Critiques Cinéma

LA PART DES ANGES (Critique) ***

SYNOPSIS: A Glasgow, Robbie, tout jeune père de famille, est constamment rattrapé par son passé de délinquant. Il croise la route de Rhino, Albert et la jeune Mo lorsque, comme eux, il échappe de justesse à la prison mais écope d’une peine de travaux d’intérêts généraux. Henri, l’éducateur qu’on leur a assigné, devient alors leur nouveau mentor en les initiant secrètement… à l’art du whisky ! De distilleries en séances de dégustation huppées, Robbie se découvre un réel talent de dégustateur, bientôt capable d’identifier les cuvées les plus exceptionnelles, les plus chères. Avec ses trois compères, Robbie va-t-il se contenter de transformer ce don en arnaque – une étape de plus dans sa vie de petits délits et de violence ? Ou en avenir nouveau, plein de promesses ? Seuls les anges le savent…

Le cinéaste anglais Ken Loach est de retour à ce cinéma social et engagé qui l’ont fait roi! Après avoir conté son amour du foot via Looking for Eric  et fait un détour par les voies du thriller avec Route Irish, il revient aux affaires avec La part des anges, fable sur les pérégrinations drolatiques d’une bande de losers en voie de rédemption, un film en mode mezza vocce, mais comme toujours porteur d’un vrai discours pertinent pour parler de la galère quotidienne qui touche une partie de la population britannique. Écrit par le scénariste habituel de Loach, Paul Laverty, La part des anges n’est pas un grand film, mais sa fraîcheur et son capital sympathie permettent de passer un moment vraiment agréable.

Certes nous sommes loin d’une véritable charge contre un système comme a pu nous y habituer Ken Loach, et ce même si en début de film le mélange de drame et de comédie est clairement plus prégnant que dans la seconde partie, qui elle, fait clairement penser à une aventure des pieds nickelés des temps modernes, traversée par des moments vraiment réjouissants. Et pourtant le film démarre sur le constat de la situation d’échec des protagonistes principaux et de leur condamnation à des heures de travaux d’intérêt général. Rien qui prête à sourire à priori. Mais très vite, ce postulat dramatique, s’il est le fil rouge du récit va clairement s’estomper devant la drôlerie des scènes, cristallisée notamment par le personnage de Albert interprété par Gary Maitland, qui rayon humour, se taille la part du lion.

Mais bien entendu on ne tiendra pas rigueur à Ken Loach de transcender sa vision souvent noire par un regard bienveillant et chaleureux. La tendresse qu’il porte à son quatuor est palpable et sa mise en scène a beau s’effacer devant le propos, il reste d’une efficacité redoutable pour mettre à jour les travers de ses contemporains et les obstacles qu’ils rencontrent sur leurs parcours. Mais on ressent clairement le schisme entre les deux parties du film qui se traduit presque par une cassure dans la progression dramatique, ce qui nuit quelque peu à la fluidité de l’ensemble, sans pour autant être totalement rebutant.

Prix du Jury à Cannes cette année, La part des anges n’est pourtant pas un des opus majeurs de Ken Loach. Mais il y souffle une fraicheur inattendue qui fait un bien fou et ce, bien que le quatuor central passe par le vol pour décrocher de la précarité de sa situation. Le vol, seule option pour ces exclus de la société, et qui ne trouvent que ce moyen pour donner une nouvelle impulsion à leur vie. Les jeunes acteurs qui campent cette bande de joyeux drilles nous font passer des moments savoureux et c’est bien là l’essentiel, car même si la morale n’est pas sauve, qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse.

LA PART DES ANGES DE KEN LOACH, AVEC PAUL BRANNIGAN, GARY MAITLAND, JOHN HENSHAW, WILLIAM RUANE, JASMIN RIGGINS, ROGER ALLAM, SIOBHAN REILLY… SORTIE LE 27 JUIN 2012

DISTRIBUE PAR LE PACTE

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