SYNOPSIS : À l’occasion d’un voyage, Mathias, 40 ans, croise par hasard un enfant qui lui fait étrangement penser à lui au même âge. Profondément troublé, il se lance dans une quête insensée sur les traces du petit garçon qui risque bien de bouleverser son existence et son équilibre familial …
Et si l’on pouvait revivre son enfance, pourrait-on alors changer le cours des événements ?
Ils sont nombreux les exemples de metteurs en scène à s’être pris les pieds dans le tapis du deuxième film. Quatre ans après Sans arme, ni haine, ni violence premier essai prometteur mais qui manquait de moelle, Jean-Paul Rouve retourne derrière la caméra pour Quand je serai petit, un film très fin et terriblement attachant, symbole du choix d’un registre intimiste dans lequel on n’attendait pas forcément l’ex membre des Robins Des Bois. Sensible, émouvant, ne cédant pas aux facilités, ni au pathos qu’un tel sujet aurait pu entrainer, Quand je serai petit, est un conte délicieux, flirtant avec le fantastique, tout en retenu et pudeur mêlées. Aidé par un casting parfait et un scénario efficace coécrit avec Benoît Graffin, qui sait faire l’économie de mots superflus, le second film de Jean-Paul Rouve étonne autant qu’il touche.
Mine de rien, Quand je serai petit aborde des thématiques difficiles comme le deuil, l’acceptation de perdre un de ses parents, les choses à dire ou ne pas dire à un enfant, le tout sans didactisme pompeux ou démonstration grandiloquente. On est sans cesse à hauteur d’homme, au plus près des visages, et la caméra de Jean-Paul Rouve scrute les sourires, les gestes tendres, ces petits détails qui nous placent constamment en empathie avec ces personnages. La dimension fantastique de l’histoire n’est pas un frein, elle participe au contraire à nourrir ce sentiment de trouble que l’on ressent, à l’instar du personnage principal. La progression dramatique du récit est intelligemment amenée et jamais cet aspect surnaturel n’est rédhibitoire, jamais on n’a l’impression de rebondissements artificiels.
Pour jouer ces personnages avec un tel naturel, avec une humanité si désarmante il fallait choisir des acteurs avec un background et une épaisseur tels qu’ils feraient passer chaque geste et chaque parole avec la classe des grands. Et là on peut dire que la distribution dans son ensemble est parfaite. De Jean-Paul Rouve lui-même, qui s’est donné le rôle principal et qu’on n’a sans doute jamais vu si touchant et si juste à Benoît Poelvoorde, formidable de tendresse au sourire éclatant, en passant par Miljan Chatelain, un gamin au charme fou et subtil, ils forment un joli trio au cœur de cette histoire. Autre mérite de Rouve metteur en scène, avoir su offrir de jolis rôles aux magnifiques et trop rares Miou Miou et Claude Brasseur. Mais aussi à Xavier Beauvois, Lisa Martino et Gilles Lellouche, sacrifiant ainsi à la tradition d’un certain cinéma français qui sait parfois choyer ses seconds rôles en leur offrant des partitions de qualité.
A l’heure des grosses machines phagocytées par les effets spéciaux et/ou pyrotechniques, il est agréable de constater que l’intelligence peut parfois se substituer aux moyens et que la subtilité soit de mise. Avec ce film inattendu, Jean-Paul Rouve touche aux fêlures intimes et aux échos personnels que tout un chacun pourra y puiser. Il évoque la perte de l’innocence, les regrets, le passage à l’âge adulte le tout sur une magnifique bande originale signée Emilie Simon qui magnifie les émotions ressenties. Très joliment mis en scène, le deuxième essai de Jean-Paul Rouve est donc transformé haut la main et révèle un cinéaste à la sensibilité exacerbée, qui sait faire parler ses images et ses mots grâce à sa personnalité attachante. Il prouve aussi que l’on peut faire de beaux films, tout simplement, sans cynisme, dans un monde qui n’en manque pas.
QUAND JE SERAI PETIT DE JEAN-PAUL ROUVE, JEAN-PAUL ROUVE, BENOIT POELVOORDE, ARLY JOVER, CLAUDE BRASSEUR, MIOU MIOU, GILLES LELLOUCHE, LISA MARTINO, XAVIER BEAUVOIS, MILJAN CHATELAIN… SORTIE LE 13 JUIN 2012
DISTRIBUE PAR MARS DISTRIBUTION
Catégories :Critiques Cinéma, Les années 2010
Il a donc réalisé son « Papa » 😉
héhé oui si tu veux mais c’est un film d’un autre acabit que je te conseille!
J’ai vu le film hier soir, et je suis parti au début générique, tellement troublé par la dernière scène. Mais j’ai loupé la scène post générique .. Peux-tu me dire ce qu’il s’y passe ?
et bien je l’ai loupée également, j’ignorais même qu’il y en avait une pour être honnête!