Pas forcément découverts en salles par manque de temps ou d’envie, je reviens sur les films qui ont faits l’actualité , il y a un mois, il y a un an, il y a dix ans… où tout simplement sur les films qui ont faits de moi le cinéphile que je suis devenu et que les hasards de la vie me conduisent à analyser à posteriori … Retour critique:
SYNOPSIS: La vie de Paul bascule le jour où sa femme Sarah disparaît subitement. Après une année de recherches infructueuses, Paul est un homme brisé, rongé par le doute et la culpabilité. Sa dernière chance est peut-être de tout reprendre à zéro : déménager avec ses deux enfants à Saint-Malo, la ville où il a grandi. Mais des rencontres inattendues vont donner à ce nouveau départ une tournure qu’il n’imaginait pas.
Quiconque connait un peu la littérature de Olivier Adam sait sa capacité à dire l’indicible, l’absence, à raconter les cœurs cassés et leurs méandres avec une écriture âpre, aride, qui ne fait aucune concession au beau et au propre. Rejouer cette petite musique en constant équilibre sur un fil par le biais du médium cinéma n’est pas forcément aisé. Pourtant, des cinéastes comme Jean-Pierre Améris (Poids léger) ou Philippe Lioret (Je vais bien ne t’en fais pas) sont parvenus à restituer cet univers si particulier au travers de films porteurs d’intenses émotions et les mots du romancier ont traversés l’écran pour s’instiller dans l’oreille du spectateur. C’est au tour de Jalil Lespert de se frotter à l’exercice avec Des vents contraires, et si tout le film n’a pas la même ampleur tout du long, il parvient à faire vriller les sens des spectateurs au cours de quelques scènes brillantes.
Le portrait de cet homme qui tente de se reconstruire et de survivre au chagrin tout en portant ses enfants à bout de bras est donc l’occasion pour Jalil Lespert de repasser derrière la caméra après 24 mesures et de cosigner avec Olivier Adam le scénario de cette histoire déchirante qui offre à Benoit Magimel son rôle le plus mâture où il fait la démonstration de toute une palette d’émotions et où il prouve encore une fois qu’il est un comédien de tout premier plan. Le film de Jalil Lespert s’appuie sur un point de départ fort, sur un scénario très écrit et sur un casting haut de gamme, qui offre entre autres de jolis rôles à Antoine Duléry et Ramzy Bédia.
Le film malgré d’évidentes qualités, n’est pas exempt de défauts. Il est parsemé de longueurs qui parasitent le récit et par un montage pas toujours lisible, certaines scènes donnant le sentiment d’arriver comme un cheveu sur la soupe. Ça crée des ruptures de rythme assez fréquentes mais cela n’empêche pas l’ensemble d’être très émouvant. Les scènes avec les enfants sont particulièrement réussies, entre rires et larmes et jusque dans une séquence finale qui vous clouera d’émotion sur votre siège. Avec Des vents contraires, on est loin d’une comédie sociale, on est dans un drame qui se met en place au fur et à mesure, alternant les moments de répit et les inévitables crises de larme pour terminer dans un tourbillon de sentiments.
Au final, Jalil Lespert réussit un film qui rappelle parfois le cinéma réaliste d’un Claude Sautet, notamment dans sa peinture de caractères tout en clair obscur, un cinéma français qui se raccroche à ses particularités régionales (Saint-Malo est superbement filmé) pour en retirer toute la quintessence. Le film est parcimonieusement traversé par des moments de grâce, sublimés par le jeu tout en subtilités de Duléry, de Isabelle Carré ou du surprenant Ramzy Bédia. Ses soubresauts et ses baisses de tension font qu’il lui manque un petit quelque chose pour atteindre les sommets, mais Des vents contraires réserve suffisamment d’émotions pour qu’on se laisse emporter sans trop de réserves dans l’œil du cyclone.
DES VENTS CONTRAIRES DE JALIL LESPERT AVEC BENOIT MAGIMEL, ANTOINE DULERY, AUDREY TAUTOU, RAMZY BEDIA, ISABELLE CARRE, BOULI LANNERS…
DISPONIBLE EN BLU RAY ET DVD CHEZ UNIVERSAL
BONUS BLU RAY: DU ROMAN A L’ECRAN – LES ESSAIS DES ENFANTS COMEDIENS- INTERVIEWS DE L’EQUIPE DU FILM – L’AFFICHE : RECHERCHE GRAPHIQUE ET PROJETS – FILM ANNONCE
Catégories :Critiques Cinéma, Les années 2010
Il faudrait que je tombe dessus à la TV pour que je le voie, je pense
C’est un beau film, très émouvant, après il a des défauts c’est clair