Critiques Cinéma

NEBRASKA (Critique)

4 STARS EXCELLENTnebraska affiche

Le tweet de sortie de projo:

tweet nebraska

SYNOPSIS: Un vieil homme, persuadé qu’il a gagné le gros lot à un improbable tirage au sort par correspondance, cherche à rejoindre le Nebraska pour y recevoir son gain, à pied puisqu’il ne peut plus conduire. Un de ses deux fils se décide finalement à emmener son père en voiture chercher ce chèque auquel personne ne croit. Pendant le voyage, le vieillard se blesse et l’équipée fait une étape forcée dans une petite ville perdue du Nebraska qui s’avère être le lieu où le père a grandi. C’est ici que tout dérape. Rassurez-vous, c’est une comédie !

Près d’un an après sa présentation à Cannes qui valut à Bruce Dern un prix d’interprétation masculine, le nouveau film de Alexander Payne, Nebraska, débarque enfin sur nos écrans. Après The Descendants, unanimement salué par la critique et qui recélait de très jolis moments, Alexander Payne revient avec ce qu’il fait de mieux et que l’on trouve en filigrane de toute son œuvre, soit un road-movie tournant autour de relations familiales complexes que le réalisateur prend un malin plaisir à décrypter avec l’acuité et le talent de conteur qui le caractérisent. Avec Nebraska et son sujet pas complètement funky sur le papier, le metteur en scène se paye qui plus est, le luxe de tourner en noir et blanc. Avec un rythme bien à lui (à savoir prendre son temps mais sans lenteur superflue), Nebraska est un film atypique qui tranche avec les produits sans âme qui débarquent chaque semaine dans les salles obscures. Un film délicat et d’une simplicité trompeuse, qui, sous ses dehors innocents dit de très jolies choses sur les relations père-fils et sur les liens qui se nouent entre les êtres, mais aussi et surtout un film d’une drôlerie infinie, avec quelques scènes à la fois décalées et irrésistibles.

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Excellent pour dépeindre avec précision la nostalgie d’un monde tombé en désuétude, évitant tout vernis qui maquillerait la structure de son récit avec des rebondissements artificiels, Alexander Payne livre un de ses films les plus personnels alors que paradoxalement il n’est pas, pour la première fois, l’auteur du scénario. Nebraska est un film intimiste qui se caractérise par une mise en valeur de cette Amérique profonde, de ces petites villes où tout le monde se connait et où chacun s’apprécie dès lors que les conditions de vie sont partagées. Car sous les sourires de façade, les jalousies se font vite jour. Parvenant avec virtuosité à varier les scènes pudiques et empreintes d’une sensibilité très dense avec des séquences complètement loufoques qui provoquent le fou rire, Alexander Payne propose avec Nebraska un petit miracle, qui avec n’importe qui d’autre aux commandes, aurait très vite pu sombrer dans le ridicule.

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Si la mise en scène n’est jamais ostentatoire et ne cherche pas à prendre toute la place, elle finit même par s’effacer derrière le travail des comédiens. Le noir et blanc, au-delà de son côté esthétisant et arty qui pourrait agacer, insiste au contraire sur le côté nostalgique de l’histoire et contribue à rendre le récit à la fois universel et intemporel. A la fois doux et tendre, charriant des sentiments qui parleront à tous, Nebraska est extrêmement chaleureux et si on se laisse prendre dans sa toile, le plaisir est énorme. On rit, on est ému et le scénario de Bob Nelson est d’une précision diabolique parvenant à faire s’entrecroiser les différentes lignes narratives avec facilité tout en décochant des dialogues très efficaces en plus d’être hilarants.

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En plus de ces innombrables qualités, Nebraska doit son incontestable réussite à un casting en tout point irrésistible. De Will Forte en fils perdu mais à la tête sur les épaules qui découvre son père sur le tard, parfait dans la sobriété et la douceur à Bob Odenkirk, la réussite de la famille et soutien innébranlable, en passant par un Stacy Keach excellent en type ignoble ou Devin Ratray et Kevin Kunkel en duo de pieds-nickelés drôle et pathétique, Alexander Payne nous offre un casting à la fois hétéroclite et déjanté, mais il filme également de vrais gueules de cinéma à la gouaille contagieuse. Il offre surtout deux rôles en or à un couple de comédiens exceptionnel: June Squibb tout d’abord qui, en maman et épouse aimante à la langue bien pendue peut se targuer de quelques unes des scènes les plus savoureuses (mention spéciale à la séquence du cimetière). Puis il y a l’immense Bruce Dern qui trouve ici un rôle à la hauteur de son incroyable talent. En vieil homme qui voudrait laisser un héritage à ses enfants, il est bouleversant dans son obstination et sa quête et le voir déployer une palette de jeu infinie est un plaisir de chaque instant. Alexander Payne lui offre un écrin magnifique avec ce film si délicat. Comme quoi, la valeur n’attend pas le nombre des années.

NEBRASKA AFFICHE MINITitre Original: NEBRASKA

Réalisé par: Alexander Payne

Casting: Bruce Dern, June Squibb, Will Forte,

Bob Odenkirk, Stacy Keach, Marie Louise Wilson…

Genre: Comédie, Drame

Sortie le: 02 Avril 2014

Distribué par : Diaphana Distribution

4 STARS EXCELLENTEXCELLENT

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