Critiques Cinéma

PRISONERS (Critique)

4,5 STARS TOP NIVEAU

prisoners affiche

SYNOPSIS: Dans la banlieue de Boston, deux fillettes de 6 ans, Anna et Joy, ont disparu. Le détective Loki privilégie la thèse du kidnapping suite au témoignage de Keller, le père d’Anna. Le suspect numéro 1 est rapidement arrêté mais est relâché quelques jours plus tard faute de preuve, entrainant la fureur de Keller. Aveuglé par sa douleur, le père dévasté se lance alors dans une course contre la montre pour retrouver les enfants disparus. De son côté, Loki essaie de trouver des indices pour arrêter le coupable avant que Keller ne commette l’irréparable… Les jours passent et les chances de retrouver les fillettes s’amenuisent…

On ne l’a pas vu venir celui-ci et pourtant la claque Incendies aurait dû nous mettre la puce à l’oreille, mais non, Prisoners, malgré son casting ultra excitant, c’est le genre de film qui vous tombe sur le coin du nez alors que vous ne vous y attendiez pas et qui vous laisse scotché au siège, tant ce à quoi vous venez d’assister est fort. Le canadien Denis Villeneuve réussit là un thriller exemplaire qui fera date, tant la virtuosité à la fois formelle, d’écriture et de mise en scène est indéniable. Un film noir d’encre, deux heures trente d’une intensité qui n’en finit pas de monter et une émotion folle en filigrane. Dans la lignée directe d’un Mystic River, Prisoners est un drame complexe dont les ramifications sont multiples et touchent à plusieurs niveaux, et qui plus est porté  par des comédiens exceptionnels, au premier rang desquels émergent un Hugh Jackman et un Jake Gyllenhaal dont les interprétations toutes en nuances sont des régals du genre.

prisoners 1Prisoners, c’est d’abord un scénario diabolique écrit par Aaron Guzikowski (Contrebande), une histoire terrible d’enlèvement d’enfants vu à la fois par le regard des familles et par celui qui traque le kidnappeur. Une histoire qui prend tout son temps pour raconter le drame qui se noue, les angoisses qui tenaillent les proches jusqu’au vertige, qui va finir par pousser le personnage de Hugh Jackman, père de l’une des deux fillettes disparues, et, alors que l’espoir s’amenuise, à se lancer à corps perdu à la recherche d’un coupable. Le suspect principal a été libéré faute de preuves, mais il faut un coupable à cet homme ivre de douleur quel qu’il soit, plutôt que de ne pas savoir. Fausses pistes, indices disséminés ça et là en forme de trompe-l’oeil, le script est une mécanique de précision, un bijou de tension permanente. La force dramatique de l’histoire est également décuplée par l’opposition des points de vue. L’inspecteur en charge de l’enquête s’il est plus pondéré dans ses jugements n’en est pas moins déterminé à retrouver les enfants et les répercussions de cet évènement terrible sur chaque personnage sont extrêmement détaillées ce qui permet aux comédiens de défendre des rôles passionnants.

PRISONERS 2

Plaçant son récit dans un cadre ultra réaliste, Denis Villeneuve réussit également la gageure de faire un film formellement étourdissant notamment grâce à la photographie du génial Roger Deakins (Skyfall, de nombreux films des frères Coen…)qui réussit subtilement à dépeindre un univers très contrasté, ce qui confère au film une ambiance anxiogène dans laquelle on se plonge avec délectation malgré la noirceur et la turpitude de ce qui nous est conté. De coups de théâtre en montée en pression, jusqu’à une fin ouverte des plus inattendues, le film nous réserve des moments forts comme on n’en avait pas vécus depuis un bail. Thriller de premier ordre, Prisoners ne peut se résumer uniquement à une banale enquête. D’une incroyable densité malgré sa durée, le film soulève la question de la justice par soi-même et des apparentes évidences dont il faut se méfier. Le metteur en scène choisit un point de vue narratif qui occulte plus ou moins les motivations du criminel, mais il n’en reste pas moins fascinant de bout en bout.

PRISONERS 3

La distribution, on l’a dit, est portée par Hugh Jackman et Jake Gyllenhaal. L’interprète de Wolverine trouve là un rôle où il fait preuve à la fois d’une froide détermination et d’une immense capacité à jouer sur la fureur et l’émotivité. Il y est saisissant et prouve que son talent immense est parfois galvaudé par des rôles moins bien écrits. Jake Gyllenhaal est lui impressionnant dans un rôle tout en intériorité et froideur et il s’avère réellement surprenant dans des postures auxquelles il ne nous a pas habituées. Autour d’eux, Paul Dano, Melissa Leo, Terrence Howard, Viola Davis ou Maria Bello ont chacun des partitions pleines de contrastes et d’épaisseur à défendre et chacun réussit à apporter au film une puissance dramatique et émotionnelle ravageuses. Film exigeant et impressionnant de maîtrise, ce Prisoners s’impose sans aucun mal comme une référence de suspense et il n’a pas fini de nous étreindre par sa glaciale emprise sur le spectateur qu’il laisse sans voix au moment du générique final.

prisoners affiche mini

Titre Original : PRISONERS

Réalisé par: Denis Villeneuve

Casting: Hugh Jackman, Jake Gyllenhaal, Maria Bello,

Terrence Howard, Viola Davis, Paul Dano, Melissa Leo…

Genre: Thriller

Sortie le: 09 Octobre 2013

Distribué par : SND

4,5 STARS TOP NIVEAUTop Niveau

4 réponses »

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s