en retraite ses ennemis, ou encore à une lutte acharnée dans le futur, où le design magnifique des sentinelles rappelle étrangement celui des machines destructrices de Matrix Reloaded et Revolution. Durant ce dernier chapitre, Michael Fassbender incarne donc un Magnéto survolté, mais il est bien assorti au british James McAvoy, tout aussi juste. Leur relation dépasse très largement le cadre d’un tandem classique pour atteindre un niveau de complexité et de nuances extraordinaire avec au passage l’idée brillante et très forte du choix cornélien de Xavier entre son pouvoir et sa autonomie motrice. Sublime utilisation de leur pouvoir à nouveau, mais aussi de ceux de Mystique et Wolverine, Jennifer Lawrence et Hugh Jackman bien en jambes eux aussi.
S’il est aussi prenant et intéressant, c’est aussi car Singer s’en donne à cœur joie sur un plan purement formel : variation hyper fluide des formats avec morceaux filmés en 16 mm pour sublimer des événements politiques, découpage parfait, jeux de symétrie, montage percutant, colorimétrie attirante. Bémol par contre avec la composition de John Ottman, dont les seules avancées se retrouvent à travers des sonorités extrêmement proches du désormais incontournable Inception Sound. Dommage également qu’il n’ait pas voulu reprendre le thème musical de Magnéto, signé Henry Jackman. En deux mots : Bryan Singer réussit son pari haut la main et prouve qu’il était bel et bien l’homme de la situation pour reprendre les rênes de la franchise X-Men au cinéma. Plus noir, plus complexe, plus dense mais aussi plus émouvant que ses prédécesseurs, Days Of Future Past respecte la charte graphique et thématique de la saga et a tout du futur film culte. À moins qu’un certain Apocalypse ne vienne s’en mêler dans deux ans.
Titre Original: X-MEN : DAYS OF FUTURE PAST
Réalisé par: BRYAN SINGER
Casting: Michael Fassbender, Peter Dinklage, Omar Sy, Halle Berry, Ian McKellen,
Patrick Stewart, Hugh Jackman, Jennifer Lawrence, James McAvoy, Ellen Page…
Genre: Action, Science-Fiction
Sortie le: 21 mai 2014
Distribué par : Twentieth Century Fox France
Catégories :Critiques Cinéma
j’ai trop hâte !
Je te rejoins presque totalement.
En revanche, la résurrection inexpliquée de Xavier dans le futur m’a beaucoup gêné…
J’étais un peu déçue aussi qu’on ne nous explique pas le retour de Xavier dans son propre corps (merci pour tes explications backstage :), mais effectivement le film était fluide, les scènes de combat ingénieuses (l’utilisation des vortex quoi !!!), et chaque personnage décrit et joué dans les détails de sa façon de vivre et de penser. Bref, j’ai kiffé grave.
Question bonus : ils ont poussé la cohérence vraiment très loin, du coup ça sent pas un peu le crossover vers les Avengers et notamment Captain America tout ça (puisque quicksilver = vif argent = les enfants de magneto) ??
C’est du très bon et comme ça que x-men 3 n’a jamais existé,j’apprécié ce film,magnifique.