Critiques Cinéma

36 QUAI DES ORFÈVRES (Critique)

SYNOPSIS: Paris. Depuis plusieurs mois, un gang de braqueurs opère en toute impunité avec une rare violence. Le directeur de la PJ, Robert Mancini a été parfaitement clair avec ses deux lieutenants les plus directs, Léo Vrinks, patron de la BRI (Brigade de recherche et d’intervention), et Denis Klein, patron de la BRB (Brigade de répression du banditisme) : celui qui fera tomber ce gang le remplacera à son poste de grand  » patron  » du 36, quai des Orfèvres. La lutte est ouverte entre ces deux grands flics, autrefois amis, qu’aujourd’hui tout sépare : leurs vies, leurs méthodes, leurs équipes et une femme, Camille Vrinks…

Le cinéma d’Olivier Marchal, depuis son premier film Gangsters, est parsemé d’éclairs. Éclairs de violence d’abord, éclairs d’humanité, éclairs d’une souffrance contenue… Ça donne un véritable univers avec une vraie vision et ça a surtout permis à l’ancien flic de transcender un genre qui était devenu moribond au cinéma après que la télévision l’ait mâché à toutes les sauces. Digne successeur des maîtres ès polars français, les Melville et autres Corneau, Olivier Marchal, livre avec 36 Quai des Orfèvres, un film noir, puissant, sur fond de guerre des polices, porté par deux immenses comédiens entourés par une formidable galerie de personnages.

La force principale du film, ce sont les têtes d’affiche qu’a choisies Marchal, deux stars, deux artistes qui n’ont plus rien à prouver et dont le background confère immédiatement à leurs personnages une épaisseur et un cachet qui font qu’on ne doute pas un instant de leurs motivations, ni des failles qui en font l’un comme l’autre des super-flics mais aussi des hommes vulnérables. Depardieu en colosse fragile ET en infâme salopard retrouvait alors les sommets après des choix discutables tandis que Daniel Auteuil s’affirmait encore dans le rôle du mec droit prêt aux compromissions. Mais ils ne sont pas le seul intérêt du film, loin de là.

La signature d’Olivier Marchal, c’est aussi sa science du dialogue juste, de la formule qui claque, héritée des grands scénaristes français, le tout lié à des images léchées et à son goût prononcé pour le bigger than life. Comme il le dit très bien, ses flics roulent dans de belles bagnoles et ont des baraques de rêve, mais doit t-on les filmer dans des deux pièces cuisines miteux au nom d’un réalisme qui n’est pas l’apanage de ses productions. Dans les films de Marchal et donc dans ce 36 Quai des Orfèvres, les flics vivent au-dessus de leurs moyens, mais on s’en fout, ce qui nous intéresse c’est les relations qui se tissent, les alliances qui se font, les trahisons qui éclatent…

Chantre de la désespérance et des illusions qui s’effondrent dans des polars noirs comme le jais, Olivier Marchal réussit là un grand film qui doit aussi sa réussite à toute une galerie de seconds rôles qui donnent ce cachet si caractéristique à ces films qui ne négligent aucun de leurs personnages, grands ou petits. De Valéria Golino, superbe en femme amoureuse à André Dussolier en grand patron, de Francis Renaud en tête brûlée à Mylène Demongeot en pute sur le retour en passant par Daniel Duval, Catherine Marchal, Guy Lecluyse ou Roschdy Zem, ils font de 36 Quai des Orfèvres une référence en la matière. Et un sublime polar, romantique, touffu, sombre, une œuvre qui transpire l’amour du cinéma. Olivier Marchal est notre Michael Mann. Il y a pire comme comparaison.

Titre original: 36 QUAI DES ORFÈVRES

Réalisé par: Olivier Marchal

Casting: Daniel Auteuil, Gérard Depardieu, Catherine Marchal

Genre: Policier

Sortie le: 24 novembre 2004

Distribué par : Gaumont Columbia Tristar Films

CHEF-D’ŒUVRE

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