Le tweet de sortie de projo:
SYNOPSIS: Il était une fois une jeune fille qui croyait au grand amour, aux signes, et au destin ; une femme qui rêvait d’être comédienne et désespérait d’y arriver un jour ; un jeune homme qui croyait en son talent de compositeur mais ne croyait pas beaucoup en lui.
Il était une fois une petite fille qui croyait en Dieu.
Il était une fois un homme qui ne croyait en rien jusqu’au jour où une voyante lui donna la date de sa mort et que, à son corps défendant, il se mit à y croire.
On avait quitté Agnès Jaoui metteur en scène sur la semi déception de Parlez-moi de la pluie avec Jamel Debouzze il y a déjà cinq ans et on la retrouve aujourd’hui avec Au bout du conte, toujours co-écrit avec Jean-Pierre Bacri. Après son coup de maître en 1994, Le goût des autres et un second film maîtrisé, Comme une image, on a aujourd’hui le sentiment diffus que la réalisatrice recherche un second souffle qu’elle peine à trouver. Si les interrogations sociétales du duo de scénaristes sont toujours bien présentes, leur désenchantement laisse la place en filigrane à une noirceur de plus en plus palpable et à des questions de plus en plus prégnantes autour du destin et de la mort. Mais comme toujours chez les Bacri-Jaoui, cette noirceur est tempérée par un humour vachard qui continue irrésistiblement de faire mouche.
Toujours ancrées dans un réalisme patent, les situations s’enchainent jusqu’à ce que les enjeux de ce nouveau film se dévoilent avec plus d’acuité. Variation autour du conte de fées avec multiplication des personnages et des postulats de départ, la volonté des co-scénaristes est clairement d’utiliser l’allégorie des différentes histoires qui composent les contes les plus célèbres pour parler de tous les types de relations que l’on peut entretenir. On y croise l’histoire de Cendrillon inversée, un prince charmant pas si charmant que ça, et tant d’autres figures imposées, le tout nimbé dans une histoire contemporaine qui s’attache à nous démontrer que le conte de fées est aujourd’hui beaucoup plus sombre que dans l’imagerie populaire. Prétexte également – comme Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri en ont pris l’habitude par le truchement de leurs regards acérés- à dénoncer les travers d’une certaine bourgeoisie.
C’est comme toujours très finement observé et si le traitement est plutôt original, il faut malheureusement avouer que le film pâtit de certaines longueurs et redondances qui font qu’on lâche parfois un peu prise. Alors certes, on a le plaisir de retrouver un Jean-Pierre Bacri au meilleur de sa forme et le reste du casting est séduisant, original et inattendu mais l’enthousiasme ne parvient pas à être total, malgré des dialogues absolument délicieux et drôles. Ce n’est pas la mise en scène élégante et fluide de Agnès Jaoui qu’il convient de remettre en question, mais plutôt le scénario dont certains éléments semblent étirés et qui du coup font de Au bout du conte un film pas totalement abouti.
Paradoxalement, si le film n’est pas complètement abouti, c’est pourtant celui d’une certaine maturité pour Agnès Jaoui et comme un cadeau fait à Jean-Pierre Bacri, qui bien que faisant partie du mix de personnages du départ, en devient vite la pierre angulaire, vecteur des interrogations sombres et crépusculaires qui donnent à l’ensemble une coloration teintée d’amertume. Le couple central n’occulte pas les présences solaires de Arthur Dupont et de Agathe Bonitzer ou celles assez réjouissantes de Benjamin Biolay ou de Dominique Valadié…., mais Au bout du conte finit par laisser un sentiment d’inachevé comme un brouillon du grand film qu’il aurait pu être.
Titre Original : Au bout du compte
Réalisé par: Agnès Jaoui
Casting: Jean-Pierre Bacri, Agnès Jaoui, Agathe Bonitzer
Arthur Dupont, Dominique Valadié, Benjamin Biolay…
Genre: Comédie
Sortie le: 06 Mars 2013
Distribué par : Memento Films Distribution
Moyen
Catégories :Critiques Cinéma, Les années 2010
Superbe critique (comme toujours). Il ne me tentait pas du tout mais tu m’as donné envie de le voir Cliff’. Nice job 😉
Moi, je n’ai toujours pas envie de le voir 😉
Mais très bonne critique, as usual!