Critiques Cinéma

TELE GAUCHO (Critique) ***

SYNOPSIS: Tout a commencé lorsque les caméscopes ont remplacé les caméras. Faire de la télé devenait alors à la portée de tous. Jean-Lou, Yasmina, Victor, Clara, Adonis et les autres ne voulaient pas seulement créer leur propre chaîne de télé, ils voulaient surtout faire la révolution. Ainsi naquit Télé Gaucho, aussi anarchiste et provocatrice que les grandes chaînes étaient jugées conformistes et réactionnaires. Cinq années de grands foutoirs, de manifs musclées en émetteur pirate, de soirées de beuveries en amours contrariées… et ce fut ma parenthèse enchantée.

Le tweet de sortie de projo:

telegaucho tweet

Il y a de la vie, du bouillonnement, de l’énergie dans Télé Gaucho, il y a ce souffle qui nous pousse et  que l’on peut ressentir dans les aventures de groupe, lorsque l’on est porté par la vague, enveloppé dans une espèce d’inconscience qui nous fait nous dépasser. Il y a de l’engagement, de la politique, de l’amour et de l’humour dans Télé Gaucho, le tout drapé dans une ambiance bordélique au possible. Il y a Jean-Lou, Yasmina, Adonis, Etienne, Clara dans Télé Gaucho, autant d’électrons libres qui mis ensemble composent les éléments perturbateurs d’une télévision locale parisienne du milieu des années 90, dans laquelle Victor, le candide, va débarquer et découvrir la vie tout en étanchant sa soif de liberté.

TELE GAUCHO AFFICHE

Dire qu’on attendait Michel Leclerc après le succès de son essai précédent Le Nom des Gens relève du doux euphémisme. Le nom des gens avait eu cette capacité à surprendre, à faire rire par des dialogues de qualité couplés à un humour iconoclaste qui avait le mérite de ne pas faire dans le déjà vu. La politique mêlée à ce récit donnait en plus du sens à l’histoire. Télé Gaucho reprend un peu l’idée du mélange des genres, il y a toujours de la politique, de l’engagement et du sens, et il y a toujours des personnages bien écrits, mais là où Le nom des Gens suivait l’histoire de Bahia, Télé Gaucho  nous embarque dans l’aventure d’un groupe, avec en filigrane l’innocent qui découvre tout ça les yeux écarquillés. Car Victor, c’est le spectateur, c’est le regard extérieur au groupe, celui qui apprend et s’ouvre petit à petit à la vie d’adulte.

TELE GAUCHO 1

Derrière ce postulat scénaristique on retrouve l’expérience personnelle du réalisateur qui fit ses classes dans le milieu de la télévision associative Télé Bocal au milieu des années 90. Film de groupe qui narre les expériences underground que partagent ces gens au travers de leur engagement social et politique, Télé Gaucho brasse à la fois les thèmes et les rencontres dans une sorte de symphonie foutraque et organisée. Si le film enchaine parfois certaines séquences comme des sketches, on éprouve suffisamment d’empathie pour les personnages et pour la bonne humeur qui se dégage de l’ensemble, pour passer outre cette petite faiblesse. En aucune façon Télé Gaucho n’a l’ambition d’être un brûlot contestataire, mais Michel Leclerc y décortique à sa façon et avec humour les mécanismes qui conduisent souvent les rêves de groupe à se fracasser contre la réalité d’une société individualiste. Et il montre aussi comment l’individu peut s’émanciper d’une collectivité dès lors qu’il passe le Rubicon de la maturité où lorsqu’il prend conscience qu’il peut réussir par lui même.

TELE GAUCHO 2

Il en résulte un film imparfait mais résolument vivant qui permet d’avoir la banane et de se sentir bien dans un monde en proie aux toujours mêmes interrogations et tourments. Pour réussir son coup il fallait que Michel Leclerc trouve les acteurs idoines pour donner à son groupe toute la vérité dont il avait besoin pour sembler à la fois disparate et cohérent. De Eric Elmosnino parfait en bougon libertaire à Maïwen irrésistible en gauchiste engagée, de Sara Forestier en fofolle déconnectée à Zinedine Zoualem en hardeur nostalgique en passant par Emmanuelle Béart en icône fragile d’une télé commerciale, le casting apporte cette fraicheur et ce peps qui insufle ce sentiment de bonheur permanent. Félix Moati dans le rôle central de Victor, celui par qui notre regard passe, est totalement bluffant. Il fait preuve d’une énergie et d’un naturel rafraichissants et il impose d’emblée une belle nature de comédie. Avec Télé Gaucho, Michel Leclerc ne fait pas la révolution, ni en terme de mise en scène, ni par son propos. Il donne à voir un passage de la vie et le sert avec discrétion en nous offrant un film qui souffle comme un vent de liberté vivifiant. Et qu’est ce que ça fait du bien!

Retrouvez également notre interview de Félix Moati et Michel Leclerc ici

TELE GAUCHO, DE MICHEL LECLERC, AVEC FELIX MOATI, ERIC ELMOSNINO, MAIWENN, SARA FORESTIER, EMMANUELLE BEART, SAMIR GUESMI, ZINEDINE ZOUALEM… SORTIE LE 12 DECEMBRE 2012

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